ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

318 408. Louis-Ferdinand CÉLINE. 2 L.A.S. « Louis » et « Lucette Ferdine », [Meudon] janvier-mai 1957, à Robert Le Vigan ; 2 pages in-4 et 2 pages in-8. 1 000 / 1 200 € Lettres inédites à l’acteur. 12 janvier. « Mon cher Vieux tu penses bien qu’on n’arrête plus de penser à toi ! Certaines aventures sont foutrement gravées dans la viande, on les emporte au trou, et elles vous emportent. Je ne t’écrivais pas, trop accablé par d’infinis inextricables ennuis… dont l’âge ! l’âge cette mort de tous les jours ! et les infirmités ! […] Quant au reste, boykott total, impossibilité de vendre un livre, de donner une consultation… […] Le pourrissement lent où les gens débrouillards sont parfaitement à l’aise, bien menteurs, lâches, tartufes, paresseux, donneurs… tous nos potes, fiston ! pas un pour racheter l’autre ! au pays de Vercingétorix et Jeanne d’Arc une seule espèce gagne, la bourrique fainéante ! […] On est au hareng fumé, le “bouffi” ! Et tout coûte des fortunes ! Je n’arrête pas de récurer, balayer, éplucher, le boulot que je faisais à 11 ans… plus les romans inutiles, invendables… 63 berges le 27 mai! à ta santé ! »… 24 mai. « Tu as bien raison cher Vieux. Foutre du Lazare et les autres ! Si tu connaissais ceux d’USA ! cent fois plus youtres et mieux armés ! Il pèsera pas ! Del Duca, un aristo, qui possède ici une énorme “presse du cœur” avec 1000 camions, gares routières etc. a essayé N. York, il s’est fait éjecté, merdeux ! perdu des millions ! pas le poids ! Lazare bouffera la merde aussi ! Ça nous est bien égal ! On est plus dans la corrida ! qu’ils s’en cornent tous ! » Quant à « Bouilledouille, damné de la quequete et du rouquin ! il imite Gen Paul ! 4 vagins par jour et 12 litres ! C’est un faible son cœur tiendra pas, il veut trop jouir – mais je crois qu’il réussira dans la barbouille, il est très roublard. […] Pour notre compte Lucette et moi c’est la schtiarbe en dépit de bien, d’énormément, d’inimaginables humilités, productions, et nouilles et eau pure, sardines rares ! Écrasés de calomnies, haines. Sabotage systématique. La NRF est un ghetto coco pédérastique. On m’y étouffe acharnement… et idiotement en plus. […] La vie est très chère, et les impôts écrasent tout – on ne vous laisse rien – moi je n’ai que des dettes – pour en finir moi et les bêtes c’est une question de cyanure bien pur bien sec. Pas à “la Laval” ce juif abusif ! Ils se gratteront encore longtemps avant d’envoyer leurs bombes ! la chiasse ! Ouest ou Est la même! la peur du “désordre” surtout ! Une nuit de “désordre” fait lever 5 ou 6 Césars par village ! Césars noirs jaunes rouges! pas de Lazar qui comptent méli-mélo! la pagaïe atomique!»… 409. Louis-Ferdinand CÉLINE. L.A.S. « Destouches » [Meudon], 15 août [1957], au journaliste Jean Dauven ; 1 page et demie sur papier jaune, enveloppe avec son cachet encre. 400 / 500 € Il le remercie de l’envoi de Science et Vie. « L’homme que j’avais vu sur Biller Blad [?] était beaucoup plus nettement “pris” avec bonnet, sa tête ! Ceci pour renseignement technique ! A mon tour je voudrais pouvoir vous donner des précisions sur cette Taverne anglaise engloutie ! Mais cloué que je suis ici je ne puis aller à l’Ambassade et à leur bibliothèque »… 410. Louis-Ferdinand CÉLINE. Manuscrit autographe pour D’un château l’autre, [1957] ; 16 pages in-4 (27 x 21 cm). 1 500 / 2 000 € Manuscrit de travail, abondamment raturé et corrigé, d’un épisode du roman publié en 1957. Rédigé au stylo-bille bleu au recto de feuillets de papier filigrané Navarre, le manuscrit est abondamment raturé et corrigé ; paginé de 226 à 241, il correspond environ aux pages 122 à 129 de l’édition de la Bibl. de la Pléiade (Romans 1957-1961), mais présente d’importantes variantes et de nombreux passages inédits. Céline se lamente

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