BIBLIOTHÈQUE ALAIN MOATTI

30 21 MANDER, Karel van, & Hendrik HONDIUS Het Schilder Boeck waerin Voor eerst de Leerlustige-Jeught den gront den Edele Vrye Schilderkonst in verscheyden deelen wort voor-gedragen Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz & Cornelis van der Plasse, 1616-1618 KAREL VAN MANDER OU LE VASARI DU NORD. EXCEPTIONNEL EXEMPLAIRE ENRICHI DE LA SUITE DE PORTRAITS DE PEINTRES FLAMANDS GRAVÉE PAR HENDRIK HONDIUS. RELIURE HOLLANDAISE DE L’ÉPOQUE 6 parties et une suite de gravures en 1 volume in-8 (222 x 165 mm). Initiales gravées sur bois, caractères gothiques COLLATION : *6 **8 A-C8 *4 B-Z8 2A-E8 *8 A-P8 Q-S4 CONTENU : *1r, Première partie : Het Schilder Boeck waerin Voor eerst de LeerlustigeJeught, Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1618 ; *1r, deuxième partie : Het Leven der Oude Antycke Dorrluchtighe Schilders. Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1617 ; E2r, troisième partie : Het Leven der Moderne oft dees-tiitsche Dorrluchtighe Italienische Schilders, Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1616 ; Q7r, quatrième partie : Het Leven der Dorrluchtighe Nederlandtsche en Hoogh Duytsche Schilders, Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1617 ; *1r, cinquième partie : Het Leven der Dorrluchtighe Nederlandtsche/en Hoogh Duytsche Schilders, Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1616 ; O6r, sixème partie : Uytbeeldinghe der figuren, Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1616. ILLUSTRATION : 1 titre-frontispice gravé sur acier par Nicolas Lastman d’après Warnaar van de Valckert. ILLUSTRATION AJOUTÉE : 71 planches hors texte gravées en taille-douce par Hondius, la plupart dépliantes formant la suite Pictorum aliquot celebrium præcipué Germaniæ inferioris Effigies. ANNOTATION : note manuscrite à l’encre brune en hollandais au revers des figures de la quatrième partie. RELIURE DE L’ÉPOQUE. Veau moucheté, dos orné aux petits fers et à la cigogne, tranches mouchetées. PROVENANCE : Paris, 13 mai 2011, n° 74 Charnière supérieure fendue, coins frottés Le Het Schilder-Boeck (Livre des peintres), paru originellement en 1604 dans une version légèrement différente, a été composé par le peintre maniériste et écrivain flamand Karel van Mander (1548-1606). En publiant ce livre, le «Vasari des Pays-Bas» - qui avait d’ailleurs rencontré l’historien italien à Florence en 1571 - souhaitait mettre en lumière l’excellence et l’originalité des peintres des écoles du Nord de l’Europe, quelque peu occultés par le succès des Vite de Giorgio Vasari qui faisaient la part belle aux peintres italiens. La section la plus importante du livre (416 pages), celle consacrée aux peintres flamands et hollandais, est divisée en deux parties : artistes morts avant 1604 (près de 96 biographies, 71 chapitres) et ceux actifs à la même date (plus de 40 biographies, 23 chapitres). Quelques peintres et écrivains - Ciriaco de’ Pizzicoli, Facio, Giovanni Santi, Rogier, Ghiberti, Vasari, Lampronius, Lambert Lombard et surtout Lodovico Guicciardini - avaient partiellement exploré le domaine des peintres nordiques avant la parution du volume de Van Mander, mais c’est avec cet «ouvrage fondamental» (Schlosser) que naquit la véritable historiographie, systématique et détaillée, des peintres des écoles du Nord. L’importance de Van Mander est d’avoir été le premier qui ait vraiment imité et donné vie dans le Nord au modèle italien, connu depuis longtemps dans le domaine historique ; il est en même temps le premier exemple de l’influence croissante de Vasari en Europe. Ce Flamand est un représentant typique de ce “maniérisme” hollandais des romanistes dont la particularité, semblable à celle de leurs contemporains italiens. Pour lui, tout salut vient de l’Antiquité et de l’Italie ; il montre en termes fort clairs que le voyage à Rome est indispensable – exigence qui est restée en vigueur depuis lors – et son propre exemple renforce sa déclaration. Pour ce petit-fils du gothique, le Moyen Âge à complètement disparu, il est totalement oublié, alors qu’il était resté à moitié vivant pour les Italiens, tout au moins à l’âge héroïque de leur XIVe siècle. Toutefois, Van Mander n’est rien moins qu’adorateur servile de la doctrine et de la forme italiennes ; il conserve son originalité nordique et flamande, comme en général ces “romanistes” dont la juste appréciation nous a été clairement donnée par notre Heidrich, trop tôt disparu... Tout aussi caractéristique de ce Flamand de naissance, l’énergie qu’il déploie en face du dogme florentino-romain du disegno, devant lequel certes il s’incline avec respect, pour insister sur la couleur vénitienne en tant que partie essentielle de la peinture – c’était sans doute une opinion qui lui tenait à cœur. Lorsqu’il dit avec la conviction la plus profonde que le paysage est un genre en soi, il le doit peut-être plus au milieu des Pays-Bas septentrionaux où il s’est établi qu’aux PaysBas méridionaux d’où il est originaire. (Cf. Schlosser, qui souligne en outre l’originalité des «énoncés théoriques» de Karel van Mander). BIBLIOGRAPHIE : pour l’ouvrage de Karel van Mander : Julius von Schlosser, La Littérature artistique, Paris, 1984, pp. 363-365 -- Graesse, IV, pp. 359-360 ; pour la suite de Hondius : Van Someren, I, 211 -- Picturing the Netherlandish Canon, The Courtauld Institute of Art (en ligne) -- J. Puraye, Dominique Lampson humaniste, Liège, 1950 -- Lydia De Paux-De Veen, Jérôme Cock. Éditeur d’estampes et graveur, Bruxelles, 1970 -- Godelieve Denhaene, «Giorgio Vasari, Lodovico Guicciardini et les Pictorum Aliquot Celebrium Germaniae inferioris de Jérôme Cock», in Art & Fact, n° 28, 2009, pp. 44-54 6 000/8 000 €

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