31 60 LA GESSÉE (Jean de). Les Premières œuvres françoyses. Premier volume. Anvers, De l’Imprimerie de Christofle Plantin, 1583. 4 tomes en 3 volumes in-4, maroquin havane, décor à la Du Seuil encadrant les plats, dos orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Reliure de la seconde moitié du XIXe siècle). Première et unique édition collective, d’une extrême rareté, des œuvres du poète protestant Jean de La Gessée. Elle manquait aux riches collections poétiques de Nodier, Viollet-leDuc et Herpin. Selon le minutieux dénombrement de J. P. Barbier-Mueller, ce gigantesque recueil de plus de 1500 pages comprend au total 1841 pièces, pour la plupart inédites. Il se divise en quatre parties, groupées sous les titres de Jeunesses, Meslanges, Amours et Discours poétiques. La première rassemble de longs poèmes dont plusieurs évoquent des écrivains et des poètes de l’époque (comme Postel, Du Bartas, Pierre de Brach, Robert Garnier, Baïf, Ronsard, Belleau ou Jean Dorat) ou sont dédiés à de grands personnages tels le roi de Navarre, Henri III, la reine Élisabeth, le duc de Joyeuse, etc. Le titre est imprimé dans un large cadre architectural gravé sur bois. Un beau portrait de l’auteur à l’âge de 31 ans, finement gravé sur cuivre par Jean Wierix, orne l’ouvrage : il sera réemployé au XVIIe siècle comme portrait de Ronsard et reproduit comme tel jusqu’à nos jours (J. P. Barbier-Mueller). Avec le Pegasides pleyn de Houwaert (1582), c’est le plus beau recueil de poésies imprimé par Plantin (cf. Anvers, ville de Plantin et de Rubens, cat. Bibliothèque nationale, 1954, n°284). Jean de La Gessée (dont le nom est parfois orthographié La Jessée) était le secrétaire de François, duc d’Anjou et d’Alençon, et avait accompagné son maître dans les Pays-Bas au début des années 1580 où ce dernier avait été appelé à devenir le nouveau souverain. C’est là-bas, à Anvers, sur les presses de Plantin-Moretus qu’il fit imprimer ses œuvres, sans nul doute grâce à la protection du prince. La mention Premier volume sur la page de titre laisse penser qu’une suite était prévue, mais celle-ci ne vit jamais le jour ; après l’échec de son règne, le prince François et les Français furent expulsés du pays, et Jean de La Gessée ne put poursuivre son entreprise éditoriale : il est même probable que les Anversois, dans leur ressentiment contre le prince français et contre les gentilshommes qui l’avaient entouré, détruisirent la plupart des exemplaires du tome premier restés en magasin chez Plantin ; on s’en expliquerait ainsi la grande rareté (Picot). L’exemplaire Rothschild contenait un feuillet imprimé en caractères de civilité, encarté après le titre, qui ne se trouve pas ici et qui ne figurait pas non plus dans l’exemplaire de la bibliothèque Hector de Backer (cf. cat. I, 1926, n°380). Superbe exemplaire, parfaitement établi au XIXe siècle. Les 15 feuillets de table et de privilège, à la fin de la quatrième partie, sont ici en fac-similé et réunis dans un troisième volume à part relié à l’identique des deux autres. L’absence de ces feuillets, constatée après l’acquisition de l’exemplaire lors d’une vente à Troyes en 2000, n’empêcha guère J. P. Barbier-Mueller de savourer pleinement son nouveau trésor poético-bibliophilique : [...] je considérai mon acquisition sous un jour moins cafardeux. Je possédais désormais la totalité des poésies contenues dans cette énorme publication. Le livre était d’une rareté inouïe et, sans aucun doute, un libraire m’aurait demandé un prix énorme, même avec un défaut qu’il faut accepter pour l’agrément de lire «tout La Gessée». Il y a des cas particuliers où l’on doit accepter une Vénus de Milo sans bras, ou une Victoire de Samothrace sans tête. Ma joie, aujourd’hui, est donc (presque) sans mélange ! Le fac-similé a été réalisé d’après l’exemplaire de la BnF, à la demande du collectionneur qui a porté cette note autographe au crayon au colophon du nouveau volume : L’extrême rareté du livre m’a engagé à considérer que le texte comptait seul... Jamais je n’aurais pu le posséder entier et les tables ne sont pas du «texte». Le deuxième volume, contenant les tomes III et IV, est réglé. J. P. Barbier-Mueller, IV-3, n°2. — N. Ducimetière, Mignonne..., n°77. — Picot, Rothschild, n°750. — Diane Barbier-Mueller, Inventaire…, n°418. 1 500/2 000 € 60
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