ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

313 401. Louis-Ferdinand CÉLINE (1894-1961). L.A.S. « LF », [Korsør mars-avril 1951 ?], à Robert Le Vigan ; 2 pages in-fol. très remplies d’une écriture serrée. 800 / 1 000 € Lettre inédite à l’acteur sur Gen Paul et la situation politique. Au sujet de Gen Paul « Golo », qui « a été convoqué par le “curieux” pour son affaire ! ça a du être joli ! Du coup il se méfie des retours de manivelle. Il me connait granit en mémoire ! Il parait qu’il a peur de l’âge, et de crever ! La “vie belle” complètement pourri. Il fait plus que des gouaches. Il a plus le courage pour le canevas – mais tout s’enlève. Il est riche. […] Riche ça veut dire terrible. […] Kif Zoulou [Zuloaga]. Tous ces gens-là nous haïssent et nous redoutent comme le choléra – contagieux de misère. Je reçois des lettres marrantes de tous ces épargnés, choyés, planqués comme le Camus – ces grelottins ! Ah quand le supplice était pour nous, c’était du spectacle ! du cirque. Mais à présent y aura des morts plein les gradins. Faudra être vachement madré pour pas crever, d’FFI ou d’atomes! […] Ce monde est absolument matérialiste, les places, les ronds, le couvert, les diams ! Tu dois avoir un mal atroce là-bas avec ces Palestiniens arrivés qui sont bien sûr plus Français que toi, plus Argentins que les Argentins, plus indiens que les Indiens ! » Quant à l’amnistie, « c’est une férocité de plus, une goguenardise. D’ailleurs moi contumax, je suis hors la loi. Il faudrait que je revienne purger pour qu’on discute. C’est-àdire repasser en Cour ! » Il raconte sa vie au Danemark, dans le froid et sans nourriture… « Le De Gaulle fera sûrement je pense, l’effroyable con sadique, “l’union des Français” (!) si ça vient au pire, avec mobilisation générale. Amnistie générale, et guerre civile en France, en attendant l’arrivée des tanks russes »… Etc. Et il conclut : « J’ai toujours pensé que Trou [Truman] et Joseph [Staline] s’arrangeraient in extremis ! […] Le du Barrysme ! universel : la du Barry : Encore une minute s’il vous plait, Mr le Bourreau ! Ils en sont tous là. Tu te souviens je leur disais à Sigmar – oui vous avez raison les Amerlocks et les Russes se battront ! mais pas dans cet acte ci ! dans le prochain ! Et vous vous êtes de l’acte où on pend Hitler ! et vous avec ! c’est pas une roue qui tourne la vie. C’est une comédie et des Actes. Il faut savoir de quel acte qu’on est »… 402. Louis-Ferdinand CÉLINE. L.A.S. « LFC », [Korsør] 5 juin [1951], à Robert Le Vigan ; 8 pages in-fol. 800 / 1 000 € Longue lettre inédite à l’acteur. Il réfléchit à l’idée de Le Vigan (de venir en Argentine). « Mais tu sais que je suis avant tout le mec archi régulier et archi sérieux – donc que je veux pas te dorer la pilule. J’ai plus envie d’être accablé de boulot, je pourrais plus, plus la force. Il me faut une ½ retraite – une place de médecin assistant logé dans un hôpital d’un pays genre Normandie ou Bretagne – avec Lucette – pénard qui me laisse bien des heures à “œuvrer” sur mon manuscrit romanesque. Voilà comme je suis – donc un sacré con – difficilement casable et piffrable ! »… Un place de médecin de port, à la santé maritime, lui plairait bien ; il a l’examen nécessaire : « j’ai même fait en cette qualité naufrage sur le Chella, Cie Paquet, torpillé devant Gibraltar, 1940 ». Il y a le problème du transfert des fonds, et il est vital que Lucette soit examinée par un chirurgien à Paris. Il lui faudrait une place modeste, mais très agréable : « c’est l’écrivain illustre qu’ils reçoivent plus que le médecin, mais illustre ». Il va envoyer les animaux par avion à Menton chez ses beaux-parents ; détails sur Pirazzoli, le beau-père de Lucette… « Ici j’ai à faire à un damné coquin le Mikkelsen – l’amnistie est tombée sur lui en sacré tour de bâton ! Comment qu’il va me restituer ce qu’il me doit ? ce grand bienfaiteur ? tous comptes faits ? Oh la la c’est ardu. Il a déjà fait 4 faillites ! et tartufe – et chiard et cruel. Le Danois c’est .../...

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