34 35 f. 2, Déploration du Christ devant la Croix (ou Lamentation). Ce manuscrit contient 37 grandes miniatures (dont une à trois quarts de page) : f. 1, Jugement dernier : règne céleste, Christ en majesté entre la Vierge et Jean-Baptiste en prière ; règne terrestre : Résurrection des morts. Cette première miniature est peinte sur un parchemin plus épais que le reste du manuscrit et fut insérée à la suite du Calendrier. Il n’y a pas de texte au dos. Elle est toutefois bien de la main de Jean Colombe. Dans les Heures de Louis de Laval, on trouve une scène de Jugement dernier à la composition semblable mais avec le Christ flanqué de saint Michel archange et non comme dans les Heures Bureau de la Vierge et de saint Jean-Baptiste (Heures de Louis de Laval, Paris, BnF, latin 920, fol. 335 : à noter que cette scène est prévue en fin de manuscrit et non pas en début de manuscrit comme dans les présentes Heures Bureau, ce qui est atypique et témoigne d’une volonté de mettre en avant cette miniature comme frontispice). La présence de saint Jean-Baptiste est parlante si l’on retient Jean Bureau comme commanditaire des Heures Bureau, car il est certainement l’un de ses saints patrons. On soulignera aussi qu’un dévot très certainement le commanditaire est représenté agenouillé devant saint Jean-Baptiste dans une miniatures marginale latérale (ff. 178v-179) et devant saint Jean l’Evangéliste (fol. 68). Signalons aussi que Jean Colombe a pu voir une composition ou un modèle angevin figurant le Jugement dernier peinte par le Maître de Smith-Lesoüef 30 dans les Heures dites de Marie Stuart (Washington, coll. privée et Paris, BnF, latin 1405), manuscrit dont il semble avoir été familier (reproduit dans Avril et al., 2003, p. 405). On trouve dans les Heures de Prigent de Coëtivy, un Jugement dernier qui figure les deux intercesseurs, la Vierge et saint Jean-Baptiste de part et d’autre du Christ en majesté (Dublin, Chester Beatty Library, MS. 82, fol. 74v). De même, plus proche en influence, dans les Heures d’Etienne Chevalier peintes par Jean Fouquet, la figure de saint Jean-Baptiste est aussi placée à la droite du Christ (reproduction Reynaud, Jean Fouquet. Les Heures d’Etienne Chevalier, 2006, p. 117). f. 2, Déploration du Christ devant la Croix (ou Lamentation) : au second plan, trois personnages masculins (dont Joseph d’Arimathie et Nicodème ?) ; les autres personnages : Jean l’Évangéliste, les Saintes Femmes (Marie-Madeleine, Marie-Jacobé et Marie-Salomé). En arrière-plan, une cité avec remparts et porte de ville flanquée de deux tours. – Miniature inscrite dans un encadrement doré formé de colonnades avec un décor de putti, surmontées d’anges et partie supérieure en accolade. Cette composition est reprise par Jean Colombe dans les Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920, fol. 39) presque à l’identique par certains aspects mais s’en distingue en particulier par le traitement de l’arrière-plan qui, dans les Heures Bureau, offrent une superbe vue sur l’élévation d’une ville et sa porte monumentale. L’encadrement de ces deux scènes connexes est aussi semblable : la Déploration des Heures Laval est elle aussi inscrite dans un encadrement formé de colonnes au-dessus desquelles sont dressés deux anges. f. 4v, Salvator Mundi. Christ bénissant tenant un orbe crucifère. – Miniature inscrite dans un encadrement architecturé doré avec saints ou apôtres dans des niches gothiques. On remarque le chiffre N et E relié par une cordelière à deux reprises dans l’encadrement. Cette miniature nous apparait avoir été peinte par Colombe ou un collaborateur et demeure un peu à part du reste des enluminures dans ce manuscrit. Elle est intéressante en raison des modèles qu’elle copie. On trouve dans les Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920, fol. 253) un Christ bénissant à la composition semblable. Il a été avancé que la tête du Christ bénissant des Heures de Louis de Laval a pu être peinte par un artiste fouquetien (voir Avril et Reynaud, 1993, p. 329 ; Avril et al., 2003, cat. 35), un artiste « faiseur de têtes » qui est responsable des têtes des Sibylles dans les Heures de Louis de Laval (par exemple fol. 20v). On signalera que le Christ des Heures Bureau rappelle celui dans une miniature plus petite mais avec des traits forts semblables dans les Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920, fol. 104), avec de lourdes paupières, en partie fermées laissant entrapercevoir des yeux bleus, et une barbe peinte par petites touches de peinture.
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