AUCTIONART - MANUSCRITS RARES

8 9 PROVENANCE ET EXPOSITIONS 1. Manuscrit copié pour l’usage liturgique de Paris (Heures de la Vierge et version de l’Office des morts). Toutefois le relevé des saints du calendrier, comportant plusieurs saints honorés à Meaux, en Ile de France et à Paris, indique que ce calendrier fut établi pour un commanditaire ayant visiblement des attaches meldoises et parisiennes. La famille Bureau (voir infra et commentaire à la suite) est effectivement une famille avec de solides attaches en Champagne, dans la Brie, en Ile-de-France et bien sûr à Paris. Le manuscrit a certainement été peint par le jeune Jean Colombe, en association avec d’autres collaborateurs, notamment pour les miniatures marginales latérales. En cette fin de décennie 1460, l’artiste est établi à Bourges. Dans les présentes Heures Bureau, le peintre apparait profondément influencé par l’art tourangeau, notamment Jean Fouquet qu’il imite, et dont il emprunte les modèles vus notamment dans des Heures Raguier / Robertet commencées par Fouquet et terminées par Colombe (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 834). On signalera la participation d’un peintre fouquetien dans au moins quatre miniatures (ff. 10v, 20, 194 et 208v), témoignant de la collaboration entre Colombe et certains suiveurs de Jean Fouquet. Le lieu exact d’enluminure n’est pas connu mais depuis 1463, les archives révèlent que Jean Colombe est bien établi comme enlumineur à Bourges lorsqu’il apparait dans un compte de receveur du chapitre Saint-Pierre-le-Puellier pour les années 1463-1464 : il partage alors une maison sise rue des Écrivains avec un écrivain de forme Clément Thibault. En 1467, on le trouve toujours domicilié à Bourges dans une « maison d’Avignon » (voir Ribault, 2001, p. 17). Toutefois, il est possible que l’artiste Colombe se soit déplacé en Vallée de Loire, rendant difficile une identification précise du lieu d’enluminure. Artiste itinérant à ses débuts mais aussi plus tard dans sa carrière quand il travaille pour le duc de Savoie, Jean Colombe est un artiste berruyer qui semble s’être déplacé au fil des commandes. 2. Armoiries de la famille Bureau, identification rétablie par François Avril (1993, p. 326 : « […] les prétendues Heures de Commynes, peintes en réalité, d’après leurs armoiries, pour un membre de la famille Bureau) de l’ancienne collection Loncle »), corrigeant une identification erronée (famille de Commynes). Les armoiries de la famille Bureau se blasonnent comme suit : D’azur, au chevron potencé et contre-potencé d’or, accompagné de trois pots (ou buires, ou burettes) d’or, placées 2 et 1. Anciennement, ce manuscrit avait été associé à la famille de Commynes, marquant l’alliance entre Philippe de Commynes (1447-1511) et Hélène de Jambes. Cette confusion est due à une mauvaise interprétation des écus présents dans le manuscrit. Les armoiries de la famille Commynes se blasonnent comme suit : De gueules au chevron d’or accompagné de trois coquilles d’argent. La confusion vient certainement du chevron et trois meubles mal identifiés. On trouve les armoiries Bureau figurées à trois reprises dans les encadrements architecturés ou décorés dans lesquels sont inscrits les grandes miniatures, à savoir aux feuillets suivants : f. 28, f. 100 et f. 212. La famille Bureau est une famille de hauts fonctionnaires royaux et d’officiers du pouvoir central, proches des milieux de la Cour. Pour une hypothèse quant au membre de la famille Bureau qui serait le commanditaire de ces Heures, voir ci-dessous (A la recherche du premier commanditaire des Heures Bureau). Nous proposons Jean Bureau fils (mort en 1490), conseiller du roi, archidiacre de Reims, puis évêque de Béziers de 1457 à 1490. Il était le fils de Germaine Hesselin (1410-1494), dite « Madame de Monglat », dame d’honneur de Marie d’Anjou et de Jean Bureau père (1390-1463), Grand Maître de l’Artillerie royale, Trésorier de France, anobli par le roi à Bourges en 1447 et commissionnaire lors du procès de Jacques Cœur. Par ailleurs, Jean Bureau était seigneur de Monglat (près de Rozay-en-Brie), La-Houssaye-en-Brie, Fontenay-en-France, Thieux, Marle et La Malmaison. Dans sa fratrie, Jean Bureau avait pour frères Pierre III Bureau, Trésorier de France, et Simon Bureau, Maître des Comptes, et pour sœurs Philippa Bureau (morte après 1506) qui épouse Nicolas de la Balue en 1467 (mort en 1506) et Isabeau Bureau (morte en 1521) qui épouse Geoffroy Cœur en 1463 (mort en 1488), fils de Jacques Cœur, Grand Argentier du roi. Il y a donc depuis au moins deux ou trois générations des relations entre la famille Bureau et la famille Cœur. Plusieurs ouvrages fournissent des éléments de généalogie pour la famille Bureau, mais on consultera tout particulièrement les pages consacrées aux familles Bureau et Hesselin dans R. Descimon, « Élites parisiennes entre XVe et XVIIe siècle : du bon usage du Cabinet des titres », in Bibliothèque de l’École des chartes, 1997 (tome 155), pp. 629-630. f. 212, Sainte Agathe lisant. Armoiries de la famille Bureau dans l'encadrement.

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