ADER Nordmann. Paris. LETTRES AUTOGRAPHES & MANUSCRITS

24 .../... Le 22 septembre 1950, il écrit : « J’entre, aujourd’hui même, dans ma septième année de détention, ayant été arrêté le 22 septembre 1944. Cela fait une coupe sombre dans la vie d’un homme. Moins sombre évidemment, que le poteau. Mais tout de même»… Et il accompagne sa lettre d’une Note confidentielle de 5 pages pour « sortir d’ici », examinant la voie légale, avec les démarches en cours, puis la voie illégale, au cas où les Communistes prendraient le pouvoir et où les Russes marcheraient vers l’ouest, Clairvaux se trouvant entre les Russes et Paris, demandant à Janine de fournir des motos pour organiser son évasion et sa fuite… Le 28 décembre, il apprend l’échec des démarches, en la réussite desquelles il n’avait pas cru ; il faudrait pour cela une nouvelle Chambre, un nouveau gouvernement, le départ de certains magistrats : « il ne reste plus pour la Haute Cour, que le Maréchal, l’amiral de Laborde et moi »… En janvier 1951, il est question d’une intervention en sa faveur du général Juin, appuyé par Eisenhower et les Américains … En juin 1951, Janine Duclos obtient l’autorisation (jointe) de visiter le détenu, qui évoque dans ses lettres le souvenir des visites de son amie, et suit par la pensée ses séjours en Bretagne ; il espère que les efforts de Janine vont abréger sa détention… Il la charge de vendre son piano Bechstein, pour venir en aide à sa mère… En 1952, il est question d’un second recours déposé par Me Aujol. En janvier 1953, sa mauvaise vue perturbe l’historien qui comptait consacrer son hiver « à la mise au point définitive de mes manuscrits – Les 60 jours (qui nécessitent certaines corrections), le Loup et le Léopard, l’Anthologie et le Soleil de Minuit – mais hélas, il me faut absolument y renoncer, non parce que cela me fatigue, mais parce que c’est une impossibilité matérielle. Écrire même, demeure difficile. Songez que je vois à peine ce que je vous écris sur cette feuille… il est vrai que cela a peu d’importance, puisque je vous écris moins avec les yeux qu’avec le cœur »… Le directeur de Clairvaux va mettre en marche son dossier de libération conditionnelle… Le 3 avril, il annonce son départ le 7 pour Troyes ; il va passer devant une commission préfectorale : « un jour, je vous expliquerai ce que c’est que “l’épuration”, et 8 ans 1/2 de détention, et les chaînes, et toute la séquelle. Et vous verrez que c’est tout autre chose que ce que l’on croit en général. Ce n’est pas terrible, physiquement ; mais c’est désespérant moralement, et épuisant pour les nerfs, d’être constamment sous la coupe – mais sous la coupe absolue – de fonctionnaires mesquins, hypocrites, sournois et surtout imbéciles »… Le 5 juin : « Demain, 6 juin, il y a six ans, jour pour jour, en 1947 j’étais condamné à mort. Nous ne nous connaissions pas encore. C’est étrange comme la vie arrive à tisser sa toile, victorieuse de l’absence, des murs, des bourreaux »… Des complications surviennent en juillet, avec une interdiction de séjour prononcée par le préfet du Finistère… De février à avril 1954, JBM séjourne avec sa mère au château d’Argeronne (Eure), chez la comtesse de Monmort. Il se remet au travail, mettant au point la préface de son Histoire de l’armée allemande, Le Loup et le Léopard, les Soixante jours qui ébranlèrent l’Occident, Le Soleil de Minuit, etc. En septembre, séjour à Beg Meil (et envoi à Janine de la traduction d’un poème de Walter Scott). Le 18 novembre, il est de retour dans son appartement parisien de l’Avenue de Clichy. Les lettres et les cartes postales donnent désormais des nouvelles de son intense activité littéraire (dictant quand il est trop occupé), de ses voyages (Jérusalem, Égypte, Allemagne, Libye, Maroc, etc.), de sa santé et de celle de sa mère, commente la situation politique en France et dans le monde, etc.. On a relié à la fin du 2e volume 9 L.A.S. de Benoist-Méchin à L. Duclos (père de Janine), du 28 décembre 1950 (à Clairvaux) au 10 novembre 1958. On joint plus de 500 L.A.S. de Janine DUCLOS à Jacques Benoist-Méchin, du 16 février 1949 au 18 janvier 1980 (montées sur onglets en 5 volumes in-4 reliés toile bise avec pièces de titre), souvent longues (plus de 1 000 pages in-4 ou in-8), qui permettent de rétablir le dialogue.

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