ARISTOPHIL INAUGURALE 20 DECEMBRE 2017

211 155 VOLTAIRE (1694-1778) L.S. «Volt», aux Délices 16 août 1760, au comte de TRESSAN; la lettre est écrite par son secrétaire Jean-Louis WAGNIÈRE; 2 pages in-4 (un coin déchiré sans perte de texte). Signed letter, signed «Volt», Les Délices, 16 August 1760, addressed to the Count of TRESSAN; the letter is written by his secretary Jean-Louis WAGNIÈRE; 2 pages in-4 (a corner torn, no loss of text). 2 000 / 2 500 € Amusante lettre sur ses adversaires Lefranc de Pompignan, Fréron et Palissot. Il recommande au «cher gouverneur» deux Genevois, MM. Turretin et Rilliet, en jurant «que je n’envie nullement ni Pompignan, ni même Fréron, je ne voudrais être à la place que de ceux qui peuvent avoir le bonheur de vous voir et de vous entendre. Il me parait que ce FRÉRON vous a un tant soit peu manqué de respect dans une de ses malsemaines. Il faut pardonner à un homme comme lui enyvré de sa gloire et de la faveur du public. Mon cher PALISSOT est-il toujours favori de Sa M. Polonaise ? Comment trouvez vous la conduite de ce personnage et celle de sa pièce ? Notre cher frère Menou [Joseph de Menoux] m’a envoyé de la part du Roy de Pologne [STANISLAS], l’Incrédulité combatue par le Simple. Essai par un roy; essai auquel il parait que cher frère Menou a mis la dernière main»… Il va envoyer bientôt à Tressan le premier volume de son Histoire de Pierre premier : «Vous scavez que c’est un hommage que je vous dois; je n’oublierai jamais certain petit certificat dont vous m’avez honoré [voir le n° précédent]; quoique je sois occupé actuellement à bâtir une église, je me sens encore très mondain; l’envie de vous plaire l’emporte encor sur ma piété; j’espère que Dieu me pardonnera cette faiblesse, et qu’il ne me fera pas la grace cruelle de m’en corriger. Je scais qu’il faut oublier le monde, mais j’ai mis dans mon marché que vous seriez excepté nommément; plaignez moi, monsieur, d’être si loin de vous et de vieillir sans faire ma cour à ce que la France a de plus aimable»… Correspondance (Pléiade), t. V, p. 1069. 156 VOLTAIRE (1694-1778) L.S. «V» avec date et 3 lignes autographes, «a Ferney par Geneve» 12 novembre [1760], au comte de TRESSAN; la lettre est écrite par son secrétaire Jean-Louis WAGNIÈRE; 3 pages in-4. Signed letter, signed «V», date and 3 autograph lines, «A Ferney par Geneve», 12 November [1760], addressed to the Count of TRESSAN; the letter is written by his secretary Jean-Louis WAGNIÈRE; 3 pages in-4. 1 500 / 2 000 € Belle lettre au nouveau gouverneur de Bitche, parlant de ses ouvrages historiques. «Respectable et aimable gouverneur de la Lorraine allemande, et de mes sentiments; mon cœur a bien des choses à vous dire; mais permettez qu’une autre main que la mienne les écrive, parce que je suis un peu malingre. Premièrement, ne convenez vous pas qu’il vaut mieux être gouverneur de Bitch, que de présider à une Académie quelconque ? Ne convenez vous pas aussi qu’il vaut mieux être honnête homme et aimable, qu’hipocrite et insolent ? […] Je m’imagine pour mon bonheur que vous êtes très heureux, […] loin des sots, des fripons, et des cabales. Vous ne trouverez peut être pas à Bitch beaucoup de philosophes, […] mais en récompense, vous aurez tout le temps de cultiver votre beau genie»; il partagera son temps entre Lunéville, Bitche, et Toul, et pourra faire venir près de lui «des artistes et des gens de mérite qui contribueront aux agréments de votre vie»… Il a su par Frère SAINT-LAMBERT que «le Roy STANISLAS n’était pas trop content, que je préférasse le Législateur Pierre au grand soldat Charles [après l’Histoire de Charles XII, roi de Suède, Voltaire a publié l’Histoire de l’empire de Russie sous Pierre le Grand] : j’ai fait réponse, que je ne pouvais m’empêcher en conscience de préférer celui qui bâtit des villes à celui qui les détruit, et que ce n’est pas ma faute si S.M. Polonaise elle même a fait plus de bien à la Lorraine par sa bienfaisance, que Charles 12 n’a fait de mal à la Suède par son opiniatreté. Les Russes donnant des loix dans Berlin, et empêchant que les Autrichiens ne fissent du désordre, prouvent ce que valait Pierre»... Il a joué «le Vieillard sur notre petit théâtre, avec notre petite troupe, et je l’ai fait d’après nature. Je suis enchaîné d’ailleurs au char de Cérès, comme à celui d’Apollon; je suis masson, laboureur, vigneron, jardinier. […] je n’ai pas un moment à moi, et je ne croirais pas vivre, si je vivais autrement; ce n’est qu’en s’occupant qu’on existe»… Il termine en ajoutant de sa main : «Recevez le tendre et respectueux témoignage de tous les sentiments qui m’attachent à vous pour toutte ma vie; le Suisse V.» Correspondance (Pléiade), t. VI, p. 81. sciences humaines

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