ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

379 489. Romain ROLLAND (1866-1944). P.S. avec correction autographe, 21 mai 1936 ; 1 page in-4 dactylographiée. 300 / 400 € Protestation contre les camps de concentration hitlériens. «Des milliers d’hommes sont enfermés dans les bagnes, dans les geôles, dans les camps de concentration de l’Allemagne hitlérienne. Leur crime est d’être restés intrépidement fidèles aux principes de justice sociale, de liberté, et à la paix européenne. La mort sur l’échafaud attend certains d’entre eux ; beaucoup d’autres seront assassinés lâchement par leurs geôliers, pour de soi-disant [ajout autographe] tentatives d’évasion, ou poussés au suicide, à force de mauvais traitements. Nous faisons appel à tous les hommes libres d’Europe, pour venir au secours de ces nobles victimes […] Au nom des droits de l’homme outragés, au nom de la paix des peuples menacée, au nom de l’Allemagne même opprimée et baillonnée, que la voix du monde se fasse entendre, qu’elle réclame une amnistie générale pour tous les hommes condamnés en Allemagne, à cause de leur foi politique et sociale ! Il est impossible d’établir une paix générale en Europe, avant que soit fait ce geste nécessaire de justice et d’apaisement. La paix d’Europe est enchaînée par les mains de Hitler dans ses prisons. Délivrons-la ! » 490. Romain ROLLAND (1866-1944). P.S. avec quelques corrections autographes, 10 juin 1937 ; ¾ page in-4 dactylographiée. 250 / 300 € Appel pour sauver de la mort deux résistants allemands anti-nazis. [Adolf Rembte (1902-1937) et Robert Stamm (1900-1937), militants communistes, furent décapités le 4 novembre 1937 dans la prison de Plötzensee à Berlin.] «Nous en appelons à l’opinion du monde civilisé pour sauver de la hache deux honnêtes hommes – Adolf Rembte et Robert Stamm, et des travaux forcés à perpétuité un grand pacifiste, mutilé de guerre, le député allemand Max Maddalena. Le monde est habitué à l’inhumanité du gouvernement Hitlérien. Du moins, si celui-ci avait à cœur, comme il le prétend, de défendre l’honneur allemand, il se sentirait tenu de respecter de loyaux adversaires, dont le principal a versé son sang sur les champs de bataille, pour l’Allemagne. Leur condamnation meurtrière, après un procès privé des garanties les plus élémentaires, est un assassinat ». R. Rolland rappelle les interventions de la France et de l’Angleterre en faveur des deux aviateurs allemands «justement condamnés par le gouvernement de Bilbao, pour avoir bombardé les villes basques sans défense [dont Guernica] et tué des centaines de femmes et d’enfants innocents», et les met en demeure d’élever de même la voix « pour défendre la vie des hommes condamnés par le gouvernement hitlérien pour avoir noblement soutenu la cause de la paix internationale ». 491. Maurice SACHS (1906-1945). L.A.S., 31 janvier 1942, à un ami ; 2 pages et demie in-8. 500 / 700 € Sur Marcel Proust. Il a lu les notes de son ami ; elles montrent « un cœur qui ne demande qu’à s’épanouir, un enthousiasme pour les choses de l’esprit qui touche tout autre esprit [...] Proust s’insinue en nous avec une forte douceur. Plus tard, plus avant dans la lecture, vous sentirez, peut-être, cette lassitude que vous ressentez en pratiquant Gide. Mais c’est qu’aucun auteur ne supporte d’être lu d’un coup et en masse. Car ce sont des rapports trop pleins et trop riches [...] Proust n’a écrit qu’un seul roman. Toute belle œuvre se défend, se réserve pour le lecteur patient et amoureux. Mais je crois que Proust a du doute, a de l’inquiétude, qu’il n’adhère nullement, comme vous dites, à son destin [...] Pensez, cependant, à l’angoisse atroce du jeune Marcel ». Après avoir rapproché le style de Proust de celui des mémorialistes du XVIIe siècle et des auteurs anglais, il conclut : « il faut mériter de lire Proust, et vous le méritez »...

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