BIBLIOTHÈQUE ALAIN MOATTI

22 14 CHACON, Alfonso Historia utriusque belli Dacici a Traiano Caesare gesti... ex simulachris quae in columna eiusdem Romae visuntur collecta... ad catholicum Hispaniarum regem Philippum II Rome, Francesco Zanetti & Bartolomeo Tosio, 1576 LA PREMIÈRE REPRÉSENTATION GRAVÉE DES CÉLÈBRES BAS-RELIEFS DE LA COLONNE TRAJANE. AVEC DEUX SUPERBES GRANDES PLANCHES DÉPLIANTES ILLUSTRANT CE GRAND MONUMENT DE L’ANTIQUITÉ, CHEF-D’ŒUVRE DE LA SCULPTURE. OUVRAGE RARE ET PRÉCIEUX, LORSQUE RELIÉ EN MAROQUIN À L’ÉPOQUE ÉDITION ORIGINALE In-folio (310 x 240mm) Initiales [de 6 lignes] et cul-de-lampe gravés sur bois Marque typographique à l’ancre aldine imprimée sur la page de titre. L’usage de l’ancre s’explique sans doute par le fait que Francesco Zanetti, originaire de Venise, et Bartolomeo Tosio furent tous deux des disciples de Paolo Manuzio. Celui-ci s’installa à Rome en 1564 pour diriger l’imprimerie pontificale, qui prit le nom de Stamperia del popolo romano. Il fut protégé par le pape Grégoire XIII et mourut en 1574 COLLATION : A-F4 + 4 feuillets (6 planches) + 130 doubles pages ; A3r-F1v paginés 5-42 CONTENU : A1r titre, A2r dédicace au roi d’Espagne, A3r texte Columnae traiani tam intimae quam extimae frontis exactissima orthographia, F2r Index columnae traianicae explicationem (6 pp.) ILLUSTRATION : 6 planches gravées sur 3 pages dont une double [1 : 2 planches bout à bout dont l’extérieur de la colonne ; 2 : 2 planches bout à bout dont l’une dépliante pour l’intérieur de la colonne ; 3 : 2 planches de coupe de l’intérieur de la colonne imprimées sur double page] ; 130 planches imprimées sur double page numérotées 1-130, EN TOUT 133 PLANCHES DESSINÉES PAR GIROLAMO MUZIANO ET GRAVÉES PAR FRANCESCO VILLAMENA RELIURE FRANÇAISE VERS 1600 (sans doute provençale). Maroquin rouge, décor doré, grand fleuron central à motif de feuillage, double encadrement de filets avec fleurons aux angles, dos à nerfs avec fleuron, tranches mouchetées de rouge PROVENANCE : Vincent-François Jouvène, négociant marseillais (ex-libris manuscrit du XVIIe siècle sur la page de titre : Ex Bibliotheca Vincentii fransci Jouvene Massiliensis). Les Jouvène, importante famille du négoce provençal anoblie au début du XVIIIe siècle, donnèrent un échevin à Marseille à la fin du XVIe siècle et un conseiller au Parlement de Provence. Une rue et une place Jouvène appartiennent aujourd’hui encore à l’ancien quartier aristocratique d’Arles CENSUS : 6 exemplaires aux U.S.A. : Boston Athenaeum, Princeton (veau, vers 1600, anciennement Librairie Sokol, £14.500), George Washington University (reliure moderne), Yale (exemplaire Borghese), Emery Library à Atlanta. USTC et EDIT16 recensent 7 exemplaires en Europe : 3 en France et 4 en Italie. L’exemplaire de la BnF est relié en maroquin rouge de la fin du XVIIe siècle ; il est costaud et peu élégant. L’ouvrage est très rare en vente aux enchères : seulement deux occurrences dont celle-ci. Un exemplaire de cette édition, dépourvu des planches, mais relié en vélin pour la célèbre bibliothèque Pillone a figuré dans la vente Hauck (New York, 27 juin 2006, lot 233). Un exemplaire incomplet d’une planche a été proposé par la librairie Sokol en 1997 Quelques manques mineurs aux deux planches dépliantes, petit manque à la planche 14, quelques pâles taches brunes dans les premiers feuillets ou dans les marges de quelques planches, quelques anciens renforcements au verso des planches 38, 39, 42, 43, 85, 90, 110, 111, 121, 124, 127, 128 et 130, venant parfois combler d’anciennes déchirures Inaugurée en 113 après J.-C., la colonne Trajane, seul élément intact du somptueux Forum de Trajan, est, depuis le XVe siècle, au centre de nombreux débats d’interprétations. Ils tournent autour d’une même question : comment l’art doit-il et peut-il représenter l’histoire et sa violence ? En clair, la question de l’épopée. Mais c’est aussi par le style de leurs sculptures elles-mêmes que ces bas-reliefs créés par le “Maître de la colonne Trajane” exercèrent une influence multiséculaire et déterminante, de Michel-Ange à Rodin. Vers 1500, le pape Alexandre VI (mort en 1503) ou Jules II commandèrent au peintre Jacopa Ripanda (mort en 1516) un relevé exhaustif par dessins de la colonne. L’artiste conçut un appareil de visée qui le rendit célèbre. Il acheva son relevé dans des conditions particulièrement périlleuses, puisque suspendu dans un panier. Plus tard dans le siècle, le pape Grégoire XIII (1502-1585) fut élu en une journée par le conclave le plus bref de l’histoire de l’Église (14 mai 1472). Il devait son élection au parti espagnol et donc à Philippe II. L’empereur Trajan était lui-même d’origine espagnole ; Philippe II éprouvait pour lui une réelle fascination. Le pape commanda donc à l’érudit espagnol Alfonso Chacon (1540-1599) un ouvrage qui devait pour la première fois représenter la totalité des bas-reliefs de la colonne.

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