AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES – LIVRES ANCIENS et MODERNES

45 44 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 229 NOAILLES Anna de (1876 - 1933). Le Cœur innombrable, avec des pastels de l’auteur gravés sur bois par DARAGNÈS (Paris, Librairie des Champs-Élysées, 1931), 1931. In-fol., relié maroquin fauve, dos lisse, large décor mosaïqué polychrome avec filets, dorés ondés sur les plats et le dos, doublures et gardes de daim marron, encadrement intérieur de motifs mosaïqués et de filets dorés ondés, tranches dorées, couvertures et dos, chemise doublée à dos et recouvrements de maroquin fauve (le dos orné comme les plats), étui accidenté (Mad. Gras). Édition tirée à 68 exemplaires, avec décomposition de couleurs d’une planche, exemplaire n° 8 ; justifié par l’auteur et par l’artiste. Elle a été imprimée par Jean-Gabriel Daragnès, avec les bois en couleurs gravés par Daragnès d’après les pastels d’Anna de Noailles. Ttitre-frontispice, et 28 vignettes dans le texte. Nombreux petits culs-de-lampe. Exemplaire enrichi d’un pastel original monogrammé (rose bleue), et de de 5 poèmes autographes publiés dans ce recueil (7 pages in-fol. en tout, avec ajouts et corrections) : Chanson pour les jours d’été (publié sous le titre Le Baiser), La Nuit (publié sous le titre À la nuit), L’Ardeur, La Nature et l’homme (publié sous le titre Fraternité) ; et d’une L.A.S. à Antonio de La Gandara au sujet du don de ces manuscrits. Ex-libris d’Antonio de LA GANDARA. 300 - 400 € 230 PICABIA Francis (1879 - 1953). POÈME autographe signé « Francis Picabia », Cahin-caha ; 2 pages petit in-4. Beau poème plein de fantaisie et de jeux de langage, apparemment inédit. Il compte 42 vers. « Le train, nerveusement, rentre chez lui. C’est l’heure d’aller à la gare, votre fiancée, monsieur le curé, est incapable de faire la route à pieds »… 800 - 1 000 € 231 PROUST Marcel (1871 - 1922). L.A.S. « Marcel Proust », à une dame ; 2 pages in-8 (traces de collage au dos du 2e feuillet). Leçon de style. Il répond à la hâte : « La phrase est ce qu’il y a même d’assez gentil chez lui, son côté assez gentil etc. une manière de concevoir les choses dans laquelle on se compte pour rien etc. Donc les 2 fautes étaient l’oubli de l’y (ce qu’il y a même) et l’oubli de on devant quoi où ne serait pas très euphonique. Dans laquelle est mieux. L’et qui précède est inutile (une manière etc dans laquelle on se compte) »… 500 - 700 € 232 PROUST Marcel (1871 - 1922). L.A.S. « Bunnnn », Mardi [23 mai 1911, à Reynaldo HAHN ; 4 pages in-8 Belle lettre à son ami, à propos du Martyre de Saint Sébastien dansé par Ida Rubinstein. [Proust a assisté le 21 mai à la répétition générale du Martyre de Saint Sébastien de Gabriele D’ANNUNZIO, musique de Claude DEBUSSY, dansé par Ida RUBINSTEIN.] « Petit Gunimels, Pardonnez-moi monstrueux égoïsme de vous avoir mêlé à mes stupides agitations, mon état de santé était mon excuse. Et hélas, en revoyant votre lettre j’ai vu la nouvelle de cette mort [Leni Falk, née Seligman, nièce de Reynaldo Hahn, morte le 22 mai], faisant évanouir toute cette stérile agitation auprès des chagrins réels, de la vie terrible qu’on oublie trop. Depuis quelques jours je ne cessais de penser à votre pauvre petit neveu [Édouard Seligman, frère de Leni, mort en 1907] le sourd muet, à qui je pense souvent, dont je rêve souvent, un des seuls êtres pour qui je ne puisse pas croire que l’existence est finie et qu’il n’a pas ailleurs une compensation à son incomplète vie. […] Cher Buncht, mêlé sans interruption à toute ma vie (je vous avais écrit plusieurs lettres hier). Tout ce qu’il y a d’étranger chez Annunzio s’est réfugié dans l’accent de Me Rubinstein. Mais pour le style, comment croire que c’est d’un étranger. Combien de Français écrivent avec cette précision. Comme je finis toujours par venir à vos opinions j’ai trouvé les jambes de Me Rubinstein (qui ressemble moitié à Clomenil [la courtisane Léonie de Clomesnil], moitié à Maurice de Rothschild) sublimes. Cela a été pour moi, tout. Mais j’ai trouvé la pièce bien ennuyeuse malgré des moments, et la musique agréable mais bien mince, bien insuffisante, bien écrasée par le sujet, la réclame et l’orchestre bien immense pour ces q.q. pets. Dans le temple du 3e acte, j’étais persuadé que c’était la marche des Petits Joyeux [chanson d’Aristide Bruant] qu’on jouait. Mais tout à la fin, sous le soleil aux rayons raides, après la mort de St Sébastien, il y a un bel instrument joyeux »… Et il ajoute : « C’est un four noir pour le poète et le musicien. On n’est même pas venu dire les noms ». Correspondance, t. X, n° 139, p. 288. 3 000 - 4 000 € 233 PROUST Marcel (1871 - 1922). L.A.S. « Marcel Proust », 102 Bd Haussmann [décembre 1913, à J.H. ROSNY aîné] ; 4 pages in-8. Au sujet des démarches de Lucien Daudet auprès des académiciens Goncourt en faveur de Du côté de chez Swann. « Lucien Daudet a pris trop à cœur un bruit calomnieux auquel je n’avais pas ajoute foi et que je m’étais fait un absurde scrupule de sincérité de ne pas lui taire. Il a multiplié en faveur de mon livre des démarches qui prouvent l’adorable générosité de son cœur et qui étaient entièrement spontanées : je ne lui avais demandé d’en faire aucune. Mais je ne les ai certes pas regrettées puisque grâce à elles j’ai pu apprendre qu’un des écrivains pour lesquels j’ai l’admiration la plus profonde avait lu mon livre, l’avait lu avec bienveillance. Un témoignage comme celui que vous voulez bien me donner dans votre lettre a plus de valeur pour moi qu’un prix ; j’espère que vous ne pouvez pas en douter. Si vous avez trouvé quelque mérite à mon livre, le mérite est j’espère d’une sorte qui impliquait, qui présupposait, qui nécessitait une compréhension véritable de votre œuvre, et assez de distinction morale pour mettre plus haut qu’une récompense académique, le suffrage de l’auteur de l’impérieuse bonté. C’est vous dire avec quelle joie j’ai reçu votre lettre et la vivacité de la reconnaissance dont je vous prie d’agréer ici la bien sincère et bien déférente expression »… Correspondance, t. XII, n° 198. On joint une copie ancienne du sonnet de Paul VERLAINE, A Villiers de l’Isle-Adam, 25 août 1889 (vendue comme autographe, Sotheby’s Paris 15 mai 2012, n° 102). 2 500 - 3 000 € 231 232 233

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