BIBLIOTHEQUE JEAN BOURDEL. DEUXIEME PARTIE

44 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 45 193 [ François HABERT ]. Le passe Temps et le songe du Triste. Lyon, Claude Veycellier, demourant en la rue merciere a lenseigne sainct Jehan baptiste, Lã de trois croix cinq croissant ung trepier, s.d. (1530). Petit in-4, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, doublure bord à bord du même maroquin, tranches dorées, étui (P.-L. Martin). Baudrier, XII-428 // Bechtel, 360/H-3 // Brunet, IV-420 // Gültlingen, VI, p. 107, n° 6 // USTC, 79965. (68f., le dernier blanc) / A-R4 / 31 lignes, car. goth. / 113 × 168 mm. Rare seconde édition. François Habert (1508-1561), poète français né à Issoudun, mena une vie dissipée d’étudiant à Paris avant que ses frasques ne conduisent son père à l’envoyer étudier le droit à Toulouse. La mort de son père le laissa sans ressources et le conduisit à devenir secrétaire du comte de Nevers, qui le présenta à la Cour où Henri II lui accorda une pension qui fut aléatoirement payée. Ses déboires financiers et probablement personnels conduisirent le poète malheureux à prendre le surnom évocateur du Banni de liesse. C’est de ce surnom que l’on tire l’attribution à Habert du Songe du Triste : le poème, anonyme, contient en effet ces deux vers : Et que je suis de lyesse banny / Mocque damours et dheur bon forbanny (f. D3v). Ce recueil de poèmes en décasyllabes conte la peine d’un amant malheureux : En ce traicte plaisant ク delectable Est contenu sans mensonge ne fable Le mal, labbuz, ク travail sans honneur Dung povre amant trop hault entrepreneur… Le recueil se clôt en effet par la mort vertueuse de la belle, Ung parragon de chaste loyaulte / Qui en ses meurs fut tant noble et illustre / Quelle effacoit des sabynes le lustre. Le poème du Passe Temps parut d’abord à Paris chez Longis en 1529. Cette édition lyonnaise donnée par Claude Veycellier ne porte pas de millésime, mais on la date de 1530 d’après le curieux quatrain du colophon : Lã de trois croix cinq croissant ung trepier Vindrêt despaigne noz seigneurs filz de France Et a Bayonne de Juillet le premier De leur ostage fust faicte delivrance. Si on peut aisément traduire les trois croix, les cinq croissants et le trépied par la date romaine inversée de XXXCCCCCM (1530), il se trouve également que les enfants de François Ier, otages en Espagne en garantie du traité de Madrid, furent rendus à la France le 1er juillet 1530. La page de titre, imprimée en rouge et noir, est illustrée de trois bois accolés représentant un arbre, Lamãt triste songeant et une église. L’édition est très rare et l’USTC n’en recense aucun exemplaire dans les collections publiques. Très bel exemplaire en reliure doublée de Martin. Exemplaire portant un fantôme d’ex-libris ancien sur le titre. Restauration marginale au feuillet D3 et feuillet G2 plus court de 3 mm dans la marge latérale. 3 000 - 4 000 € 194 [ HELAYNE ]. CEST LE RÕMANT DE LA BELLE HELAYNE DE CONSTANTINOBLE mere de sainct Martin de tours en tourayne. Et de sainct brice son frere. Lyon, Olivier Arnoullet, 2 juillet 1524. Petit in-4, maroquin marron à long grain, filet doré en encadrement, dos à 5 nerfs, tranches dorées (Reliure anglaise du XIXe siècle). Baudrier, X-53 // Bechtel, 362/H-15 // Brun, 208 // Fairfax Murray, 217 // Gültlingen, III, p. 206, n° 8 // USTC, 9892 // Manque à Brunet. (40f.) / A-K4 / 40 longues lignes, car. goth. / 129 × 183 mm. Très rare première ou seconde édition. Le Roman de la belle Hélaine, œuvre médiévale remaniée au XVe siècle, est le récit de la vie légendaire d’Hélène, fille de l’empereur Antoine de Constantinople, si belle que son père s’éprend d’elle et veut l’épouser avec le consentement contraint de son oncle le pape Clément. Fuyant ce mariage, Hélène s’embarque pour l’Occident et essuie orages et pirates avant de rencontrer Henry, jeune roi d’Angleterre qui s’éprend de la jeune femme et l’épouse sans qu’elle lui révèle son noble lignage. Cette origine inconnue attire à la belle Hélène l’inimitié fatale de sa belle-mère. Henri, parti défendre Rome menacée par le roi païen Butor, ignore que son épouse a donné naissance à des jumeaux et croit la lettre de sa mère l’avertissant de la naissance de deux monstres. Condamnée à mort par la vieille reine, Hélène est à nouveau forcée de fuir, non sans avoir eu la main coupée. Elle emmène avec elle ses enfants, dont l’un porte, liée à lui, la main maternelle, mais elle est séparée d’eux quand un loup et un lion s’emparent des enfants dans une forêt. Tandis qu’Hélène s’établit anonymement à Nantes, les deux frères sont élevés par un ermite qui leur révèle le secret de leur naissance lorsqu’ils atteignent l’âge de seize ans. Partis en quête de leur mère, ils rencontrent saint Martin de Tours qui les baptise Brice et Martin. S’ensuit une série d’aventures héroïques contre les rois païens qui menacent les grandes villes d’Occident. En parallèle, le roi Henry, averti de l’odieuse machination de sa mère, est également à la recherche d’Hélène. À la fin, mère, père et fils se retrouvent à Tours et la main coupée se réunit par miracle au bras d’Hélène. Henry et Hélène s’éteignent et sont enterrés ensemble à Rome, Martin se fait ermite avant d’être nommé archevêque de Tours et Brice devient roi d’Angleterre et de Constantinople. Ce roman anonyme est attribué par Picot à Jehan Wauquelin et la notice Fairfax Murray lui donne une origine encore plus lointaine en la personne d’Alexandre de Bernay, dit parfois Alexandre de Paris, trouvère du XIIe siècle. Cette édition, donnée à Lyon par Olivier Arnoullet, est la plus ancienne connue avec une date certaine. Bechtel en mentionne une autre parue chez la veuve Trepperel, non datée et publiée entre 1521 et 1525. La première mentionnée par Brunet (III-85) est celle d’Arnoullet, 1528. Toutes ces éditions sont d’une très grande rareté, connues seulement à un ou deux exemplaires. Celle que nous présentons est illustrée d’un grand bois sur le titre représentant la France foulant aux pieds le Maleur, assise sur son trône et flanquée de Populaire et de Noblesse qui jouent de la musique. L’illustration se complète de 16 gravures dans le texte (9 bois dont 4 répétés) dans le style de Guillaume II Leroy (Brun), identifié comme le Maître au nombril, et dont certaines avaient servi à illustrer le Guérin Mesquin publié chez Arnoullet en 1530, ainsi que de belles et grandes lettrines xylographiques à décor floral. Cet ouvrage est d’une très grande rareté. L’USTC ne recense que deux exemplaires, l’un en institution publique conservé à la bibliothèque municipale de Grenoble (Res. E30108) et celui-ci. Reliure frottée aux mors, coins et coupes, gardes brûlées et détachées. Salissures sans gravité dans les angles et les marges. Petits traits et points à l’encre sur le bois du titre. Provenance : Sir Henry St. John Mildmay (ex-libris de la Dogmersfield Library) et Fairfax Murray (étiquette, n° 217). 3 000 - 4 000 €

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