BIBLIOTHEQUE JEAN BOURDEL. DEUXIEME PARTIE

48 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 49 197 [ JEAN d’ARRAS ]. Melusine nouvellement Imprimee… Paris, Michel Le Noir, en la grant rue sainct Jacques à lêseigne de la Roze blãche courõnee, 14 août 1517. In-8, maroquin Lavallière, plats ornés d’un grand décor Renaissance à entrelacs formé d’un double encadrement de filets dorés droits et courbes s’entrecroisant et réservant un médaillon central évidé, avec de petites feuilles et fleurettes à fond azuré, dos à 5 nerfs orné de fleurettes azurées, dentelle intérieure, tranches dorées (Capé). Bechtel, 392/J-92 // Brunet, Supplément I-696 // Renouard, ICP, II-1643 // USTC, 72734. (100f.) / A4, B8, C-D4, E8, F-G4, H-P8-4, Q-R4, S8 / 40 longues lignes, car. goth. / 130 × 183 mm. Très rare édition de ce roman merveilleux, fondateur de la légende des Lusignan. Peu de choses subsistent de Jean d’Arras, dont on sait qu’il naquit dans la seconde moitié du XIVe siècle dans le nord de la France, probablement à Arras ou Cambrai. À la fin du siècle, il semble établi comme libraire et relieur à Paris. C’est vers 1392 que le duc Jean de Berry, comte de Poitou et d’Auvergne, lui commande un roman dynastique à même d’asseoir ses droits sur le berceau des Lusignan. Cette grande fresque généalogique portant sur trois générations (Mélusine et Raymondin, leurs parents et leurs enfants) est un conte en prose merveilleux autour de la transgression de l’interdit, avec l’amour surnaturel entre un mortel et une fée serpente, auquel met fin le non-respect d’un pacte initial. Cette amusante épopée en prose (…) nous délasse des Alexandre, des Arthur et des Amadis et, sans abandonner le récit des grandes prouesses, des coups d’épée merveilleux, nous fait pénétrer dans le royaume des fées (Larousse). La page de titre ne donne pas le nom de Jean d’Arras, mais ce nom est lisible au dernier feuillet de texte, juste avant le colophon : Et icy se taist Jehan darras de lhistoire de Lusignan. Fille du roi Thiaus et de la fée Pressine, douée d’une grande beauté, Mélusine rencontre près d’une fontaine le beau Raymondin, fils du roi des Bretons. De leur union d’abord heureuse, scellée à la condition que Raymondin ne cherchera jamais à voir sa femme le samedi, naissent notamment trois fils, Urian, Guion et Geoffroy, qui connaîtront d’extraordinaires aventures en Orient. Grâce à Mélusine, fortune et prospérité sourient d’abord au jeune couple qui fonde le château de Lusignan. Las, aiguillonné par la peur et le spectre de l’adultère que lui fait entrevoir son frère, Raymondin rompt sa promesse et aperçoit, un samedi, sa femme au bain sous sa forme serpentine. Cette dernière, trahie, s’enfuit par la fenêtre en poussant les cris les plus déchirants. Le succès de cette épopée fut tel qu’elle fut souvent réimprimée. Elle parut pour la première fois à Genève en 1478 chez Adam Steinschaber et on compte au moins six éditions publiées avant 1500, la plupart à Lyon et à Paris. L’édition que nous présentons fut publiée à Paris par Michel Le Noir le 14 août 1517 (le 14 août d’après notre colophon, le 8 août d’après Bechtel) et est illustrée d’un grand bois sur le titre représentant Raymondin, regardant par le trou de la serrure, surprenant Mélusine au bain, et celle-ci s’envolant par la fenêtre. Ce bois est répété au recto du dernier feuillet, au verso duquel on trouve la grande marque de Michel Le Noir (Renouard, n° 621). L’illustration se complète de nombreuses lettrines xylographiques provenant de plusieurs alphabets. Très rare édition. Brunet n’en avait pas connaissance et l’USTC ne recense dans les collections publiques que l’exemplaire conservé à la bibliothèque municipale de Senlis. Superbe exemplaire relié par Capé dans le goût du XVIe siècle. Infimes frottements aux coiffes. Provenance : Baron Lucien Double (ex-libris, 22-23 février 1897, n° 130). 5 000 - 7 000 € 198 [ JOYES ] Les QUINZE IOŸES DE MARIAGE. Lyon, Pierre Mareschal et Barnabe Chaussard, 8 novembre 1504. Petit in-4, maroquin bleu roi, grand fleuron central doré aux petits fers, dos à 5 nerfs orné de petits fleurons dorés, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). Barbier, III-1163 // Baudrier, XI-508 // Bechtel, 399/J-146 // Gültlingen, I, p. 32, n° 24 // Tchemerzine-Scheler, IV-79-a // USTC, 64788 // Manque à Brunet. (31f. sur 32, le dernier blanc manquant ici) / A-H4 / 32 longues lignes, car. goth. / 120 × 173 mm. Très rare cinquième édition. Longtemps faussement attribuées à l’écrivain satirique Antoine de La Sale, Les Quinze joies du mariage sont peut-être dues, toujours sans certitude, au jurisconsulte et canoniste Gilles de Bellemère (mort en 1409), qui fut successivement évêque de Lavaur, du Puy-en-Velay et d’Avignon. En parallèle de ses ouvrages de jurisprudence, il aurait donc rédigé cette satire mordante sur le mariage, un des monuments « vraiment » précieux de la verve satirique de nos aïeux (Deschamps). Sur le modèle des Quinze joies de la Vierge, qui sont un recueil d’oraisons dévotes, l’auteur, quel qu’il soit, raconte les peines et les misères d’un ménage pour en former un bréviaire conjugal moitié sérieux moitié plaisant (…) un petit chef-d’œuvre de style et de composition, variant la forme à l’infini (Larousse). Dans son prologue, l’auteur compare les hommes « en liberté » au poisson q est en la riviere en frãchise qui sesbat ク va ク vient a son plaisir tant ql trouve une nasse en laqlle a plusieurs poissons q se sont prîs a la pasture qui estoit dedãs (…) Et quant celluy poisson les veoit il travaille moult en alãt de ca ク de la por y entrer (…) Car il cuidoit que les aultres qui seans estoyent eussent tous leurs desirs… Rapidement désillusionné, il se retrouve en dueil ク en tristesse : la ou il se pêsoit avoir ioye ク liesse. S’ensuivent quinze chapitres formant chacun une des « joies » du mariage : la femme réclame des atours quand il faudrait acheter des bœufs ; vient le temps de la grossesse, la maison est envahie par les commères du voisinage ; en voyage, l’homme fait le chemin à pied, etc. Suprême joie, ou affront ultime, l’époux surprend sa femme en faute mais c’est avec sa belle-mère soutenue par les commères que se résoud l’affaire. À l’imitation des litanies religieuses, chaque joie se termine par une sentence faisant référence à la nasse dans laquelle l’homme s’est volontairement enfermé : Et ainsi le bon hõme est en la nasse de quoy il se repent, mais il nen est pas temps. Ainsi vivra en languissant tousiours. Et finira miserablement ses iours. Ce texte antimatrimonial, comme un pendant grotesque aux récits d’amour courtois (Bechtel), connut un grand succès éditorial. Il parut pour la première fois à Lyon vers 1479-1480 et fut réimprimé trois fois avant 1500. Cette édition de Lyon, 1504, donnée par Mareschal et Chaussard, est la cinquième. Elle est illustrée d’un grand bois sur le titre, répété au verso du dernier feuillet de texte, représentant une demoiselle richement vêtue donnant un flacon (philtre d’amour ?) à un jouvenceau. Au verso du titre, un second bois montre l’envers du décor : un homme portant un berceau sur l’épaule, deux autres enfants pendus à ses basques dont l’un réclame sa bouillie et une femme le menaçant de sa quenouille. Ce bois est très proche, bien que légèrement remanié, d’un bois ayant servi à l’illustration du même texte dans une édition donnée par Trepperel avant 1499. Très bel exemplaire de cette très rare édition, ayant appartenu aux bibliothèques Portalis et Fairfax Murray. C’est en tout cas le seul référencé par Bechtel et l’USTC. Traces d’anciennes griffures sur un plat, presque invisibles aujourd’hui. Feuillet H1 en fac-similé et feuillet H4 (blanc) manquant. Provenance : Baron Roger Portalis (ex-libris, 1er-3 avril 1889, n° 263) et Fairfax Murray (étiquette, n° 468). 4 500 - 5 500 €

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