ADER Nordmann. Paris. LETTRES AUTOGRAPHES & MANUSCRITS

66 Il remercie avec émotion de l’envoi des « exemplaires tout frais du Démon : ils avaient en même temps l’impeccable netteté des pièces de précision lorsqu’elles sortent de leur moule de sable et de fonte – et l’éclat, le velouté des êtres vivants, le soin et l’amour qui s’y expriment ». Jamais un de ses ouvrages ne lui a apporté une telle satisfaction ; il loue la précision de l’architecture, la perfection et la réussite de ce travail de composition… Pour le service de presse, il veut se limiter « aux grands organes littéraires », dont les représentants sont des amis : Bertelé pour Confluences, Amrouche pour L’Arche, Max-Pol Fouchet pour Fontaine, Louis Parrot pour Les Lettres françaises. Seghers a dû déjà recevoir un exemplaire, qu’il lui dédicacera… – 23 novembre. Il remercie Heyd pour son accueil lors de sa visite à Neuchâtel et pour son avance, somme qui lui a permis de remplacer ses vieux et tristes vêtements de l’Occupation par une tenue plus correcte, plus « gentleman ». Il se réjouit surtout qu’Uhler [fondateur d’Ides et Calendes] et Heyd aient aimé les textes qu’il leur a apportés : il est très heureux de paraître, « dans cette belle, parfaite et noble architecture typographique ». Ce goût de la perfection caractérise la Suisse, et il a reconnu dans leur travail « cet air de grandeur, de fidélité, de propreté morale et matérielle qui fait de l’“homo helveticus” une réussite moderne », etc. Éluard n’a pas de dessin de Picasso à proposer… 27 avril 1952. Il lui envoie « mon petit livre “Un mot pour un autre” second volet de mon diptyque “Humoreux” dont le premier était “Monsieur Monsieur”. Le démon du théâtre s’étant emparé de moi je viens de donner à Sylvain Dhomme une comédie, Les Amants du métro qui commencera cette semaine avec Les Chaises (une étonnante pièce de Ionesco) »… – 3 juin. « Il est rare d’allier à ce point – comme vous le faites si chaleureusement – l’amitié et la compréhension. » Il est content qu’il ait aimé ses « petits bouquins humoreux », malgré les bêtises qu’on a pu en dire !... Il revient bientôt à son « ancien métier de “poète sérieux” » avec son recueil Destination inconnue, à paraître à la NRF, et parle de ses nombreux projets… – 7 octobre, à propos d’un projet de poésies illustrées par Picasso, avec Guillevic, Paul Éluard et André Frénaud qui vont envoyer leur accord par lettre. Mais faut-il aussi l’accord de Picasso ? Tardieu précise qu’il était allé l’été dernier à Vallauris remettre en mains propres au peintre « à titre d’hommage, mes poèmes que j’avais “manuscriptés” avec soin ». Il a de plus modifié son recueil Destination inconnue en en retirant les « poèmes-Picasso » et Les Dieux inutiles : « vous aurez ainsi la garantie d’exclusivité de ces textes ». Il envoie La 152. Jean TARDIEU (1903-1995). 13 L.A.S., 1945-1953, à Richard Heyd à Neuchatel ; 28 pages in-8 ou in-4, enveloppes. 1 000 / 1 200 € Intéressante correspondance littéraire et amicale avec le directeur des éditions Ides et Calendes. Paris 5 janvier 1946. Vœux de nouvel an pour la «première année de paix dans le monde? […] bouchons-nous les oreilles et, obstinément, songeons au “mieux” possible, même si la mode attache à l’optimisme le grelot du burlesque ». Il a apporté à Éluard un manuscrit pour sa collection “L’Honneur des poètes” et lui a fait part de son désir « d’illustrer “notre” livre d’un dessin de Picasso. Éluard n’en ayant pas pour le moment, il lui a suggéré de contacter le peintre directement, mais Tardieu ne le connait pas… Quelles seraient les conditions à proposer à l’illustrateur ? Tardieu aimerait aussi connaitre les conditions que lui fait Heyd pour Le Démon de l’irréalité, « déduction faite de l’avance de 500 francs suisses », en précisant « que vos droits de reproduction se limitent à la présente édition de demiluxe et que je suis libre, par ailleurs, de disposer du texte ». Il cherche une maison d’édition pour un conte pour enfant qui pourrait faire un album. Il en a promis un autre à Gallimard, « une Table de Multiplication en 10 petites histoires rimées »… – 5 juillet.

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