74 145. Pierre LOUŸS. 4 L.A.S. « Pierre » ou « P », et 2 L.A. (minutes), 1909, à son frère Georges Louis ; 16 pages in-8 ou in-12, 2 enveloppes. 500 / 600 € Correspondance inédite. – [Juin]. Récit d’un dîner ennuyeux. – Mardi [8 juin]. Violentes migraines de son épouse Louise : « quand je la vois comme aujourd’hui hurler et se tordre sur son lit, et crier qu’elle aimerait mieux avoir les deux mains broyées que de souffrir ce qu’elle souffre… qu’est-ce-que cela peut-être ? »… – Dimanche [13 juin], au sujet de Gilbert de Voisins, qui part « pour un long voyage d’exploration en Chine »... – [22 juin]. Bilan des dépenses et frais du ménage.. « je ne joue jamais, ni à la Bourse, ni aux courses, ni aux cartes […] je n’ai pas de maîtresse ni d’écurie, ni de cave, ni de vice quelconque ». Il lui faudrait un poste dans une bibliothèque ou un musée, comme en ont eu d’autres écrivains de premier ou « du dernier ordre »… – [27 juin]. Dès que Georges sera nommé ambassadeur en Russie, il aura les visites de Richepin, Hervieu, et G. Lecomte, au nom de la Société des Auteurs et de celle des Gens de Lettres : « Le vote de la Douma autorisant les russes à jouer pour rien les auteurs français, sous prétexte que la Russie est pauvre, a fait un bruit énorme chez ces messieurs » ; si Georges réussissait à résoudre ce conflit, il aurait toute la presse pour lui… – Samedi soir [13 novembre]. Sur ses vaines démarches et négociations pour se sortir de son impasse financière… Puis il évoque sa collaboration avec Gémier pour la mise en scène de la pièce La Femme et le Pantin, mais ce sera pour l’an prochain… « Je ressemble ce soir à un pêcheur qui serait en pleine tempête et à qui l’on dirait : “Vous coulez. Mais ne vous plaignez pas. Il fera beau le 20 mai.” »… 146. Pierre LOUŸS. 5 L.A.S. « Pierre » ou « P » et 8 L.A. (minutes), 1910, à son frère Georges Louis ; 31 pages in-8, 2 adresses, 7 sur papier à en-tête du Grand Hôtel de Tamaris. 600 / 800 € Correspondance en grande partie inédite, notamment lors des séjours de Louÿs à Tamaris. – [Fin mars ?]. Colère de Polaire à qui Louÿs a refusé de jouer La Femme et le Pantin : « elle m’a fait prévenir qu’au cas où elle recevrait cette lettre, elle m’assassinerait à coup de revolver »… – [Avril]. Sur un projet de baisse du prix des timbres (avec coupure de presse) entre la France et l’Angleterre…. – Mercredi [29 juin]. Sur sa santé : « ce sont mes bronches, toujours mes bronches qui m’épuisent. Il faudrait que 30 fois par minute ou 40.000 fois par jour je fisse un effort musculaire pour respirer. Je ne peux pas. C’est épuisant »… – Mercredi [6 juillet]. « Je ne suis plus dans l’état aigu des deux plus mauvais jours de la semaine dernière où je ne pouvais même pas tenir une plume mais d’hier à aujourd’hui cela augmente de nouveau »… – [Juillet-août]. Au sujet d’un quatrain de Jean Moréas, et de La Maison du Berger de Vigny, « un sommet de notre langue française »… – Jeudi soir [25 août]. Visite à Tamaris de sa sœur Lucie et de son beau-frère Edmond Chardon. – [Août]. Dîner avec André Lebey ; les manœuvres électorales en Lozère… – [1er septembre]. Fureur de voir annoncée dans un journal (coupure) la Fête de Sedan : « Si j’étais moins malade, et capable de soutenir une polémique, quel plaisir j’aurais à faire un article avec tout ce que je pense là-dessus ». Il rappelle la délicatesse des Allemands lors de son séjour à Bayreuth le 2 septembre 1891 « Sedantag ». – [Septembre ?]. Il dément les bonnes nouvelles sur sa santé : « Parce que je suis gras et que j’ai bonne mine. C’est exact. Je suis gras et j’ai bonne mine. Le contraire serait bien plus étonnant car l’emphysémateux maigre et pâle n’existe pas dans la nature »… – Sur Claude Farrère et ses Petites Alliées : « On a lu les Petites Alliées. On sait que Toulon est une ville de plaisir à partir de 8 h. du soir. On devine que j’y passe mes soirées et mes nuits ; que j’y mène une vie de folles débauches ; qu’on ne voit que moi dans les soupers – comme à Paris, d’ailleurs »... – 12 novembre. « Depuis que tu as quitté Tamaris je n’ai eu que de mauvais jours et de tristes pensées. C’est pour cela que j’écris le moins possible ». Et il cite une lettre de Félicien Rops en 1892… Son séjour de huit mois à l’hôtel à Tamaris peut paraître extravagant : « Je suis resté deux ans et demi de suite chez moi parce que je ne voulais pas quitter Paris sans payer mon terme et je suis ici depuis huit mois parce que je ne veux pas quitter l’hôtel sans régler ma dette ». Il évoque enfin la pièce La Femme et le Pantin adaptée avec Pierre Frondaie et dont les répétitions au théâtre Antoine ont commencé, malgré les menaces de Polaire… – Il se plaint des moustiques : « Agacement et démangeaison, voilà tout. Mais cette chasse au moustique qui nous réveille une ou deux heures toutes les nuits, à l’heure du premier sommeil, je crois qu’elle finirait par être pour quelque chose dans notre fatigue à tous deux »… –Il n’est pas atteint de neurasthénie : « Je ne peux pas et je ne veux pas vivre de ma plume. […] je ne veux pas changer ma prose en argent cela me dégoûte »… Il a besoin d’un « appui matériel et extralittéraire », pour faire face à ses dettes… On joint 7 notes ou minutes autographes de lettres (8 p. in-8) : son budget et ses dettes, les philologues, un déjeuner à la Porte Maillot, le climat d’Alger ; la politique : articles de Tardieu, Fachoda et l’affaire des déserteurs, la question marocaine, les chefs d’État…
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