ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

310 397. Louis-Ferdinand CÉLINE. L.A.S. « LF Céline », [Korsør] le 3 [juillet 1950], à son ami Paul Marteau à Neuilly ; 2 pages in-fol., enveloppe. 500 / 700 € Souvenir de sa mère. Il est rentré à Korsør. « Je me prends à penser que ma mère n’est plus à plaindre. J’ai éprouvé un atroce chagrin – mais il y a presque de l’égoïsme à vouloir conserver des êtres chéris dans un monde si atrocement méchant. Sans effet sans littérature sans philosophie – à partir d’un certain âge d’une certaine lucidité – la mort fait bien mieux que la vie. Rejoindre nos morts est tentant je vous assure »… On joint une l.a.s. de Thorwald Mikkelsen à Paul Marteau, 15 juin 1949, le remerciant de son livre sur Le Tarot de Marseille, et donnant des nouvelles de Céline. 398. Louis-Ferdinand CÉLINE. 3 L.A.S. « LFerd » et « LF », [Korsør novembre 1950], à Robert Le Vigan à Adrogue en Argentine ; 2 pages in-fol. chaque (la 2e avec 1 page et demie in-8 jointe), une enveloppe. 1 500 / 1 800 € Lettres inédites à l’acteur. Le 10. Il lui a fait envoyer par Paulhan En arrière de Marcel Aymé, « où il est question de toi, Junot, la Butte etc. » Lucette signale une ancienne élève, fille de l’acteur Gretillat, qui a épousé un riche Argentin. Nouvelles de Gen Paul (dont la jeune femme est venue voir Céline) : « Popol et ses 1500 francs de champagne par jour, se porte à merveille, et boume mon ami ! Il vend ce qu’il veut ! d’avance ! nos Légendes rapportent ! Les martyrs c’est biftek ! […] il leur vend des croustilleries sur la Vigue et Ferdinand – aux schmouts plein de vacherie ! […] Il va faire son numéro Popol dans tous les bistrots de la Butte et chez Tonton, avec son garde du corps banquier Perrot (et flic !) Il a peur d’aller dans la rue seul ! […] Ralph Soupault est sorti de cabane. […] Il était miraculé du Doriot – con – mais valable. […] T’as vu l’amnistie féroce ! du Mayer ! […] C’est pas lui qui nous rapatriera ! C’est juste s’ils ont pas hurlé en chœur – A mort tous les collabos ! »… Le 19. « Mais non, mais non, je vais pas rentrer en France ! On me crèvera ici et puis c’est tout. Le chouette c’est de voir des saloperies salariées comme ce Remi se permettre de me salir – moi la gratuité en personne – moi qui n’avais rien à gagner ! ne demandant rien – l’idéaliste absolu […] moi engagé volontaire 2 fois – médaille militaire oct 14 – mutilé 75 p 100 – saloperies ! »… Robert Soupault n’est pas professeur, mais « chirurgien des hôpitaux – précisément comme Rouquès qui m’a fait condamner en correctionnellle en 1937 – Rouquès qui vient de partir à Moscou avec Thorez »… Il est malade et ne peut gagner sa vie. « J’ai pas besoin d’amnistie. J’ai fait ma peine et au-delà ici. C’est déjà assez monstrueux – mais l’Indignité c’est presque la mort. Quant à la guerre prochaine j’y crois pas. L’Apocalypse fait plaisir aux hystériques et surtout aux hystériques planqués »… Le 26. Il se demande si Le Vigan a bien fait de partir en Amérique… « Les Amnisties générales, c’est 10 ans – 1870-80. C’est un atroce jeu à l’épuisement – oh pas question de charité – mais que redouter d’une pelure après 10 ans d’exil ! une loque ridicule. Et tout le monde s’en fout ! […] Notre unique espoir – les pires haines rabâchent et font salle vide après 10 ans ! Il faut du neuf ! Toi plus jeune que moi tu peux espérer non pas des lendemains glorieux mais miteux et vivables »… Visite de la jeune Mme Gen Paul… Nouvelles de Pfannstiel, acquitté : « Il me demande à traduire mes “œuvres” en allemand! Tu penses ! Si je l’envoye aux roses ! […] Tout ce gentil monde est à éviter comme le choléra ! »… 399. Louis-Ferdinand CÉLINE. 5 L.A.S. « LF », [Korsør 1950-1951 ?], à Robert Le Vigan ; 2 pages petit in-4 et 7 pages in-fol., une enveloppe à Adrogue (Argentine). 2 000 / 2 500 € Lettres inédites à l’acteur Le 21. « Tu est devenu bien con et cranouilleur depuis que tu es tombé chez les indiens! Tu me donnes des leçons de morale et de diplomatie ». Maurice Rémy est « un provocateur bourrique gagé de toujours. […] Je le vois encore montant rue Girardon me vendre au Reich». Céline reproche à Le Vigan de montrer ses lettres… « Je suis prisonnier ici sur parole. C’est tout. Otage. Et le

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