AUCTIONART - MANUSCRITS RARES

66 PROVENANCE : 1. Les études récentes sur cette première traduction de Marot du Premier livre des Métamorphoses d’Ovide (Cooper, 1997 ; Cooper, 2007 ; Orth, 2015) évoquent potentiellement trois manuscrits connus ([I] Oxford, BodleiAn Library, MS Douce 117 ; [II] Manuscrit « Parguez » (Ex-Lucien-Graux, le présent manuscrit dont la localisation était perdue) ; [III] Manuscrit dédié au duc de Lorraine (cité dans un inventaire du duc de Lorrraine de 1544 et évoqué dans une épitre de Marot publiée en 1534 [Defaux, 1990, I, p. 689]). Enfin une copie récente faite sur le présent manuscrit « Parguez » et déposé à la BnF, MS NAF 12037. Il a été suggéré que le manuscrit Parguez et celui du duc de Lorraine n’étaient en fait qu’un seul témoin et que le manuscrit « Parguez » était l’exemplaire de dédicace pour Antoine, duc de Lorraine (mort en 1544). On trouve dans l’inventaire de 1544 la mention suivante, mais sans précisions sur le nombre de feuillets : « Ung petit libvre en parchemin, escript a la main, couvert de cuyr doré auquel sont les armes de notredit seigneur » (A. Collignon, « La bibliothèque du duc Antoine. Recherches bibliographiques suivis de l’inventaire annoté », in Mémoires de l’Académie Stanislas, 6e série, IV, 1906-1907, p. 99, no. 42). Au sujet du manuscrit « Parguez » (ou Ex-Lucien-Graux), relevons le propos de C. Mayer : « Un manuscrit de la traduction du « Premier Livre de la Métamorphose d’Ovide ». Ce recueil, qui, en 1924, appartenait à M. Henri Parguez, fut signalé par F. Gaudu. Bien que de la fin du XVIe siècle, il présente un texte antérieur à celui de l’édition princeps. Il est donc possible qu’il s’agisse d’une copie du manuscrit original que Marot présenta au duc de Lorraine vers 1530-1531 » (C. A. Mayer, Bibliographie des œuvres de Clément Marot. I. Manuscrits, Genève, 1954, p. 91). Ceci est repris par Orth (2015) : « The ex-Lucien-Graux manuscript may be the copy made for duc Antoine de Lorraine and presented by Marot to him in Paris in the winter of 15301531. Marot published the text of that dedication in Suite de l’Adolescence Clémentine, Paris, 1534 (Marot, Œuvres, 1990, I, pp. 293-295) » (Orth, 2015, p. 227). Le premier manuscrit serait l’exemplaire de dédicace de Clément Marot au roi de France François Ier : Oxford, Bodleian Library, MS. Douce 117 (46 ff. ; dédicace à François Ier, ff. 1-2v ; plus petit format : 105 x 168 mm). Avec 12 miniatures : ces enluminures ont été attribuées par M.D. Orth au peintre lyonnais Guillaume II Leroy et sont datées vers 1526-1527 et non 1530 comme le suggérait d’abord R. Cooper (1997, p. 302) et G. Defaux (1990, II, 1188-1190). Voir Orth, 2015, vol. II, no. 68 : « The King had been released from his Madrid captivity in March 1526 and the court, with the regent Louise, had just come back to the Loire Valley from Lyons. Thus the completion of the manuscript of the translation coincides roughly with Marot’s 1527 court appointment » (Orth, 2015, vol. II, p. 227). Cooper (2007) se rallie à cette datation et attribution des miniatures : « The court made various stays in Amboise, and I had previously opted for the summer of 1530, but the identification of the artist of one of the manuscripts of the poem, Guillaume II Leroy, who died in 1528, indicates an earlier stay in Amboise, most likely the date suggested by Claus Mayer of July-September 1526, some months therefore before Marot’s entry into royal service… » (Cooper, 2007, pp. 121-122). Il est intéressant de noter que le duc de Lorraine a pu voir ce manuscrit « royal » (Oxford, Douce 117) lorsque ce manuscrit était encore à Lyon et l’on sait que Guillaume II Leroy a également enluminé un manuscrit pour Antoine de Lorraine (San Marino, Huntington Library, MS HM 49, Traicté de Peyne, vers 1520, avec 15 miniatures par Guillaume II Leroy, voir Orth, 2015, II, no. 67). Antoine de Lorraine a-t-il commandé à Clément Marot un manuscrit semblable au « premier » manuscrit de la traduction des Métamorphoses d’Ovide, mais dont les miniatures furent confiées à un autre artiste parisien (?) et qui fut présenté au duc quelques années plus tard à Paris en 1530/1531 lors du passage d'Antoine de Lorraine à Paris pour le mariage de François Ier et Eléonore de Habsbourg ? 2. Collection de Henri Parguez, médiéviste et collectionneur. Le manuscrit est baptisé « Manuscrit Henri Parguez » en 1924 par Gaudu, qui était un élève de Pierre Villey. Gaudu consacrait à ce sujet son mémoire en vue du Diplôme d’études supérieures (information donnée dans une lettre tapuscrite jointe). A noter que les descriptions du manuscrit chez Gaudu et dans le catalogue Lucien-Graux ne sont pas en tous points concordantes. Gaudu indique que le manuscrit est écrit à la fin du XVIe siècle en capitales gothiques, alors qu’il est manifestement écrit en bâtarde et plutôt vers 1530. 3. Collection du Docteur Lucien-Graux (1878-1944), grand collectionneur qui mourut en déportation à Dachau. Sa collection fut dispersée au cours de quatre ventes de 1956 à 1959, avec l’expertise de la Librairie Georges Andrieux et Jeanne Vidal-Mégret, et une préface émouvante signée Jean Porcher. Vente Bibliothèque du Docteur Lucien-Graux. Précieux livres et manuscrits anciens illustrés du XVe au XVIIIe siècle, éditions originales. Reliures ornées ou aux armes, provenances illustres. Paris, Hôtel Drouot, 26 janvier 1957, lot 78 (étiquette de la vente conservée). Commissaire-priseur : Maurice Rheims. Expert : Jeanne Vidal-Mégret : « Précieux manuscrit sur vélin, calligraphié en bâtarde vers 1530, antérieur à l’imprimé de 1534 ». Prix réalisé 180 000 FF. en 1957. f. 8, Les régions des quatre vents : Eurus, Zphyr, Boreas, Auster. 67

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