AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES – LIVRES ANCIENS et MODERNES

33 32 Lettres & Manuscrits autographes • 15 mai 2024 200 COCTEAU Jean (1889 - 1963). MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau », Le petit prince est assis à la terrasse du Fouquet’s bar, [1910?]; 4 pages oblong in-fol. (27 x 35 cm) de papier musique. Long poème de jeunesse. Ce poème, de 13 sizains, a été publié dans la revue Comœdia le 12 juin 1910 ; il n’a pas été retenu dans Le Prince frivole (Mercure de France, 1910). « Le soir est violet et mou comme une figue L’oisiveté m’emplit d’une aimable fatigue Je confonds la nature et l’artificiel »… Le manuscrit est curieusement rédigé sur des feuillets de papier à musique, à l’encre noire ; il présente de nombreuses ratures et corrections, et d’importantes variantes avec le texte publié. Ainsi une nouvelle version des trois premiers vers cités ci-dessus est notée en marge ; c’est celle qui sera retenue pour la publication. Les deux dernières strophes sont très différentes de celles publiées. Œuvres poétiques complètes (Pléiade), p. 1476-1478. 800 - 1 000 € 201 COCTEAU Jean (1889 - 1963). MANUSCRIT autographe, [vers 1910] ; 5 pages et demie in-fol. (32 x 24 cm). Brouillons de poèmes de jeunesse, avec ratures et corrections. Suite de trois sizains : « Oui tout mon cœur bondit et fond / Devant cette blanche tunique »…Une autre version en est reprise sous forme de scène avec Colombine et Pierre. Une autre suite de quatre quatrains (le 3e encore à l’état d’ébauche) : « Vous parliez à la fois de vers et de chemises / Et Brummel alternait avec Chopenhauer »… 700 - 800 € 202 COCTEAU Jean (1889 - 1963). Le Mystère de Jean l’Oiseleur. Autoportrait N° 33. [1924]. DESSIN original à l’encre de Chine et collage, numéroté au crayon rouge, avec MANUSCRIT autographe. 25,5 x 20 cm à vue (encadré). En marge de son autoportrait, Cocteau a inscrit ce commentaire : « Ronsard, Mozart, Uccello, Saint-Just, Radiguet, mes amis étoilés, j’aspire à vous rejoindre. » Le projet du Mystère de Jean l’Oiseleur est né en octobre 1924 à Villefranche-sur-mer. Dans sa chambre de l’Hôtel Welcome, Cocteau « n’a plus d’autre interlocuteur que lui- même. De la table devant laquelle il est assis, il se voit dans la glace de son armoire [...] Les 31 autoportraits auxquels il ajoute quelques phrases ou des bribes de texte font partie de ses trésors. Sûreté et simplicité du trait, acuité du détail, pertinence et sincérité du propos [...] En mêlant l’écriture et le dessin qui n’est “qu’une écriture dénouée et renouée différemment”, Cocteau offrira à l’éditeur Édouard Champion l’une de ses plus belles œuvres poétiques : Le Mystère de Jean l’Oiseleur. [...] Le titre intrigue. Un oiseleur attrape des oiseaux à l’aide d’un filet. Cocteau capture-t-il les pensées qui lui viennent à l’esprit pour les serrer dans une page ? » (Dominique Marny). Ces 31 autoportraits de Jean Cocteau sont « des vues plongeantes sur son âme » (Pierre Bergé). Le Mystère de Jean l’Oiseleur paraîtra en 1925 chez Édouard Champion sous la forme d’une phototypie du manuscrit faite par Daniel Jacomet et tirée à 142 exemplaires. 2 500 - 3 000 € EXPOSITIONS Jean Cocteau, Staatliche Kunsthalle, Baden-Baden, 1989, n° 247 ; Jean Cocteau, Musée d’Ixelles, Bruxelles, 1991 ; Jean Cocteau, Centre Pompidou, Paris, 2003-2004 ; Jean Cocteau, sur les pas d’un magicien, Palais Lumière, Évian, 2010. PROVENANCE Collection Liliane et Étienne de Saint-Georges, Bruxelles ; vente Sotheby’s Paris, 24 novembre 2010, n° 216. 203 COCTEAU Jean (1889 - 1963). L.A.S. (une étoile), [début 1940 ?], à Jean MARAIS ; 1 page in-4. Belle lettre sur l’absence de l’être aimé, mobilisé. « Mon Jeannot. Les journées sont dures et longues à vivre. Mais je m’occupe toujours de notre petite maison. Cela me soulage de dire “la chambre de Jeannot” et de l’imaginer comme tu l’aimerais. Je donnerais cher pour te voir avec ta petite tête rasée dans tes arbres »... Il le remercie de ses lettres adorables mais regrette de ne pas pouvoir le situer « et voler en rêve jusqu’à toi ». On parle sans cesse de lui … « Pourvu que tu aies reçu mes lettres et que tu saches que je ne bouge pas de la chambre du Palais-Royal. Bébé [Christian Bérard] veut se rendre à Fourques avec Boris [Kochno]. Je resterai seul – mais je ne suis jamais seul puisque tu m’accompagnes partout et que j’entends ta voix et ta galopade dans les escaliers »… Il lui promet de rester brave et calme, car il est certain que toutes ces mauvaises nouvelles « nous mènent secrètement au but. Personne mieux que nous ne connait ces chemins secrets de la destinée. Je te bénis et je te veille ». 300 - 400 € 204 COCTEAU Jean (1889 - 1963). L.A. signée d’une étoile, [19 ? avril1940], à Jean MARAIS ; 1 page petit in-fol. arrachée d’un bloc de dessin. Lettre fiévreuse à la veille d’une première. [La lettre a probablement été écrite le soir de la générale ou la veille de la première, le 20 avril 1940 au théâtre des BouffesParisiens, de deux pièces de Cocteau : Le Bel Indifférent, pièce en un acte (monologue) avec Édith PIAF et Paul Meurisse, et Les Monstres sacrés avec Yvonne de Bray et Madeleine Robinson ; décors de Christian Bérard.] « Mon bon ange Je rentre crevé. […] Journée terrible avec des machinistes grotesques. Décor pas fini – Bébé fou de de désespoir etc… Robinson n’a pas été bonne ce soir et empêchait le jeu d’Yvonne – elle rendait la pièce et le rôle incompréhensibles. J’espère qu’il y aura un miracle demain. Piaf et Meurisse sont prodigieux – mais tous les bruits et les lumières restent à régler. La fin de l’acte est mauvaise. Il faut que je trouve un coup de génie demain. Sinon cela retombe, ce qui est dommage étant donné l’effet total »… Il meurt de crainte pour son Jeannot mobilisé : « Toi-toi-toi – rien que toi et te faire jouer avec Piaf – c’est mon rêve. Je te bénis. Fais une prière que le miracle arrive demain ». 250 - 300 € 205 COCTEAU Jean (1889 - 1963). L.A.S. « Jean »et étoile, Dimanche minuit [début juin 1940, à Jean MARAIS] ; 1 page et demie in-4 sur papier bleuté. Belle lettre d’amour avant de fuir Paris pour l’exode. « Mon Jeannot Je t’écris encore pendant que nos amis B. [BERL] préparent leurs valises. Il faut partir cette nuit. C’est le rêve qui continue. Je te rêve avec moi. Je voyagerai sous notre étoile, notre étoile ne nous trompera pas. J’ai tant prié que Dieu nous réunira vite. Mon ange, je te conjure de penser à notre “but” et à n’opposer aucune fierté à la force si tu te trouves en face d’elle. Accepte et ferme les yeux. Tu me verras. Tu verras notre cœur – notre PalaisRoyal – notre ange dont les calculs nous échappent. Je te bénis ». Au dos, il donne son adresse à Perpignan, chez M. Breton. 200 - 250 € 200 201 202 203 204 205

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