94 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 19 juin 2024 14h30. Paris 93 Étienne de LA BOÉTIE. Vers François de feu Estienne De La Boetie… Paris, Federic Morel, 1571. Plaquette petit in-4, maroquin bordeaux, triple filet, dos à deux nerfs orné avec le titre en long, dentelle intérieure, tranches dorées (Godillot). De Backer, 326 // Tchemerzine-Scheler, III-784 // USTC, 29152. 19 f. / A-E4 (le dernier blanc) / 100 x 162 mm. Édition originale, rarissime à la date de 1571. Étienne de La Boétie eut une vie brève mais nous laissa des poésies et son Discours de la servitude volontaire, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française. Né en 1530 à Sarlat, orphelin très jeune, il fut mis au collège de Bordeaux où il reçut une solide éducation. Nommé en 1552 conseiller au Parlement de Bordeaux, il se lia avec Montaigne qui faisait partie alors de la Cour des Aides de Périgueux et ce dernier témoignera dans ses Essais de la touchante amitié qui lia les deux hommes. Il entreprit une carrière littéraire dans le même temps qu’il exerçait son activité juridique, traduisit Xénophon, Plutarque, puis composa son œuvre la plus célèbre, son Discours… en protestation contre la tyrannie des rois. Il contracta une maladie très jeune et s’éteignit en 1563, à l’âge de trentetrois ans, dans les bras de Montaigne. Ce rare volume de poésies fut publié par Montaigne en hommage à La Boétie pour faire suite à la Mesnagerie de Xenophon dont il s’était fait également l’éditeur la même année. Les Vers François de La Boétie sont précédés d’une épître de Montaigne à M. de Foix, ambassadeur à Venise (f. 2-4) dans laquelle il rappelle le souvenir du cher disparu et son souhait de publier ses écrits dans la crainte qu’ils disparaissent : i’ai prins party qu’il seroit bien plus excusable à luy, d’avoir ensevely avec soy tant de rares faveurs du ciel, qu’il ne seroit à moy d’ensevelir encore la cognoissance qu’il m’en avait donnée. [J’ai] recueilly tout ce que i’ai trouvé d’entier parmy ses brouillars & papiers épars çà & là, le iouët du vent et de ses estudes… Ce recueil de vers de La Boétie s’ouvre par une longue adresse à son épouse Marguerite de Carle, dans laquelle il se défend de jamais vouloir faire de traduction : Si mal i’escris n’ayant prins de personne A nul qu’à moy le blasme ie n’en donne Si i’ai honneur à cela que i’invente De cest honneur tout mien ie me contente Mais pour elle et puisqu’elle le souhaite, il traduira le chant de Bradamant de l’Arioste : Mais à ce coup par ton commandement Ie t’ay tourné le deuil de Bradamant […] Ie tournerois pour toy non pas des vers Mais bien ie croy tout le monde à l’envers […] Pour obeïr à un clin de tes yeux Ie tournerois dessus dessoubs les cieux… Suivent ledit Chant XXXII des plaintes de Bradamant, une chanson et 24 sonnets. L’ensemble est en décasyllabes, sauf les sonnets composés en alexandrins. Les exemplaires à la date de 1571 sont très rares. L’éditeur fit imprimer l’année suivante un nouveau titre, à la date de 1572, afin de joindre ce volume de vers à La Mesnagerie de Xenophon qu’il venait de publier. L’USTC ne recense que trois exemplaires conservés dans les institutions. Très bel exemplaire malgré de minimes restaurations marginales. 15 000 - 20 000 €
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