BIBLIOTHEQUE JEAN BOURDEL. DEUXIEME PARTIE

24 Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris Bibliothèque Jean Bourdel RTCURIAL 20 mars 2025 14h30. Paris 25 176 La GRÃD PATIÊCE DES FEMMES CTRE LEURS MARIS. S.l.n.d. (Lyon, Jacques Moderne, ca 1540). Plaquette in-16, maroquin rouge, triple filet doré en encadrement, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 595/P-78 // Brunet, II-1702 // Fairfax Murray, 202 // Gültlingen, VI, p. 89, n° 142 // Pogue, 108 // Quérard, Livres perdus, p. 47 // USTC, 38723. (4f.) / A4 (A2 seul signé) / 23 lignes, car. goth. / 83 × 134 mm. Édition originale, la seule parue, de ce très rare et curieux poème féministe, peut-être un des deux seuls exemplaires connus. Composé de 172 vers, ce poème prend d’abord la défense des femmes : Et qui de famme aulcun mal dit Il est de la bouche de dieu mauldit Lon dit par tout communement Que une famme ne vault rien Il y a en elles plus a gaigner Que vous ne scauries bien extimer. L’auteur donne la parole à différentes femmes exposant leurs plaintes. L’une est mariée au plus faulx villain / que soye decy au fleuve iordain / Ung homme qui tousjours me grõgne… quand l’époux d’une autre ne faict que crier ク braire / Quant il est en nostre maison (…) Si lestoit saige il se tairoit / Et iamais ne me tanseroit, et celui d’une troisième veult que ie soye subiecte / Comme est une brebiette / Qui nose aller ne hault ne bas / Sans son bergier vela le cas. L’auteur enjoint donc les époux, même si leurs femmes sont trop bavardes : Et parlent toutes a la foys / Mais quelles soyent deux ou troys / Ne se tairont pas pour le roy / (…) / Titi tata douze pour treize / Elles ont plus de babil que seize, à ne les ingiurier aucunement, les menacer ne battre vrayement. Cette sagesse prémunira les maris des cornes difficiles à éviter, véritable raison de ce poème ambigu: Il est bien heureux qui en eschappe Les plus ruses lon ny attrappe (…) Gardes vous bien destre cornus Et pource doncques iay voulu mettre La patiãce des fammes tout par lettre Quelle souffrent de leur maris (…) Car les fammes fault soustenir. Brunet mentionne que le poème doit être suivi d’un autre, également en 4 feuillets, intitulé La Grande loyauté des femmes. Un exemplaire de La Grande patience ayant appartenu à Robert Lang (vente en 1828, n° 884), puis Richard Heber (vente IX, 11-24 avril 1836, n° 1189), contenait en effet cette seconde pièce. Dans ses Livres perdus, Quérard note d’ailleurs que ces poèmes n’ont paru que dans les ventes faites en Angleterre. Rien ne prouve, en réalité, que ces deux pièces fassent partie de la même édition. Il paraît plus probable qu’elles soient issues du même éditeur à la même époque et qu’elles aient été réunies sous un seul volume dans l’exemplaire Lang-Heber. L’exemplaire que nous présentons a appartenu aux collections Yemeniz, Firmin-Didot et Fairfax Murray. Il est à ce jour, avec l’exemplaire Lang-Heber que nous n’avons pas réussi à localiser, le seul témoignage recensé de ce rare poème, puisque ce texte ne fut jamais réédité. Il est également très possible, puisqu’on n’en connaît pas d’autre exemplaire, que les deux plaquettes de l’exemplaire Lang-Heber aient été séparées et reliées au XIXe, la vente Yemeniz proposant également La Grande loyauté en maroquin rouge de Trautz-Bauzonnet, sous le numéro 1689. Marges des deuxième et troisième feuillets très habilement refaites. Provenance : Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9-31 mai 1867, n° 1687), Ambroise Firmin-Didot (ex-libris, 6-15 juin 1878, n° 230) et Fairfax Murray (étiquette, n° 202). 3 000 - 4 000 € 177 La GRANT TRIUMPHE ET HONNEUR DES DAMES ET BOURGEOISES DE PARIS, et de tout le Royaulme de France: avec la grace, ‡ hõnestete: Pronostiquees dicelles. Pour lan Mil cinq cens xxxi. S.l.n.d. (Paris ou Rouen, ca 1533). Plaquette in-16, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure dorée, tranches dorées (Chambolle-Duru). Bechtel, 728/T-131 // Brunet, II-1708 // Quérard, Livres perdus, p. 48 // USTC, 79178. (4f.) / A4 / 23 lignes, car. goth. / 90 × 128 mm. Unique édition et l’un des deux ou trois exemplaires connus de cet éloge en vers des femmes de France. Composé d’un sizain introductif que suivent quinze stances d’une dizaine de vers et un envoi final, ce curieux poème anonyme veut chanter le grant honneur es fêmes gallicaines et déplore le mal qu’on dit des femmes, sans distinction aucune : Qui est celuy qui en pourroit mesdire (…) Esse raison pour ung tas de merdaille Femmes de bien soyent cy vituperees… L’auteur vante ainsi les qualités et les vertus des femmes de France : La france a bruict sur toutes aultres villes Que y a femmes les plus gays & abilles Qui furent onc & qui soyent sur la terre (…) Pour avoir corps de femme si mignõne Cõme a lyon on ne trouve personne Sur les femmes de paris tant soyêt gayes… Il ne faut pas confondre cette amusante défense des femmes françaises avec Le Triomphe des Dames de Juan Rodriguez de La Camara, paru vers 1510, qui est un éloge des femmes en général, de diverses reines d’Espagne en particulier et de la Vierge Marie. Cette unique édition est ornée d’un bois gravé sur le titre représentant un roi et une reine accompagnés de deux enfants dont l’un salue le roi. Le verso du premier feuillet porte également une lettrine xylographique historiée. On ignore où et par qui l’ouvrage fut imprimé. Les bibliographes proposent Paris ou Rouen, cette dernière ville en raison du bois gravé sur le titre qui fut utilisé par l’éditeur rouennais Guillaume de La Motte vers 1540 pour son Museus ancien. Cette plaquette est d’une insigne rareté. Outre cet exemplaire qui est le seul recensé par l’USTC, on ne connaît aujourd’hui que celui conservé à la BnF (RES-YE-4088). Dans ses Livres perdus, Quérard en mentionnait un exemplaire relié avec d’autres plaquettes gothiques dans un recueil vendu lors des ventes Lavallière de 1783 (II, n° 2896). Il semble aujourd’hui intraçable et peut-être est-ce le nôtre, relié séparément au XIXe siècle. Très bel exemplaire malgré de minimes points de décoloration au second plat. Provenance : Comte Raoul de Lignerolles (II, 5-16 mars 1894, n° 1198) et Fairfax Murray (étiquette, n° 201). 3 000 - 4 000 €

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