92 Livres modernes 90 ARTAUD (Antonin). Révolte contre la poésie. Paris, 1944. — In-8, 250 x 190 : (12 ff. 2 premiers et dernier blancs), couverture imprimée. Maroquin vert foncé, peinture originale signée de Néjad collée sur les plats, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés, étui bordé (Devauchelle). 2 000 / 3 000 € Édition très rare, tirée à seulement 50 exemplaires sur Arches, plus 12 exemplaires de présent non mentionnés dans la justification. Ce manifeste, dénonçant la violence de la poésie, fut écrit et publié pour la première fois dans une version ronéotypée par Artaud en 1943 à l’hôpital psychiatrique de Rodez où il était interné. L’édition de 1944, presque aussi rare, en est la première imprimée et non l’originale comme indiqué dans l’ouvrage. Précieux exemplaire relié par Devauchelle, recouvert sur les plats d’une peinture originale abstraite signée du peintre Turc NÉJAD DEVRIM (1923-1995). « Un jeune peintre turc d’à peine vingt-cinq ans au talent éclatant et à la personnalité éblouissante s’impose comme l’une des révélations du Paris d’après-guerre. Néjad Devrim, né en 1923 à Istanbul, séduit autant par la richesse de sa peinture que par son charme personnel. Il devient un habitué du salon d’Alice B. Toklas, compagne de Gertrude Stein. […] Pour Georges Boudaille, l’oeuvre de Nejad Devrim (1923 - 1995) se comprend comme une recherche du point de jonction entre l’héritage islamique et l’art occidental. Arrivé à Paris en 1946, il vient se confronter à la modernité et se lance à corps perdu dans la grande aventure de la Seconde École de Paris. Son travail, imprégné d’héritage oriental qu’il ne reniera jamais, se tourne résolument vers l’abstraction. Dès l’année suivante, une galerie lui consacre une exposition personnelle et, en 1950, il est choisi par le galeriste Sidney Janis pour exposer à New York avec Pollock et de Kooning. Jusqu’à la fin des années 60 il continuera d’exposer, de voyager en Europe, aux États-Unis, en Asie centrale et en Union soviétique, fondera avec le critique Charles Estienne le Salon d’Octobre, se liera d’amitié avec de nombreux autres artistes et particulièrement Sonia Delaunay dont il sera très proche. Quand il choisit à sa façon de tourner le dos au succès, de quitter Paris et de s’exiler en Pologne, c’est l’un des plus brillants et singuliers artistes de l’abstraction qui s’éclipse. Malgré cet effacement volontaire, il sera toujours reconnu comme un artiste déterminant. Sa peinture frappe immédiatement par la richesse de ses couleurs et de ses constructions, d’une force d’apparence presque brutale mais toujours maîtrisée » (arguments des éditions El Viso pour l’ouvrage Néjad Devrim - La dernière bohème de Clotilde Scordia paru en 2023). L’exemplaire est enrichi d’une photographie noir et blanc du portrait d’Artaud peint par Yvonne Gilles, et de deux brochures pour deux expositions de Néjad, l’une à New York en 1956 et l’autre à Copenhague en 1961. Dos légèrement passé.
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