39 38 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 211 FLAUBERT Gustave (1821 - 1880). L.A., [Paris] Dimanche [29 novembre 1846], à Louise COLET ; 2 pages in-8. Billet amoureux. Une note de Louise Colet indique, en tête (avec une erreur de date) : « billet remis à la main 2 décembre 1846 ». «Comme si ce n’était pas assez de tout ton amour tu m’offres encore tous les hommages et tout l’amour qu’on t’a donnés. Merci de cette attention de la médaille, elle m’est sacrée à plus d’un titre. À demain donc nos adieux. J’embrasserai Henriette [fille de Louise] tu prendras ce baiser pour toi. Je le donnerai en pensant à toi. Je ne vois pas où nous pourrions nous revoir le soir. Ce soir j’ai eu bien du mal à m’échapper ma mère est malade et je me suis enfui sous prétexte d’aller passer une demi-heure chez M. [Maxime Du Camp]. Il faut que je rentre. Nous partons mardi probablement par le convoi de 9 h. Comme elle était douce la petite promenade que nous avons faite l’autre jour, à pied seuls dans cette rue déserte... Aussitôt rentré à R. [Rouen] je t’écris une longue lettre où je te dirai tout ce qu’ici je ne puis te dire. Je suis trop pressé. M[axime] est tellement occupé de ses affaires d’argent que je ne le vois pas. Adieu donc à demain. Je te reconduirai jusque sur le perron et je te donnerai une dernière poignée de mains réprimée. Adieu adieu mille tendresses, mille baisers, et encore plus du cœur que de la bouche. » Correspondance (Pléiade), t. I, p. 409. 800 - 1 000 € 212 FLAUBERT Gustave (1821 - 1880). 2 L.A.S. « Gve Flaubert », [Paris février 1870, à son amie Jeanne de TOURBEY] ; 1 page in8 chaque sur papier bleu. 4 heures [après le 12 février]. « Impossible, ma belle & chère amie ! J’ai une extinction de voix complète, une grippe affreuse – avec fièvre. Je me suis donné trop de mal pour la représentation de l’Odéon [au bénéfice du monument à Louis Bouilhet, le 12 février]. J’ai fait trop de courses ! Je suis exténué »… Jeudi 3 h. [17 février]. Il est malade et la remercie de sa sollicitude, mais il n’a besoin de rien : « Forget me serait inutile et les bonbons ne me serviraient pas ». Il voudrait la voir, mais ne le peut pas « parce que je suis hideux avec mon emplâtre sous l’œil. Cela me forcera à manquer le mariage & le dîner du bon Troubat. Ma grippe se passe – & je me remets un peu de mon extrême lassitude ». Il viendra la voir dès qu’il pourra se montrer. « D’ici là, mille tendresses, ma chère belle amie tout à vous corps & âme »... 500 - 600 € 213 FLAUBERT Gustave (1821 - 1880). L.A.S. « Gve Flaubert », Croisset près Rouen mercredi 24 [juin 1874] ; 1 page in-8. « Il me semble (?) qu’en classant les papiers de Bouilhet j’ai vu passer sous mes yeux les larmes d’une veuve ? mais je n’en suis pas sûr. Ce ms est peut-être resté avec plusieurs autres aux mains de l’héritier de Bouilhet. Si je ne devais partir demain pour la Suisse, je me livrerais immédiatement aux recherches que vous désirez »… 500 - 600 € 214 GUITRY Sacha (1885 - 1957). L.A.S. en vers (minute signée « S »), [1937 ?], au petit-fils de G. Lenôtre ; 1 page petit in-4, en-tête Villa d’Este, Cernobbio, Lago di Como. Épître au petit-fils de l’historien Gosselin Lenôtre, que Guitry admirait et consultait parfois. Cette jolie pièce se compose de 20 vers : « Vous êtes le petit-fils de monsieur Lenôtre ? Eh ! Bien, alors, soyez des nôtres ! Vous avez très envie, Me dites-vous, de me connaître ? J’en suis ravi »… Il l’invite le jeudi 3 à midi : « C’est toujours à midi Que je reçois les petits-fils des historiens ». 300 - 400 € 215 HUGNET Georges (1906 - 1974). MANUSCRIT en partie autographe, Sous le jour surréaliste ; 18 pages in-4, dont 8 autographes, à l’encre rouge sur papier quadrillé, avec ratures et corrections. Texte rédigé à deux mains, et qui semble être un essai, ou bien une conférence. Le titre est de la main de Georges Hugnet ; l’autre main n’a pas été identifiée. Malgré une erreur de numérotation (pas de p.16), le manuscrit est complet. « Dès maintenant, Surréalisme qu’on ne verra plus qu’entre guillemets dans les textes théoriques et critiques adopte un sens déterminé une direction, et déjà établit des volontés, qu’on n’aille pas s’imaginer que je lui cherche une date et un lieu de naissance. Il procède du merveilleux et comme tel, il a toujours existé »…. 800 - 1 000 € 216 HUGO Charles (1826 - 1871). MANUSCRIT autographe, [vers 1845] ; cahier petit in-4 (19 x 15 cm) de 22 pages plus ff. blancs, cartonnage d’origine de papier gaufré noir à motifs végétaux, dos de basane noire (découpage au premier plat de la couverture, petite découpe en haut du 1er f., quelques ff. arrachés au début du cahier), chemise demi-maroquin bleu nuit, étui. Curieux document inédit, rapportant des propos de Victor Hugo, et une causerie au sujet de Mme de Staël. Charles Hugo, dont l’écriture imite celle de son père, rapporte dans la première partie des propos de Victor Hugo. Le texte (incomplet de son début) passe de la fin d’une histoire de montre volée, au récit d’un crime commis par des brigands basques, dits « traboucaires », le 21 février 1845 : vol de passagers d’une diligence, et enlèvement, séquestration, mutilation et assassinat de l’un d’entre eux. À ce récit émaillé de détails cocasses, s’ajoutent plusieurs anecdotes de voyageurs face aux brigands, recueillies au Pays basque (où Hugo s’était rendu en 1843) ; puis le souvenir du bagne de Brest (que Victor Hugo a visité en 1834), où Hugo rencontre l’homme « qui arrêta à lui tout seul la diligence de Toulouse. Il avait affublé d’habits et de chapeaux des échalas qui bordaient la route. Puis il avait mis d’autres échalas en travers, comme des fusils faisant le mouvement de coucher en joue. […] Il fut condamné aux galères à perpétuité. Je l’ai vu au bagne de Brest. Il avait l’air intelligent et fin. Je m’approchai de lui et je lui dis : “Il y avait de l’esprit dans votre idée.” Il me répondit : “Et de la bêtise aussi puisque c’est ce qui fait que je suis ici.” » La seconde partie, intitulée M. de Lacretelle et Mme de Staël, est en quelque sorte le procès-verbal d’une causerie entre Hugo et LACRETELLE jeune, et leurs épouses au sujet de Mme de STAËL, à qui l’on attribue du charme, des boutons et l’inconvenance de recevoir des personnages haut placés pendant sa toilette : « Victor Hugo. C’est incroyable. Toujours entre deux chemises ? M. de Lacretelle. Toujours. Elle appuya nonchalamment son bras nu sur mon épaule. Je restai interdit. J’avoue qu’en ce moment je fus le garçon plus sot du monde »… Et Lacretelle de multiplier des souvenirs de Corinne, Benjamin Constant, Soumet, M. de ***, M. de Rocca, Mme Tallien… « Victor Hugo – On ne se figure pas une impudence pareille à celle de Mme de Staël. Un jour, l’empereur était au bain ; elle voulut entrer malgré la consigne ; elle entra de force en s’écriant : le génie ne connaît point de sexe ! L’Empereur la reçut comme elle méritait, avec sévérité. J’avoue que je me sentirais pour une telle femme une répugnance inexprimable. Je comprends parfaitement les dédains de M. de Lacretelle. D’ailleurs, elle n’avait aucun talent. C’est un préjugé que Mme de Staël. Elle a écrit des ouvrages empire, et elle a inventé des héros style-pendule »… 400 - 500 € 214 215 216
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