AUCTIONART - MANUSCRITS RARES

86 87 A Paris, 16 septembre 1740 : On a des lettres de la Louÿsiane qui marquent que des habitans s’étans avancez dans des terres inhabitées ÿ avoient trouvez des elephans peris dans un lieu marecageux, ce qui donnoit sujet a la question de scavoir si ce climat ne confine pas avec l’Asie d’autant que les naturels du paÿs affirment d’avoir jamais vû n’ÿ oui dire qu’il y eut des aniùaux de cette espece… (ff. 134-134v) A Paris, le 6 may 1740 : Il paroit par les autres lettres que la Porte a tellement changé de sentimens sur le compte des Russiens, qu’elle se felicite tous les jours d’avoir fait la paix avec eux, qu’elle etoit même dans le dessein d’etablir un commerce reglé avec cette nation… (f. 62v). 91 [NOUVELLES À LA MAIN]. Journal manuscrit adressé à M. de la Granville, capitaine au Régiment de Bretagne En français, manuscrit sur papier, en tout 278 lettres France, Paris, 1er janvier 1740 au 15 juin 1742 (sauf 49 lettres envoyée de Hollande (La Haye) du 1er décembre 1741 au 7 juin 1742) 2 500 / 3 500 € I + 546 ff., précédés d’un feuillet de garde et suivis de 3 feuillets blancs et un feuillet de garde, plusieurs mains cursives fort lisibles, certains passages raturés (censurés ?), joint : relevé tapuscrit des lettres (5 feuillets). Reliure de veau brun du XVIIIe siècle, dos à 5 nerfs cloisonné et fleuronné, pièces de titre de cuir rouge avec dates « 1740/1741/1742 », triple filet à froid en encadrement sur les plats, contregardes et gardes de papier marbré tourniqué, roulette sur les coupes. Mors supérieur et inférieur fragiles, plats frottés, petit manque de cuir sur la coiffe supérieure. Dimensions de la reliure : 238 x 180 mm ; dimensions des feuillets : environ 225 x 160 mm. Intéressant ensemble, témoin du journalisme sous l’Ancien Régime, au début de la Guerre de Succession d’Espagne (1740-1748), pendant le règne de Louis XV (1715-1774). Recueil de « Nouvelles à la main », nom donné aux Gazettes diffusées de manière manuscrite, le plus souvent de manière secrète pour défier la censure. Il s’agit des premières expériences de journalisme, commençant dès le XVIe siècle. Moureau propose la définition suivante : On appelle nouvelles à la main un recueil manuscrit d’articles donnant des informations d’actualité selon l’ordre chronologique (F. Moureau, « Pour un dictionnaire des nouvelles à la main », in Rétat (ed.), Le journalisme d’Ancien Régime, Lyon, 1982). Communément au XVIIe et XVIIIe siècles, les seigneurs et personnes à responsabilité ou à mondanité, avaient leurs « gazetier » qui leurs fournissaient des « nouvelles » copiées et compilées sous forme manuscrite de 4 à 8 pages (d’où le nom « Nouvelles à la main ») moyennant le paiement d’une sorte d’abonnement. Ces petites gazettes compilaient les informations obtenues par les sources qui recueillaient les secrets et bruits de la Cour et des lieux de pouvoir et de finance, avec des nouvelles de l’étranger, des nouvelles de France et de la Cour mais parfois aussi de faits divers. Ces « gazetins » étaient expédiées aux « abonnés » par la poste : la police surveillait de près les rédacteurs et les lecteurs. Mais il est vrai que les informations dans les « Nouvelles à la main » n’étaient pas destinées à un lecteur en particulier mais bien pour une diffusion à plusieurs abonnés. Dans le cas présent, la liste tapuscrite jointe au manuscrit précise que ces nouvelles ont été reçues par M. de la Granville, rompant avec l’anonymat habituel du lecteur dans les recueils semblables : une livraison porte au dos l’adresse suivante « Monsieur de la Granville capitaine au Régiment de Bretagne, a Douay » (fol. 116v).

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