ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

456 457 353 456. Paul LÉAUTAUD (1872-1956). L.A.S. « P.L. », 13 septembre 1950, à Auriant ; 1 page in-8 sur papier jaune. 500 / 700 € Sur les chats et les bêtes. Il lui indique un produit pour les démangeaisons de son chat Kléber et ajoute : « ce goût que vous avez pour des animaux si pacifiques, de noms de guerrier ! Navez-vous pas eu, déjà, un Napoléon ? » Léautaud s’inquiète des plaies du chat qu’il faut soigner avec précautions. Les démangeaisons viennent peutêtre du poisson : « Il est toujours bon de ne pas donner une nourriture trop forte à des animaux sédentaires et vivant enfermés ». Il ajoute : « Il n’y a qu’une compagnie au monde qui vaille celle des bêtes, Walt Whitman célébrant leur sagesse. Elles n’ont pas de religion, pas de mysticisme, elles ne se frappent pas la poitrine, elles ne connaissent pas de remords, mea culpa». 457. Paul LÉAUTAUD (1872-1956). L.A.S., [Fontenay aux Roses] 7 avril 1951, à Mme Berthier à Nogent le Roi ; 3 pages in-8, enveloppe. 800 / 1 000 € Extraordinaire lettre sur sa vie, ses amours, ses goûts pour un « portrait graphologique »... « Je suis certainement peu conformiste par toute ma méfiance et ma raillerie, dès mon adolescence pour tous les bobards moraux, civiques, romanesques, sentimentaux, familiaux, sociaux, etc. etc. Je n’ai jamais qu’une règle : le plaisir [...] Je n’ai jamais écrit que pour mon plaisir. [...] Jai toujours vécu seul et aimé à être seul. Enfant, de cinq à 10 ans, habitant avec mon père et la vieille bonne qui m’a élevé, n’ayant jamais eu ma mère, je vivais caché sous la table de la salle à manger. [...] je n’ai besoin de la société de personne. Un bon fauteuil, du silence, de quoi écrire. J’ai dans la tête la plus intéressante compagnie ». Sur ses amours. « Je n’ai jamais aimé que physiquement [...] j’ai eu deux ou trois longues liaisons (hors de chez moi, mon domicile ayant [sic] inviolable). Ma partenaire serait morte en cours d’exercice, indifférence complète. [...] en amour, ce n’est jamais moi qui ai commencé. [...] j’aime la femme, je n’aime pas les femmes. Et je n’ai jamais aimé les jeunes femmes. L’âge de l’amour, pour les hommes et les femmes, [...] c’est la quarantaine. Corps et visage, la vie a mis sur nous les marques, l’expression les plus savoureuses »... Il a été toute sa vie employé, et libre des censures des « directeurs de papier imprimé ». Bien que « sauvage, bourru, maniaque », il n’a rencontré que des sympathies, en particulier chez le directeur du Mercure de France (Alfred Vallette), « un homme à qui je dois tout comme écrivain ». Il résume alors sa vie depuis sa sortie de l’école communale, sa formation littéraire « dans de grandes nuits de lectures », son emploi de clerc chez un avoué, puis le secrétariat du Mercure de France de 1908 à 1941. Il dit encore ses goûts musicaux pour Rossini et la musique italienne, ses goûts en peinture : « Chardin, La Tour, la Rosalba, Greuze, Houdon, Manet, Courbet, des paysagistes comme Pissaro, Boudin, certains peintres anglais ». Pour lui, la grande époque était le XVIIIe siècle : « On était “Européen” pour de bon [...] Véritable apogée d’une société gaie, malheureuse, sans haines ni préjugés. On ne reverra jamais cela. Aussi : à bas la démocratie »...

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