ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

470 361 Autrefois cela m’aurait étonné, peiné, indigné. Aujourd’hui […] cela m’intéresse surtout comme phénomène, se rapportant au groupe non négligeable, de ceux que leur inaptitude à la solidarité ne doit pourtant pas exclure même de l’examen »… Il continue à taquiner Souday avec humour, mais préfère terminer sur « la belle dédicace de Barrès. Il dit qu’on me découvrira. J’ai peine à croire qu’un tel esprit se trompe. Alors, je ne pense pas, sans frémir, au mal qu’on dira de vous. Et je ne serai plus là pour vous défendre »… 470. Henry de MONTHERLANT (1896-1972). Manuscrit autographe, Thrasylle, [1914] ; environ 750 pages in-8 ; plus un important dossier d’environ 700 pages de brouillons, esquisses, plans, etc. (bords effrangés à certains ff.). 3 000 / 4 000 € Important manuscrit de premier jet et de travail de ce roman de jeunesse, écrit en 1914, formant un très intéressant ensemble sur la formation de l’art du romancier. Ce roman de jeunesse, écrit à dix-neuf ans, a été publié en 1983 (Paris, Robert Laffont ; Lausanne, Jean-Pierre Laubscher, illustrations dAlbert Decaris). On en lira une longue analyse dans la biographie de Pierre Sipriot, Montherlant sans masque (R. Laffont, t. I, p. 180-194). Sous l’influence du Flaubert de Salammbô, mais surtout de Virgile, Théocrite, Anacréon, Xénophon et des poètes grecs, c’est l’histoire d’un amour entre deux pâtres grecs, Thrasylle et Lycas, quinze et onze ans, dont les corps nus ou demi-nus expriment toute la pure sensualité ; c’est aussi la recherche de la beauté et une plongée aux sources du désir. Ce roman, riche d’une thématique qui se développera dans les œuvres à venir, s’est aussi intitulé L’Enfant qui a vu la beauté ou Narcisse ; le héros est d’ailleurs très souvent nommé Narcisse dans le manuscrit, qui porte sur sa dernière page : « Fini virtuellement le 27 septembre 1914 », avec l’exclamation : « Olé ! ». Il est très frappant de constater que Montherlant a déjà mis au point la méthode de travail qu’il utilisera par la suite. En effet, le manuscrit est abondamment corrigé, plein de ratures, de corrections, de suppressions, de becquets collés, résultat d’un considérable travail d’écriture (certaines pages présentent des fragments collés de trois ou quatre autres pages découpées et remaniées). Montherlant écrit au dos de papiers déjà utilisés : anciens cahiers d’écolier démembrés (mathématiques, latin, grec, catalogue de sa bibliothèque, poèmes, etc.), lettres reçues, prospectus, papiers de la Compagnie d’Assurances générales où il travaille comme secrétaire, factures, brouillons et états antérieurs, etc. Souvent, il s’amuse à tracer sur son manuscrit des dessins : caricatures, corridas et scènes de tauromachie, etc. .../...

RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==