42 43 f. 28, Annonciation. – Miniature inscrite dans un encadrement architecturé doré composé de colonnes serties de perles et de pierres précieuses surmontées de deux statuettes, respectivement Adam nu à gauche et Ève nue à droite ; arc en accolade cernant une scène figurant le Christ devant Adam et Ève après la Chute ; Armoiries (famille Bureau) inscrites dans le linteau cintré au-dessus de l’ouverture de part et d’autre de la colonnade. Sur la base de la structure en encadrement, en lettres capitales on lit le début du psaume ouvrant l’office : « DOMINE LABIA MEA APERIES ET ». Cette miniature a été déjà commentée dans certaines publications, notamment par F. Avril (2007 ; reproduction noir et blanc p. 7, fig. 6) dans son étude portant sue les Heures de Guyot Le Peley (peintes par Colombe vers 1475-1480) entrées en 2005 à la Médiathèque de Troyes (voir Avril, Hermant et Bibolet, 2007, cat. 39 et 39A). La composition de la miniature des Heures Bureau doit beaucoup à l’Annonciation attribuée à Fouquet dans les Heures d’Antoine Raguier (?) et de Jean Robertet (New York, Pierpont Morgan Library, M. 834, fol. 29 ; voir Avril, 2003, p. 257). L’ange Gabriel est figuré les bras croisés sur sa poitrine comme dans la miniature de Fouquet. Dans les deux miniatures (Heures Raguier (?)-Robertet et Heures Bureau) la scène de l’Annonciation se déroule dans une salle à colonnes ouvrant sur une vue d’un paysage (Avril emploie le joli terme « d’échappée paysagère ») où l’on distingue les arbres caractéristiques de Fouquet que Colombe adopte également dans les Heures Bureau. La composition de l’Annonciation des Heures Bureau est reprise dans les Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920, fol. 52). Colombe fait représenter dans l’Annonciation des Heures Bureau une scène annexe liée au Péché originel : « illustration d’une idée très ancienne qui voyait dans la Vierge la nouvelle Ève venue effacer la faute de la première » (Avril, 2007, p. 21). L’artiste représente des statuettes d’Adam et Ève et dans le linteau au-dessus de la miniature, il dépeint Adam et Ève après la Chute. Ces mêmes références au Péché originel se retrouvent dans l’Annonciation des Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920, fol. 52 avec la scène du Christ dialoguant avec Adam et Ève après la Chute peinte directement dans « l’échappée paysagère »), dans le diptyque de l’Annonciation du Psautier-collectaire et livre d’heures à l’usage de Bourges (New York, NYPL, ms. MA 113, ff. 213v-214) peint par Colombe et dans les Heures de Guyot Le Peley (Troyes, Médiathèque, MS 3901, ff. 42v-43), renvoyant à la notion que la Vierge était la « nouvelle Eve » venue effacer le péché de la « mère de tous les vivants » (voir Avril, 2007, pp. 20-21). Il semble clair que Colombe s’est inspiré des statuettes d’Adam et Ève du vitrail de l’Annonciation dans la chapelle Jacques Cœur à la cathédrale de Bourges, œuvre de Jacob de Litemont datable vers 1451 (voir reproduction dans Avril, 2007, p. 21 et aussi dans la contribution de P. Lorentz, in Avril et al., 2003, p. 48, ill. 19). Les gestes des deux personnages sont reproduits avec un tel mimétisme qu’il ne peut y avoir de doute sur la source (les positions des deux personnages sur les colonnes sont inversées dans la miniature). Rappelons que la famille Bureau est liée à la famille Cœur par le mariage d’Isabelle Bureau, mariée en 1463 avec Geoffroy Cœur, le fils du Jacques Cœur. En ce qui concerne l’encadrement architecturé aux colonnes serties de pierreries, il semble que Colombe ait repris un décor sans doute influencé (ou d’après un modèle commun qui circulait alors) par les « Heures dites de Marie Stuart » peints par des artistes angevins, qui présentent la particularité de contenir aussi une citation des Heures Raguier (?)-Robertet (miniature de l’Evangéliste de saint Luc ; dans les Heures dites de Marie Stuart, Washington, coll. privée, fol. 4). De fait on y trouve une Annonciation peinte par le Maître de Smith-Lesouëf 30 inscrite dans un encadrement de colonnes avec incrustations de pierreries et de perles (Heures dites de Marie Stuart, Washington, coll. privée, fol. 11 ; Avril et al., 2003, cat. 56, reproduction p. 403). Cette composition de l’encadrement à colonnes incrustées de pierres précieuses sera de nouveau reprise par Colombe dans les Heures de Guyot Le Peley dans l’encadrement architecturé dans lequel s’inscrit la miniature de Saint Jean l’Evangéliste (Troyes, Médiathèque, MS 3901, fol. 14) et d’autres miniatures également (reproduites dans Avril, 2007). f. 28, Annonciation
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