ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

476 365 474. Anna de NOAILLES (1876-1933). L.A.S. « Anna », Mardi soir [1924 ?], à la Princesse Marthe Bibesco ; 8 pages oblong petit in-4 (deuil), enveloppe. 300 / 400 € Longue et belle lettre d’explications à sa cousine. « Chère Marthe, – moi aussi, je souffre. Mes deuils affreux sont en moi des voix intérieures qui ne cessent de m’occuper, même quand tu me vois causant chez Mme de Pierrebourg et ayant l’air d’être de ce monde »… Elle voudrait dissiper les malentendus, et rappelle que jadis leur cousin Antoine [Bibesco] « me reprochait avec une dure mais sincère amitié (dans ce temps-là !) d’avoir toujours confiance dans les êtres, d’être toujours certaine de la sympathie déclarée » ; il a depuis été obligé de lui envoyer des buissons de roses pour s’excuser de certains de ses propos contre elle… « Toi, tu es une musicienne, une artiste véritable, et je sais que le chant de l’âme et du verbe émeuvent en toi […] le côté du cœur qui s’est tourné vers la beauté »… Elle la met en garde contre les frères Tharaud : si elle savait la vérité ! Le cher Barrès la connaissait, mais il désirait les servir pour l’Académie. En revenant de Charmes,« par leur cruelle conversation ils ont mis des larmes dans les yeux des hommes de cœur, bouleversés. – Tu n’es pas responsable de ces choses, et tu n’aurais rien pu dire ni penser de tel, mais ces amis que tu laisses juger sévèrement dans la conversation […] ne sont pas les vrais amis, les meilleurs amis »… Elle a toujours pensé que « sous ton intelligence et ta sensibilité littéraires il y avait une sorte de maladie de caractère, qui tâche à s’exercer sur tous, mais ne persuade que quelques faibles, aveugles et flattés – mais ne prend pas sur les êtres lucides, droits, puissants. […] Pourquoi aimerais-tu sans justes réserves cette cousine trop aimée qui, même tuée de chagrin, fait naître le poétique amour sous ses pas pleins de douleur ? »… Etc. 475. Jean PAULHAN (1884-1968). L.A.S., mardi, [à John Charpentier] ; 1 page in-4 à en-tête Cabinet du Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts. 50 / 60 € Invitation à venir prendre « le thé, ou le chocolat », avec Albert Uriet ; il le félicite pour sa note sur Charles Cousin, qui est « la mesure et la subtilité même »…. 476. Jean PAULHAN (1884-1968). Manuscrit autographe signé, (1954) ; 2 pages petit in-4. 400 / 500 € Sur la psychanalyse, à propos de son ouvrage Les Paroles transparentes (Paris, Les Bibliophiles de l’union française, [1955], illustré par Georges Braque). « Ce petit récit a été écrit au front, au cours de l’année 1916. Bien que la psychanalyse n’eût pas encore, à cette époque, pénétré en France, j’en connaissais les traits essentiels grâce à un jeune écrivain allemand, Johannes N., rencontré en 1912. Johannes N. avait été guéri d’une pédérastie, dont il avait longtemps souffert, par le Docteur Freud lui-même. […] La psychanalyse est une curieuse science, qui se ruine du même mouvement qui la constitue. Car elle consiste […] à décrypter un langage secret » : celui dont nous usons pour nous parler à nous-mêmes, en particulier dans les rêves, « de ces choses que les convenances, les tabous sociaux, la simple réserve nous retiennent d’exprimer ouvertement. Or il va de soi qu’un langage secret que l’on déchiffre, cesse d’être secret. Que si les parapluies, ballons, échelles et autres accessoires de nos rêves portent bien le sens que la psychanalyse leur assigne, voici donc notre inconscient réduit, pour maintenir le secret, à former de nouveaux signes et construire un nouvel alphabet : contraint à la plus vive liberté d’expression. J’espère que les Paroles transparentes participent de cette liberté. Quant à Johannes N., il est malheureusement revenu à ses premiers goûts, et s’est séparé de sa femme».

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