AUCTIONART - MANUSCRITS RARES

51 50 f. 194, Saint Claude nimbé, bénissant, coiffé de sa mitre d’évêque. – Miniature inscrite dans un encadrement architecturé doré au décor gothique entièrement sculpté de bas-reliefs, statuettes, anges, putti et saints. Cette fort belle enluminure étonne de prime abord. Monumental, le saint bénissant et coiffé de sa mitre est lové dans un bel encadrement architecturé où les statuettes, putti et bas-reliefs sont peintes dans un camaïeu d’or cuivré, faisant de cette miniature un petit tableautin indépendant. L’essentiel de la miniature semble être de la main de Jean Colombe mais le visage et la mitre du saint pourraient avoir été peints par un artiste fouquetien, un peu comme dans les Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920) dans lesquelles les têtes des Sibylles et certaines têtes du Christ sont peintes par un artiste fouquetien qui complète des scènes peintes par ailleurs par Colombe (voir Avril et al., 2003, p. 390 : l’artiste fouquetien, dit « faiseur de têtes », au « modelé moelleux et sensible »). Ce modèle de prélat en buste se retrouve dans d’autres manuscrits colombiens tels Cambridge, Harvard University, Houghton Library, Typ. 494 (le modèle est adapté à un saint Eutrope) ou encore Einseideln, MS 641 dont l’enluminure est attribuable à Jean de Monluçon, un collaborateur de Jean Colombe (voir N. Reynaud dans Avril et Reynaud, 1993, p. 339 et M. Milman, Les Heures de la prière. Catalogue des livres d’heures de la bibliothèque de l’abbaye d’Einsiedeln (2003), p. 160 et pp. 170-175). Nous remercions François Avril pour ses observations au sujet de cette miniature et pour les références à ces autres manuscrits issus du milieu colombien renfermant des compositions semblables, suggérant qu’il a pu exister un tableau ou modèle commun sans doute disparu copié par Jean Colombe et ses émules. On signalera que ce modèle pouvait aussi être inspiré de bustes d’évêques sculptés, d’origine tourangelle, comme les deux bustes décrits dans Tours 1500 (2012, cat. 15) mais datant plus tôt des années 1470-1490, comme l’évêque en chape de l’Église Saint-Saturnin de Limeray ou le buste d’évêque conservé à Tours dans les collections de l’Association diocésaine. Autre comparaison intéressante, bien que plus tardive (vers 1500), l’initiale historiée figurant saint Gatien dans un Missel à l’usage de Tours (Tours, BM, MS 190, fol. 188), par un peintre tourangeau présentant une gestuelle fort semblable, signe qu’il devait circuler parmi les peintres tourangeaux un modèle commun (Tours, 1500 (2012), cat. 16). f. 197, Saint Christophe et l’Enfant Jésus. – Miniature inscrite dans une encadrement simple à l’imitation d’un cadre en bois. Cette miniature est attribuable à Jean Colombe qui reprend des modèles qu’il a pu voir dans des manuscrits auxquels a participé un artiste intéressant baptisé par F. Avril « Maître de Smith-Lesouëf 30 », peintre sans doute de culture flamande actif en Anjou. On trouve un Saint Christophe passeur dans les Heures conservées sous la cote Smith-Lesoüef 30 (fol. 34v ; reproduction dans Avril, 2003, p. 172, Ill. 1), dans des Heures à l’usage d’Angers peints par Jean Fouquet et d’autres artistes angevins (Paris, BnF, NAL 3211, p. 224 ; voir Avril, 2003, p. 172). Le rapprochement avec les compositions du Maître Smith-Lesoüef 30 est d’autant plus intéressant que Jean Colombe a terminé un livre d’heures commencé par le Maître de Smith-Lesouëf 30 (Heures à l’usage d’Angers) peint vers 1465 et terminé par Jean Colombe vers 1470. Dans ce livre d’heures, Jean Colombe peint un saint Christophe portant l’Enfant Jésus (New York, PML, M. 258, fol. 121 ; voir Avril et al., 2003, p. 172) qui reprend les compositions du Maître de Smith-Lesouëf 30 et qui rappelle la miniature des présentes Heures Bureau. De même, signalons aussi que dans les Heures Raguier (?)-Robertet terminées par Colombe, le peintre berruyer peint un saint Christophe (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 834, fol. 96v). Enfin peu de temps après, Colombe peint dans les Heures de Louis de Laval une scène connexe (Paris, BnF, latin 920, fol. 272). f. 194, Saint Claude nimbé, bénissant, coiffé de sa mitre d’évêque.

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