BIBLIOTHÈQUE MARCEL LECOMTE "TROISIÈME PARTIE"

68 77. DELACROIX (Eugène). Lettres (1815 à 1863), recueillies et publiées par Philippe Burty. Avec fac-similés de lettres et de palettes. P., Quantin, 1878. In-8 de 411 pp., maroq. tête de nègre, dos à 5 nerfs, double. de maroq. rouge avec large encadr. de jeux de fil. et fleurons, cigognes portant une banderole dans laquelle on lit « libre et fidèle », devise de Burty et monogramme entrelacé, gardes de soie brochée, tr. dor. sur témoins, étui (Marius Michel). PRÉCIEUX EXEMPLAIRE DE PHILIPPE BURTY, L’UN DES DEUX IMPRIMÉS SUR PAPIER WHATMANN, DANS LEQUEL LE CÉLÈBRE CRITIQUE D’ART À FAIT INSÉRER LES LETTRES AUTOGRAPHES QUI LUI FURENT ADRESSÉES PAR EUGÈNE DELACROIX pendant les trois années où ils furent en étroite relation (1861 à 1863), soit quatre pièces signées, certaines d’une importance capitale et dont nous donnons ci-dessous le détail. 1. Le 19 juillet 1861. Delacroix termine un travail considérable qu’il n’a pas quitté depuis 10 mois (Chapelle des Saints-Anges à l’église Saint-Sulpice), il remercie Burty de l’envoi du catalogue de la vente Parquez (ensemble exceptionnel de lithographies). Cette lettre (3 pp. in-8) est reproduite intégralement par M. A. Joubin : Correspondance de Delacroix (vol. IV, p. 254-255). 2. Le 24 janvier 1862. Lettre relative à des œuvres de jeunesse reproduites ou lithographiées ainsi qu’à son fameux tableau « Sardanapale », exposé chez Francis Petit, qu’il n’avait jamais consenti à montrer depuis le Salon de 1827 : « Je vous suis reconnaissant de ce que vous me dites d’aimable au sujet du Sardanapale. Je n’ai pu encore y aller. Le tableau a été exposé au Salon de 1828. Il n’a été reçu qu’à une voix. Il avait indigné tout le monde et effarouché même mes amis. Ch. Blanc m’avait dit qu’il devait paraitre dans son journal un dessin d’un des tableaux de la Chapelle de Saint-Sulpice ; je n’en ai pas entendu parler… ». Cette lettre (2 pp. in-8) a été reproduite par Burty (p. 350) puis par Joubin (vol. IV, p. 299-300). 3. Le 1er mars 1862. Lettre d’une importance capitale pour l’histoire des illustrations de Delacroix et de son œuvre lithographié en particulier Faust et Hamlet. Le maître souffrant remercie Burty de lui avoir transcrit les prix des Géricault (Vente Parquez) et poursuit : « Je n’ai connu le Second Faust, et encore très superficiellement, que longtemps après que mes planches étaient faites. Il m’a paru un ouvrage mal digéré et peu intéressant au point de vue littéraire, mais l’un de ceux qui sont le plus propres à inspirer un peintre par le mélange de caractères et de styles qu’il comporte. Si l’ouvrage eût été plus populaire, je l’aurais peut-être entrepris. Vous me demandez ce qui m’a fait naître l’idée des planches sur Faust. Je me rappelle que je vis, vers 1821, les compositions de Retzsch qui me frappèrent assez, mais c’est surtout la représentation d’un drame-opéra sur Faust, que je vis à Londres en 1825, qui m’excita à faire quelque chose là-dessus. L’acteur, nommé Terry, qui a laissé des souvenirs dans le théâtre anglais de ce temps-là et qui est même venu à Paris, où il a joué, entre autres, le rôle du Rois Lear, était un Méphistophélès accompli quoiqu’il fut gros ; mais cela n’ôtait rien à son agilité et à son caractère satanique. Vous savez que Motte fut l’éditeur, il eut la malheureuse idée d’éditer ces lithographies avec un texte qui nuisit beaucoup au débit, sans parler de l’étrangeté des planches qui furent l’objet de quelques caricatures et me posèrent de plus en plus comme un des coryphés de l’école du laid. Gérard, toutefois, tout académicien qu’il était, me fit compliment de quelques dessins, surtout celui du Cabaret. Je ne me rappelle pas ce que j’en retirai : quelque chose comme cent francs et de plus une gravure de Lawrence, le portrait de Pie VII. Toutes mes spéculations ont été dans ce goût. L’Hamlet mieux encore: je l’avais fait imprimé à mes frais et édité moi-même. Le tout me coûta 5 ou 600 francs, et je ne rentrai pas dans la moitié de mes frais… » Il parle ensuite de ses Médailles et de Bonington, enfin de Charlet dont il fait les plus grands éloges. Cette lettre (4 pp. in-8) a été reproduite (sauf le début) par Burty (p. 351-352), Loÿs Delteil (P. G. I., vol. III, partie concernant le Faust seule) et Joubin (sauf le début, pp. 303-304). 4. Le 13 mai 1863. Lettre entièrement inédite (3 pp. in-8), relative à la publication de ses dessins par Burty : «…j’ai fait, avant de m’embarquer dans cette affaire, des réflexions sur l’embarras qu’elle me donnerait, embarras qui ne serait peut-être rien pour beaucoup d’autres, mais que je ressentirais particulièrement beaucoup. Il serait possible qu’avec plus de loisir je puisse plus tard m’y reprendre, mais dans ce moment surtout, étant sur le point de quitter Paris pour longtemps, la difficulté de m’en occuper serait encore augmentée. Vous auriez la bonté d’indemniser la personne qui a fait les essais si ce n’est pas encore abuser de votre complaisance… » SOBRE MAIS BELLE RELIURE DE MARIUS MICHEL PÈRE, EXÉCUTÉE POUR BURTY AU MOMENT DE LA PARUTION DE L’OUVRAGE. 5 000 / 6 000 €

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