ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

405 315 Elle dervichait sur le trottoir, me baisait les mains ! Raspoutine je lui faisais l’effet. Je me suis sauvé dans un taxi ! »… 15 août. «On pense bien à vous et tout pénétrés de gratitude on jouit énormément de votre admirable domicile on se régale énormément à la cuisine de Madame Thérèse, délicate, variée, revigorante, que Lucette s’en porte à ravir […] c’est une félicité terrifiante – car quels lendemains tout cela nous prépare ! On a l’habitude nous de sauter aux Abimes ! […] On va finir par un petit pavillon de banlieue, pas cher mais trop cher vu laideur mais avec le jardin – qu’il faut, absolument »… Le dimanche [16 septembre]. Débuts de l’installation à Meudon… « on a été dans la cave jouer les “épurateurs”… si on va en emporter ! ». Mais il a renversé le vinaigrier au passage… « On ira demain tantôt porter tout ça à Meudon […] Demain matin Lundi vos gens vont faire les charençons. Moi qui ai la clef je suis sur la manœuvre. À peine c’est fini j’enfourne le dur – comme convenu – et le soufflant braqué j’attends les brigands ! Dormez tranquille– c’est Bessy [chienne] la traître qui ira leur filer des patins comme ça ! Y a que Bébert [chat] et moi comme durs »… Le Jeudi [20 septembre]. Sur l’installation à la “Douloureuse” (Meudon) : problèmes de citerne, de plomberie ; mais le jardinier Poncet est formidable : « Il aurait défriché Angkor en 8 jours […] je vais me trouver bon pour 30 sacs sur mon coteau […] On a fait un déménagement en camionette qui valait son pesant. J’étais dans la bouzine enfermé avec Bessy »… Puis il parle du procès en diffamation contre Ernst Jünger, « qui se dégonfle fiasque ignoble comme tous ses pareils, mais comme j’ai été sali ça se passera pas si bénignement » ; au retour de Tixier, « y aura du sport »… Il va aller aux Domaines, « où y a parait-il les raisons qu’on m’a tout volé »… Le Samedi [22 septembre]. « Sans félonie, sans joie non plus, sans illumination, nous avons capitulé, le bidet a gagné ! » Défilé de plombiers, pour découvrir des fuites très graves… « Quant à la “Douloureuse” elle-même c’est pas à vous faire entrevoir la beauté qu’elle est parvenue, ça se raconte pas – beauté intérieure qui est à deviner du dehors – peinture, luisant, jeunesse, tout dedans ! Les peintres (3) parvenus à cette perfection sont partis. – L’électricien a fait des choses aussi »… Il rentre bredouille des Domaines : « ils disent que je suis qu’un vieux sale c. pas intéressant – que je leur dois quand même encore de l’argent – bien qu’ils m’ont déjà tout pris. Voilà comment on traite les héros. […] Oh mais je me laisse pas faire – je les menace de me réengager dans l’armée Européenne, avec ma médaille reconquise par le droit ! »… 404. Louis-Ferdinand CÉLINE. L.A.S. (paraphe), [Korsør (Danemark)] le 3 [février 1952 ?], à Charles Deshayes ; 1 page in-fol., enveloppe. 400 / 500 € « Le joliet est que le cher mac [Mac Orlan] a collaboré pendant toute la guerre aux films Continental et avec le juif tchèque Swoboda (Liberté en tchèque !) La Salade ! Je trouve tout ça bien Gaulois ! Le mac sait nager – Mais il faut bien n’est-ce pas empaler qqun ! alors ce sera moi ! »... Lettres à Charles Deshayes, p. 163. 405. Louis-Ferdinand CÉLINE. L.A.S. « LF Céline », le 22 [1952 ?], à Isidore Isou et Maurice Lemaître ; 2 pages in-fol. 1 000 / 1 200 € Curieuse lettre aux lettristes sur le langage et le style. La lettre est adressée à « Mes chers Isou – et Lemaître ». Lemaître l’a publiée sous son seul nom en 1952 dans les « Lettres au Lettriste » au n° 2 de sa revue Ur. La Dictature lettriste. «Mon Dieu je ne cherche pas à être unique! Vous le pensez bien ! Pas plus d’importance qu’un tout petit joueur de quille puisque Malherbe se reconnaissait joueur lui tout simplement... (mais tout de même beaucoup moins important que lui !). Ce qui me paraît faux c’est que vous ne soyez pas arrêté par la “traduction” vous mélimélotez toutes les langues – c’est à dire les musiques – Et c’est la musique je pense l’essentiel de nos fariboles ! Qu’aije à foutre avec Joyce ou Faulkner ? engliches ? Jamais lus ! Non que je ne parle pas l’anglais je le parle comme le français mais du Diable qu’irai rythmer en anglais ! Ce serait imbécile et grotesque, à l’âme ! Connaissez-vous Chamisso ? et son histoire ? Elle est intéressante »… Lettres (Pléiade), 52-29.

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