38 81. Georges BERNANOS (1888-1948). 2 L.A.S., Thoisy par La Chapelle Vendômoise (Loir-et-Cher) [septembre 1946], à Edmond Limbourg à Bruxelles ; 4 pages et demie in-4, une enveloppe. 400 / 500 € Correspondance relative à la préparation d’une conférence, à son séjour en Allemagne et à la paix. Il accepte la date du 23 novembre et en a informé Albert Béguin. « Je suis un peu confus de l’honneur peu mérité que vous me voulez rendre et je vous remercie de tout cœur. Ce sera toujours un bon souvenir pour moi lorsque je casserai la glace dans un des camps de concentration du Canal de la Mer Blanche ». Il a été très occupé depuis son retour de Suisse, « car j’ai neuf personnes avec moi, enfants et petits-enfants, c’est un grand travail que de déplacer tout ce monde ». Il évoque son séjour en Allemagne où il était invité par le général Koenig. « Peut-être pourrez-vous vous procurer le numéro du 18 septembre de la Bataille, où j’ai fait allusion au caractère universel du drame allemand, ce qui m’a valu, bien entendu, les injures de la presse russe de langue française à Paris. Rien n’est plus urgent, pour l’avenir et la paix du monde – si le monde a encore un avenir – que de rassembler et de sauver les débris de la vieille chrétienté allemande. En la laissant se damner, nous nous damnerons avec elle. J’ai parlé jadis l’allemand, il y a très longtemps de cela, c’est à dire dans mon enfance, car ma sœur et moi avions une gouvernante allemande. Elle nous avait même donné une pointe d’accent bavarois! […]. Il me semble que certaines choses indispensables ne pourraient être faites qu’au moyen de contacts personnels, qui me seraient, d’ailleurs, bien nécessaires à moi-même, car je pense de plus en plus à cette “Lettre aux Allemands” ou “aux catholiques allemands” – préférablement, peut-être, aux chrétiens allemands… Je crois que mon devoir est de l’écrire. Et pour l’écrire, c’est moins le courage qui me manque, que le temps. Priez pour moi »... On joint un télégramme de Bernanos au même. 82. Georges BERNANOS. Manuscrit autographe, [1946] ; 5 pages et quart in-4 sur papier d’écolier, nombreuses ratures et corrections. 300 / 400 € Une note autographe signée d’Albert Béguin, d’avril 1949, jointe au manuscrit de Bernanos, donne des précisions :« Ébauches d’un article de 1946 à propos d’un mot du R.P. Riquet sur l’union des Français. Reprises successives du même texte, écriture de premier travail, de mise au net provisoire puis définitive »… « Le thème de l’Union est un thème facile qui permet toutes les complaisances. Dans l’anarchie morale, sociale et politique où nous sommes tombés, la véritable union, l’union qui sauve, ne saurait être réalisée sans contrainte, car elle couterait trop cher. Plutôt que de relever les murs de la cité en ruines au risque de vivre et travailler plus ou moins longtemps dans une maison sans toit, la politique est de camper sur les décombres en brûlant ce qui reste du mobilier pour se réchauffer »… Etc. 81
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