ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

332 432. Anatole FRANCE (1844-1924). L.A.S., Pau 13 avril 1914, [à son ami Léopold Kahn] ; 2 pages in-8 à entête et vignette de l’Hôtel de France à Pau. 200 / 300 € Il est en train de relire l’Âne d’or d’Apulée, et cite en latin le passage sur la femme du meunier, qui avait tous les défauts : cruelle, impudique, ivrogne, obstinée, acariâtre ; et, sacrilège, elle feignait de révérer un Dieu qu’elle disait être unique ; elle trompait tous les hommes et son malheureux mari… Il commente : « Si cette meunière, qui feint le culte mensonger d’un dieu unique était chrétienne, la secte jouissait de peu d’estime à la fin du 1er siècle ». Il attend la visite de Gaston Calmann «qui vient à Pau en auto»… On joint une page autographe (chiffrée 54), avec des ratures et corrections, pour Les Dieux ont soif sur le marchand d’estampes Jean Blaise, qui présente des variantes avec le texte publié : « Comme tous les contre-révolutionnaires, il avait de la considération pour les puissances de la république et depuis qu’il avait été dénoncé pour fraude dans les fournitures de l’armée, le tribunal révolutionnaire lui inspirait une crainte respectueuse. […] Plusieurs fois, chaque année, il emmenait pour deux ou trois jours dans les environs de Paris des peintres qui dessinaient, sur ses indications, des paysages et des ruines, qu’il éditait et dont il tirait grand profit dans la concurrence qu’il faisait aux peintres Robert, Demarne ou Demachy. Cette fois, il résolut d’emmener le citoyen Gamelin pour faire des fabriques car le juré avait pour lui grandi le peintre ». 433. Jean GENET (1910-1986). Manuscrit autographe signé, Le Grand Balcon, [vers 1955-1956] ; 102 pages petit in-4 (21,5 x 16,5 cm) en feuilles dans un cahier à dos toilé, sous chemise à rabats maroquin rouge, étui bordé (Alix). 15 000 / 20 000 € Manuscrit de premier jet et de travail de la pièce Le Balcon. La genèse du Balcon fut particulièrement complexe, avec pas moins de quatre versions successives, à laquelle vient s’ajouter le présent manuscrit, avant l’édition originale en 1956, puis une nouvelle édition remaniée en 1960. [Voir la notice dans le Théâtre complet (Pléiade), qui mentionne ce manuscrit d’après la notice de vente, sans avoir pu l’étudier.] Le Balcon fut créé au théâtre du Gymnase le 18 mai 1960 dans une mise en scène de Peter Brook, avec notamment Marie Bell (Irma) et Jean Babilée (l’Évêque). Le présent manuscrit donne un tout premier état de la pièce (avec le personnage de la Passionaria qui deviendra Irma) ainsi qu’une version nouvelle pour certains tableaux. Il est rédigé à l’encre bleu nuit d’une écriture cursive au recto de feuillets de papier quadrillé détachés d’un cahier Héraklés, avec quelques ajouts sur les pages en regard ; non paginé (en majeure partie), il présente quelques ratures et corrections et d’importantes variantes avec le texte publié. Sur la couverture saumon, Genet a inscrit le titre España et sa signature ; une première page porte le même titre, avec la mention « 4 actes » et la signature ; la page suivante porte le titre « Le Grand Balcon 2 actes » et la signature, ainsi que cette note, postérieure (et inexacte) : « Je certifie que le manuscrit du Grand Balcon est tout entier contenu dans ce cahier avril 1956 Jean Genet ». Il comprend les tableaux suivants. 1er tableau (8 feuillets). « Une sacristie. Formée par trois paravents rouges. Dans le haut, un crucifix. Un paravent forme la paroi gauche de la sacristie. Sur la paroi de droite, un grand miroir où se reflète un lit défait. Un fauteuil, sur le fauteuil un pantalon, une chemise, un veston. L’évêque a retiré sa mitre dorée et il la considère avec ennui puis il la pose ». Ce tableau met en scène l’Évêque, Passionaria [Irma dans l’édition] et « l’enfant de chœur » (le nom, biffé dans les premières répliques, est remplacé par celui de Passionaria, qui lance la première réplique : « Ce qui est dit est dit. Quand les jeux sont faits il n’y a plus à y revenir »). Il s’achève sur cette réplique de « La femme » : « Les insurgés ont pris tout un quartier, mais la rue est libre… De temps en temps un peu de mitraille… » Une autre version de ce tableau (11 feuillets, chiffrés 2 à 12), en partie biffée et dont le début manque, met en scène l’Évêque, l’enfant de chœur et Irma ; elle est assez proche de l’édition, avec des variantes : ainsi, à sa 3e réplique, où commence le f. 2, l’Évêque jette l’ostensoir (la mitre dans l’édition). Le tableau s’achève par le départ d’Irma, et un échange de trois brèves répliques entre l’Évêque et l’enfant de chœur ; la didascalie finale est différente : l’Évêque « s’approche de la paroi de gauche et colle son œil à la fente. – Ce décor, qui était posé sur un plateau monté sur rail, se déplace, en glissant, vers la coulisse de droite de façon à rendre visible ce qui est supposé la pièce de gauche, où se passe le 2e tableau ». 2e tableau (9 feuillets). « Toujours le même lustre. Trois paravents, mais gris. Même disposition. À droite un miroir où se réfléchit un lit défait. Debout, un géant, nu jusqu’à la ceinture. Très musclé. Une barbe. Il tient un fouet dont il frappe une femme à genoux, enchaînée, vêtements lacérés. Un juge. Robe rouge. Toque dorée ». Ce tableau met en scène le Juge, la Voleuse, et le Bourreau (parfois nommé « le géant ») ; proche de l’édition, il s’ouvre sur la tirade du Juge : « car tu es une voleuse ! »…, et il s’achève par cette réplique du Juge : « Merveilleux ! Je vais donc avoir à juger tout cela. Et tu vas me raconter encore, mais plus doucement. Ah Carmen, tu vas avoir un beau travail. Juge ! Je suis juge ! »

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