ADER Nordmann. Paris. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

86 162. Henri de RÉGNIER. Manuscrit autographe signé, La Vie Littéraire. Marcel Proust, André Gide, Paul Valéry par Paul Souday, 3 volumes, Kra – Mallarmé par Jean Royère, 1 vol. Kra ; 5 pages et demie in-4. 400 / 500 € Chronique parue dans Le Figaro du 27 septembre1927, consacrée principalement aux études de Paul Souday sur Marcel Proust, André Gide et Paul Valéry. Régnier parle d’abord des « erreurs » de la Critique, et du travail du critique littéraire, dans lequel Souday a « apporté ses qualités propres d’intelligence et de talent. Il s’y montre curieux et très informé de toutes les manifestations de l’esprit et il joint à une culture très solide et très étendue une rare fermeté de jugement et une franchise d’opinion qui va jusqu’à la rudesse »…. Puis Régnier se montre assez sévère sur André Gide : « Je ne nie pas à M. Gide une certaine valeur littéraire, et quelques-uns de ses premiers ouvrages ne sont pas sans mérite. Il y a de l’estimable dans Les Nourritures terrestres et dans La Porte étroite, mais comment M. Souday peutil accorder une importance quelconque à une platitude comme La Symphonie pastorale ou à des élucubrations absurdes comme Les Caves du Vatican et Les Faux-monnayeurs ? Heureusement il signale, pour les réprouver, les pages dégoûtantes qu’on peut lire dans Si le grain ne meurt. Comment M. Paul Souday s’est-il laissé prendre à la médiocrité prétentieuse de ce médiocre prosateur ? »… Il souligne que Souday fut un des premiers à saluer « en Marcel Proust un écrivain de la plus curieuse et de la plus personnelle originalité, doué d’un sens psychologique extrêmement subtil » ; il rend « un compte exact du développement de l’œuvre proustienne dont il avait prévu, dès son début, la singulière nouveauté et présagé le retentissement »… Quant à Paul Valéry, il est « maître des ressources les plus profondes et les plus aigües de la langue, et il n’y invente qu’avec l’appui des données classiques et traditionnelles. Sa hardiesse et son ingéniosité de pensée s’accommodent des règles de l’usage et des moyens expressifs habituels, tout en sachant leur donner un tour et un accent particulier. Poète et prosateur, M. Paul Valéry n’a recours à aucun des stratagèmes linguistiques chers aux écrivains de décadence. Qu’il évoque la Jeune Parque ou le Cimetière marin, qu’il dialogue avec Eupalinos ou disserte dans Variétés, son style emploie les mêmes structures syntaxiques et use des mêmes matières verbales. L’hermétisme de ses écrits n’a pas une cause formelle ; elle provient du jeu elliptique de la pensée, de la disjonction des idées ou de l’imprévu de leurs rapports »... L’article se termine par le compte rendu du livre de Jean Royère sur Stéphane Mallarmé, préfacé par Valéry, qui « esquisse en passant un bref tableau de ce que fut et eût pu être l’œuvre de Mallarmé si elle n’était pas demeurée qu’un mirage de magnifiques possibilités esthétiques et poétiques. […] Dans un émouvant et discret chapitre, M. Jean Royère nous dit que la noble vie de cet héroïque et pur poète qui la voua toute à la méditation et à la domination de son Rêve et ne consentit jamais à lui sacrifier autre chose que les heures indispensables à donner aux nécessités d’une existence qui n’était que la condition de sa vraie vie, celle où il se trouvait, solitairement et magnifiquement, face à face avec lui-même ». On joint une photographie de presse de l’inauguration au Père-Lachaise du monument à la mémoire de Paul Souday (24 avril 1931) ; et des coupures de presse.

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