5 4 88 HEURES DITES DE BUREAU (HEURES ANCIENNEMENT DITES « DE COMMYNES ») Livre d’heures (à l’usage de Paris) En latin et en français, manuscrit enluminé sur parchemin France, Bourges (et/ou Vallée de la Loire si l’on admet l’itinérance de Jean Colombe), vers 1468-1470 et 1470-1475 Avec 23 initiales historiées, 24 petites miniatures au calendrier, 374 enluminures marginales latérales et 37 grandes miniatures à pleine page (dont une à trois quarts de page). Enluminures attribuables à Jean Colombe (actif à Bourges, c. 1463-1493) et ses collaborateurs. 800 000 / 1 000 000 € Entre ciel et terre, les figures de ce superbe livre d’heures nous transportent. Entre deux manuscrits d’une grande importance, l’artiste Jean Colombe (actif c. 1463 et c. 1493) nous livre ses « Heures dites de Bureau » pour un commanditaire issu de la famille Bureau, ancienne famille de serviteurs royaux sous Charles VII et Louis XI, établie entre Champagne et Paris et ses environs. Nous disons « entre deux manuscrits » car les Heures Bureau sont un trait d’union entre un manuscrit peint par Jean Fouquet (vers 14601465) et achevé par Jean Colombe (vers 1465-1470) à savoir les importantes Heures dites d’Antoine Raguier (?) et de Jean Robertet (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 834) et un manuscrit peint par Jean Colombe avec la participation d’artistes fouquetiens à savoir les Heures de Louis de Laval, seigneur de Châtillon (Paris, BnF, Latin 920). Jean Colombe est dans cette seconde partie de la décennie 1460 encore en formation, inspiré dans sa jeunesse par les enlumineurs angevins mais désormais conquis par les compositions du grand peintre et enlumineur tourangeau Jean Fouquet. Les Heures Bureau (vers 1468-1470 pour la première campagne, puis vers 1470-1475 pour une seconde et troisième campagne d’enluminure) nous révèlent un artiste encore à ses débuts qui assimile et copie les compositions fouquetiennes vues dans les Heures Raguier (?)-Robertet, tout en se forgeant une personnalité propre qu’il mettra à profit peu de temps plus tard dans les Heures de Louis de Laval (vers 1470-1475 pour la première campagne d’enluminure). Ainsi à l’instar des Trois Marie contenues dans ce manuscrit, radieuses et scintillantes (fol. 205), nous pouvons évoquer à travers les Heures Bureau « Trois Jean ». Jean Fouquet qui inspire Jean Colombe : l’artiste berruyer propose dans ces Heures Bureau des copies fidèles et adaptations sensibles des compositions de l’artiste tourangeau, peut-être directement sous l’œil d’artistes fouquetiens. Jean Colombe, artiste certes berruyer mais aussi connu pour une certaine itinérance, qui répond à une commande ambitieuse et qui signe ici son premier chef d’œuvre. Et enfin, hypothèse à travailler, Jean Bureau fils, évêque de Béziers (1457-1490), fils de Germaine Hesselin, dame de Monglat et de Jean Bureau père, Grand Maître de l’Artillerie et Trésorier de France sous Charles VII, qui pourrait être le commanditaire de ce magnifique livre d’heures. Le manuscrit est clairement fait pour un prélat et renferme quelques indices prometteurs qui se dévoilent au fil des pages. Bien qu’à ses débuts, Jean Colombe entreprend avec ses collaborateurs une œuvre surprenante et la redécouverte des « Heures dites de Bureau » permettront une meilleure appréciation de l’œuvre de Jean Colombe entre Bourges et la Vallée de la Loire, quelques vingt ans avant l’achèvement par l’artiste berruyer du trésor que sont les Très Riches Heures du duc de Berry.
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