AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES – LIVRES ANCIENS et MODERNES

47 46 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 234 ROUSSEAU Jean-Jacques (1712 - 1778). L.A.S. « Renou », [Monquin] samedi 29 juillet [1769, au marquis de BEFFROY, gouverneur de Bourgoin] ; 1 page in-8 (légères taches marginales sur un bord). [En août 1768, Rousseau, sous le pseudonyme de Renou, a trouvé refuge à Bourgoin ; c’est là qu’il a épousé Thérèse Levasseur le 30 août.] « De retour […] depuis deux jours d’un petit voyage, j’ai guetté jusqu’à présent sans succès le moment d’aller vous remercier et Madame la Marquise de l’honneur de votre souvenir et de vos bontés tant pour Made Renou que pour moi. Je ne tarderai pas, Monsieur, à remplir ce devoir avec le plus véritable empressement »… Le botaniste ajoute en post-scriptum : « Je n’ai pu déraciner les Ornitogales quoique j’aye travaillé pour cela, mais on m’a donné dans mon voyage une bulbe de l’Orchis mouche auquel j’espère que vous voudrez bien donner un petit coin de vôtre jardin ». 2 500 - 3 000 € 235 SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900 - 1944). MANUSCRIT autographe, Chez le receleur, [vers 1927] ; 4 pages sur 4 feuillets in-4 à en-tête des Grands Cafés de Toulouse. Plan d’un scénario inédit, avec 2 petits dessins. L’action, proche du roman policier noir, se passe dans un vieux manoir, en pleine campagne profonde. Un bandit est en fuite et son portrait dans les journaux ; des inspecteurs sont à sa recherche, le préfet fulmine. Deux truands, H. et T., règlent leurs comptes. Le découpage donne de nombreuses indications de temps, de cadrage, de jeux d’acteurs, voire de montage. « Chez le receleur – journaux – 2° type qui jette sa cigarette et lit. Journal froissé par le vent. Une prime de 10.000 francs est offerte à qui fournira la retraite... Il semble qu’il se soit établi dans la région de Rouen… […] Les marchands de journaux qui parlent en s’éloignant (idée d’éparpillement). 2° sous la pile de journaux. 3° les trois inspecteurs floués qui lisent et jettent le journal avec dépit (comique). 4° des joueurs de manille (grosse pile de soucoupes) à moustache ou barbe (petit boutiquier) qui discutent à grand coup sur le journal puis commandent une nouvelle tournée et chacun prend l’air vainqueur. 5° une concierge sur le trottoir qui discute là-dessus avec le facteur. 6° Pluie de journaux Toutes ces scènes vont en accélérant »… Etc. 1 500 - 2 000 € 236 SAND George (1804 - 1876). L.A.S. « G. Sand », Nohant 7 septembre 1875, à Gustave FLAUBERT ; 2 pages in-8 à son chiffre GS. Belle lettre où elle réconforte son ami Flaubert. Tu te désoles, tu te décourages, tu me désoles aussi. C’est égal, j’aime mieux que tu te plaignes que de te taire, cher ami, et je veux que tu ne cesses pas de m’écrire. J’ai de gros chagrins aussi et souvent. Mes vieux amis meurent avant moi. Un des plus chers [Jules BOUCOIRAN], celui qui avait élevé Maurice et que j’attendais pour m’aider à élever mes petites-filles, vient de mourir presque subitement. C’est une douleur profonde. La vie est une suite de coups dans le cœur. Mais le devoir est là : il faut marcher et faire sa tâche sans contrister ceux qui souffrent avec nous. – Je te demande absolument de vouloir et de ne pas être indifférent aux peines que nous partageons avec toi. Dis-nous que le calme s’est fait et que l’horizon s’est éclairci. Nous t’aimons, triste ou gai »... Correspondance, t. XXIV, n° 17515. 1 200 - 1 500 € 237 SWINBURNE Algernon Charles (1837 - 1909). L.A.S., Londres 29 avril 1870, à Victor HUGO ; 2 pages in-8 ; en français. Belle lettre d’admiration littéraire et politique pour Victor Hugo. « Mon cher et grand maître Chaque fois que je reçois un mot de votre main c’est pour moi une occasion de bonheur et d’orgueil. Ce fut surtout avec un grand plaisir que j’appris que mon étude imparfaite et tronquée sur L’Homme qui rit avait trouvé grâce à vos yeux, et que je relus dans les colonnes du Rappel mes quelques phrases à ce sujet. J’aurais voulu faire plus et mieux, mais le temps pressait. Je crois en effet avoir traduit assez fidèlement le poëme qu’on m’a fait l’honneur de me confier ; mais un des plus beaux vers est “manqué” dans ma traduction, parce que la langue anglaise n’a malheureusement pas d’équivalent au délicieux mot effleurer. Je termine en ce moment un volume de poésies républicaines dont quelques unes seront, je crois, reproduites dans le Rappel. C’est difficile, et surtout c’est audacieux, de tenter après vous ce chemin escarpé et sublime ; mais peut-être y retrouveriez-vous, en me faisant traduire par une voix amie, quelques traces des études dont mon enfance s’est abreuvée. J’espère qu’un jour vous me permettrez de vous remercier à vive voix de tout ce que vous avez fait pour moi, comme pour le monde »… 1 000 - 1 200 € 238 VALÉRY Paul (1871 - 1945). L.A.S. « PV », Jeudi soir 22h [5 juillet 1917], à Pierre LOUŸS ; 3 pages et demie in8, enveloppe. Longue lettre en onze paragraphes numérotés. … « II. Une chose que P.L. ne sait pas. P.V. a une vieille connaissance, très vieille. C’est le gracieux Apulée. Il chérit très particulièrement cette vive et vivante Apologie que tous les deux ans il relit avec bonheur – seul ouvrage qui lui donne l’impression d’un certain monde antique ». Au sujet du Sermon sur la Montagne : pourquoi vouloir qu’il soit « moins juif que le reste. On ne voit rien dans le Xtianisme qui ne soit juif. […] IV. Substantia rerum. Le sens évident est – Les choses que nous espérons n’étant ni sensibles ni démontrables, il faut qu’elles soient supportées (en nous) par autre chose encore. Par quoi ? Par ce que j’appelle Foi. Si nous espérons, c’est en vertu de ce quelque chose »… Il admire cette phrase de Stendhal : « Dans tous les partis, plus un homme a d’esprit, moins il est de son parti »… « VIII Le Caïd des Ouled a une étrange presse. La dédicace à Bourget lui vaut la réputation d’aspirer… à l’Ac. Française. »… Les discours en l’honneur d’Henri Poincaré lui ont paru « honteux, indigne du mort et des vivants ; de la langue littéraire et de la science. Si jamais, pourtant, une Académie devait servir à quelque chose – c’est aujourd’hui. X. P.L. aura ronchonné, c’est clair, de n’avoir pas de lettre, hier. Pas une minute ne l’a permis »… 500 - 600 € 239 VERLAINE Paul (1844 - 1896). L.A.S. « PV », Mardi 23 [octobre 1888, probablement à Joris-Karl HUYSMANS] ; 2 pages in-8 sur papier quadrillé (pli médian renforcé). Belle lettre de l’époque de la rue Royer-Collard, où Léon Bloy et Huysmans viennent en aide au poète. « Mon cher ami, Si ma jambe me l’eût permis par ces temps abominables j’eusse certes été vous porter une lettre que ma “pauvreté” (lisez misère) m’interdisait d’affranchir. Une vente de quelques pauvres bouquins m’enhardit à cette orgie ce jourdhui précisément où je reçois votre aimable missive. Si vous pouviez m’envoyer le plus tôt possible les 35 fr. en question par mandat, ça ferait l’affaire de mes pieds que des chaussettes impossibles et d’infâmes “ripatons” déshonorent vraiment et justement aux yeux de ma propriétaire. Et ideo, si possible, envoyez ça par mandat dès ce mot reçu. Ça ne m’empêcherait pas d’avoir le plus grand plaisir à vous voir mercredi dans l’heure indiquée (7) d’autant plus que j’ai l’air d’être un ingrat, après tous les excellents et gentils services que vous m’avez rendus, vous et le bon Bloy […] À propos d’écriture, M. l’abbé Dewez m’a envoyé une lettre concernant Bloy que je n’ai pas jugé convenable d’envoyer à ce dernier, tant elle était… bête ! Et comme de juste, je n’y ai pas répondu. – On m’offre un lit à l’hôpital d’Aix-les-Bains. Mais c’est toujours la même affaire ! Voyages et règlement de comptes chez ma propriétaire qui me fait un nez long comme ça et des discours terribles dont je n’ai cure mais qui finissent par me faire tinter une cloche de bois… provisoire, terrible aussi ! “Qu’y faire ? Ah, laisser faire !” Broussais serait là, à la rigueur ! »... Il donne son adresse : « 14 r. Royer-Collard ». 500 - 700 € 240 VERLAINE Paul (1844 - 1896). L.A.S. « P. Verlaine », Paris 7 juillet 1892, à son éditeur Léon VANIER ; 1 page in-8. Il lui envoie « Mademoiselle Krantz pour toucher le plus possible du solde de Mes Prisons. Nous démé et eménageons, ce qui exige de l’argent ». Il sera une fois de plus « mon très cher débiteur…j’allais dire bienfaiteur !! J’irai cette après-midi, si vous devez y être, recopier, arranger des choses dans votre arrière-boutique »… Il donne sa nouvelle adresse « 9 rue des fossés St Jacques ». 300 - 400 € 234 235 236 237 238 239 240

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