ALDE. Paris LIVRES ANCIENS et LIVRES DU XIXe siècle

38 80 [MONTBÉLIARD]. Les Actes du colloque de Montbeliardt : qui s’est tenu l’an de Christ 1586... entre tresrenommez personnages le Docteur Jacques André... et le Sieur Theodore de Beze... Montbéliard, Jacques Foillet, 1587. In-8, maroquin havane, médaillon ovale doré au centre, dos orné de fleurons aldins, dentelle intérieure, tranches dorées (Allô). 4 000 / 5 000 Édition originale des actes du colloque de Montbéliard. Il s’agit du premier livre imprimé à Montbéliard et du seul sorti du premier atelier typographique de la ville, établi par le comte de Montbéliard dans un moulin à papier des rives de l’Allan. Lorsque le duc Frédéric Ier de Wurtemberg (1557-1608) prit possession du comté de Montbéliard, en 1577, son premier acte administratif fut de publier dans ses États une « formule de concorde », qui fixait le corpus doctrinaire luthérien. Cette publication, rejetée par l’ensemble des réfugiés français, d’obédience calviniste, ralluma immédiatement les dissensions dans les églises montbéliardes. Afin de pacifier la ville, le comte organisa un colloque théologique, qui se tint à Montbéliard du 21 au 29 mars 1586. Théodore de Bèze (1519-1605) devait y représenter la doctrine calviniste et Jakob Andreæ (1528-1590), professeur de théologie à l’université de Tübingen, les thèses luthériennes. Ces discussions ayant « échoué misérablement », Frédéric de Wurtemberg imposa sa propre confession de foi au comté. La discussion eut néanmoins un grand retentissement. Les actes du colloque, tenu en latin, ont été traduits en français par le pasteur Samuel Cucuel. Pour les imprimer, le duc de Wurtemberg fit venir exprès Jacques Foillet (1554-1619), typographe originaire de Tarare dans le Lyonnais, converti au luthéranisme et établi maître imprimeur à Bâle, dont il fit installer les presses « dans le moulin à papier situé sur la rive droite de l’Allan, pas loin du faubourg Sainte-Suzanne et en face du village de Courcelles-lès-Montbéliard » (Jean Muller), moulin qui avait été érigé en 1575 par Eusèbe Episcopius. Nul autre ouvrage ne sortirait de ce premier atelier, toutefois, car « papeterie et imprimerie furent incendiées le 18 janvier 1588 par l’armée des Guises, et Foillet s’installa (après un séjour à Besançon) au mois de juin, dans la ville même, au bâtiment des Halles. » Établie définitivement à Montbéliard de 1591 à sa mort en 1619, l‘imprimerie de Jacques Foillet acquit une véritable importance ; « on pourrait citer, écrit Deschamps, une immense quantité de livres de polémique religieuse, de sciences et de belles-lettres sortis de cette importante officine. » L’ouvrage est d’une très grande rareté. L’Universal Short Title Catalogue n’en cite que 14 exemplaires dans les bibliothèques publiques de France (5), d’Allemagne (4), de Suisse (3), de Pologne et de Suède. Aucun n’est passé sur le marché au cours des dernières décennies. Très bel exemplaire remarquablement établi par Charles Allô. Particularité de tirage : le verso du titre est blanc dans cet exemplaire, alors que dans celui de la bibliothèque de Montbéliard il est orné des armes Wurtemberg-Montbéliard gravées sur bois. Annotation manuscrite datée 1605, partiellement effacée au lavage, au bas de la p. 27. Quelques insignifiants frottements à la reliure ; marges des feuillets de garde brunies. Jean Muller, Répertoire... XVIe siècle, III, 47, n°1 (cite 5 ex. seulement) – Nardin, Jacques Foillet, 1905, n°1 – Roux, Recherches sur l’imprimerie à Montbéliard, 1905, n°1 – Deschamps, 873 (« Ce fut à la suite du célèbre colloque [...] que l’imprimerie fut introduite dans cette ville »).

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