ADER Nordmann. Paris. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

73 144. Pierre LOUŸS. 6 L.A.S. « Pierre » ou « P », et 2 L.A. dont la fin manque, 1907-1908, à son frère Georges Louis ; 22 pages in-8 (la dernière réparée à l’adhésif). 700 / 800 € Correspondance en partie inédite, autour de son amitié avec Claude Farrère. 1907. Samedi matin [29 juin]. Pierre Louÿs (alors à Tamaris) tente d’arranger un mariage entre son ami Charles Bargone (Claude Farrère) et une amie de sa belle-sœur Paz. « Un refus de sa part lui serait donc (à B.) plus funeste que son acceptation ne lui serait certainement utile. Il n’y a donc pas à hésiter. Il ne faut pas le nommer tout de suite » ; une rencontre est indispensable entre la jeune fille et son ami qui « a toujours été aimé des dames et en a eu (je ne dis rien du présent) de fort jolies surtout parmi les femmes du monde… et leurs filles. Il ne m’a nommé personne ; mais à Toulon, on sait tout, et j’ai vu des yeux noirs ou bleus qui seront certainement des comparaisons redoutables. Je m’explique donc très bien qu’il veuille faire un mariage d’inclination et que la question de sympathie mutuelle soit au premier rang »... – Samedi soir [13 juillet]. « Je vais être contraint de revenir dans huit jours et vraiment j’aimerais autant, cette fois, partir pour la Plata ou pour Tahiti parce que je sens bien que je ne me tirerai jamais de ma vie à Paris et que la littérature est désormais un moyen d’existence fermé pour moi. […] Il faut bien que je me dise ceci : c’est que depuis ma neurasthénie de 1902 je n’ai terminé aucun livre. Voici la sixième année d’un arrêt complet dans ma production littéraire. Je ne compte pas pour des livres les deux fonds de tiroir intitulés Sanguines ou Archipel. Depuis six ans j’ai vécu de rééditions, de remoutures, de publications de luxe et autres expédients, dont quatre avances sur quatre livres à faire dont aucun n’est écrit. Cela ne peut pas continuer ainsi ». Il demande à Georges de l’aider à « obtenir un consulat quelque part ou une direction de bibliothèque où de musée »… – Jeudi [29 août] (la fin manque), racontant sa collaboration en 1905 avec Claude Farrère (Charles Bargone), qu’il a aidé à rédiger, publier et diffuser Pour vaincre sur mer, concernant la marine militaire : « J’ai rarement vu un livre de polémique avoir une influence plus discrète et plus forte. Je n’avais fait aucune réclame sur le livre, de sorte que les gens influents ont pu adopter ses idées et les signer comme personnelles! »… – Vendredi soir [11 octobre]. « Je suis absolument éreinté. Chaque nuit je dors huit heures comme une masse ; il faut ensuite à Louise trois quarts d’heure d’efforts pour me réveiller ; et tout le reste du jour je suis dans l’état de quelqu’un qui aurait passé deux nuits blanches ! » Psyché n’avance pas : « c’est une période de neurasthénie comme celle qui a suivi l’effort de Pausole et qui a duré des années. Seulement celle-là sera plus sérieuse »… – Samedi soir (la fin manque). Louÿs et son épouse sont venus passer quelques jours chez une amie : « Notre hôtesse est on ne peut plus gentille et fait tout ce qu’elle peut pour nous être agréable ; et elle ne réussit qu’à se rendre insupportable. […] Et les semonces pour me faire renoncer à la cigarette ! “Quand je ne fume pas, je me sens mal, je suis obligé de sortir. – C’est tout le contraire, c’est le tabac qui te rend malade.” Tu penses comme j’ai attendu à l’âge de trente-sept ans pour me convertir à ce raisonnementlà ! »… 1908. – [12 janvier]. Sur la démarche de Georges auprès de Gaston Doumergue pour la nomination de Pierre dans la Légion d’honneur: « Il me considérait comme un ennemi des siens. Ce n’est pas du tout une démarche d’ennemi que tu as faite, au contraire. – Qu’il soit ravi de ne pas m’accorder ce que je demande, c’est tout naturel ; mais je suis certain qu’après ta visite il a moins de défiance à notre égard que s’il avait appris dans une autre circonstance et par une autre bouche que la tienne, que j’étais ton frère »… – Mardi soir [avril], sur sa décision d’attaquer en justice son éditeur Eugène Fasquelle : « Pendant les quinze premières années de ma vie littéraire, de 1892 à 1907 j’ai eu des ups and downs ; mais depuis deux ans, la descente est exagérée, et elle vient uniquement de cette querelle »… – Lundi [21 septembre]. Sur les tensions franco-allemandes : « Sont-ils désagréables ces gens-là ! »... On joint : – une note autographe sur son avenir matériel (1 p. in-8) ; – une L.A.S. (incomplète du début) de Louÿs à sa belle-sœur Paz, [juin 1907], au sujet du projet de mariage de Bargone (4 p., avec un brouillon de réponse de Georges Louis) ; – 2 l.a.s. de Paz Louis à Pierre, juin-juillet 1907, au sujet de Bargone.

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