26 53 SERRES (Olivier de). Le Theatre d’agriculture et mesnage des champs. Paris, Jamet Métayer, 1600. In-folio, vélin rigide, dos à six nerfs orné aux petits fers dorés, tranches jaspées (Reliure du XVIIIe siècle). 4 000 / 5 000 Édition originale, d’une insigne rareté, du plus important traité d’agronomie paru jusqu’alors. « Cette première édition est la plus belle de toutes », d’après Thiébaud. Elle est illustrée d’un titre-frontispice à portique mettant en scène Henri IV, le dédicataire de l’ouvrage, gravé sur cuivre par Charles de Mallery, de 8 vignettes en-tête montrant des scènes de la vie rurale et de 16 grandes figures de parterres gravées sur bois. Le premier grand traité français d’agronomie, ouvrage monumental et d’intérêt universel. Comme Les Essais de Montaigne, son contemporain, Le Théâtre d’agriculture est une des premières grandes conquêtes de l’esprit de clarté du monde moderne. Toute personne qui aime la terre, ou qui veut la comprendre, se plonge avec délices dans cette lecture si agréable. L’ouvrage, divisé en huit « lieux », décrit toutes les matières agricoles. Maintes fois réimprimé, il eut une grande influence dans la production de la soie et la culture du maïs, de la betterave et de la pomme de terre. Il renferme de très nombreux chapitres et passages consacrés à la nourriture et aux boissons, traitant dès le second lieu du pain et des légumes, « qui servent beaucoup à l’entretenement du mesnage champestre » ; dans le troisième, il aborde la fabrication du vin et, dans le quatrième, celle du beurre et des fromages ; enfin, dans le huitième et dernier lieu, les deux premiers chapitres concernent « l’usage des aliments » et donnent de nombreuses recettes de pain et de vin. « Agronome et non gastronome, Oliver de Serres ne s’intéresse pas à l’apprêt culinaire lui-même, mais aux modes de conservation des aliments [...] : techniques de salaison des différentes viandes d’une part, de l’autre, procédés de mise en conserve des fruits (au sel, au vinaigre, au moût, au vin cuit, au sucre, au miel). Le second chapitre du livre VIII constitue ainsi un véritable traité de confiture » (Livres en bouche). Enfin, l’ultime chapitre du livre traite De la chasse et autres honnestes exercices du gentilhomme. Issu d’une famille de protestants militants, Olivier de Serres (1539-1619), le père de l’agronomie française, acquit en 1557 les moulins du Pradel, dans le Vivarais, qu’il aménagea en ferme modèle. En 1598, à la mort de son frère Jean, pasteur et historiographe du roi Henri IV, il fut nommé co-tuteur de ses neveux et nièces et gagna la cour pour obtenir l’argent promis par le roi à leur père. Mais Henri IV ne voulut pas le recevoir ; il s’installa cependant à Paris pour s’occuper de l’édition de son Théâtre d’agriculture. Un chapitre en est publié en février 1599 sous le titre de La Cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font, suivi de la première édition du livre le 1er juillet 1600. Olivier de Serres n’obtint satisfaction qu’en 1604, alors que le roi avait fait du Théâtre d’agriculture son livre de chevet. Il put alors rentrer définitivement sur ses terres. Exemplaire lavé et encollé (travail particulièrement soigné). Vicaire, 788 – Bitting, 428 – Livres en bouche, n°88 – Oberlé, n°612 – Simon : Bacchica, II, 619 – Thiébaud, 840 – En français dans le texte, n°79.
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