ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

305 devant l’Humanité comme le lapin devant le Python. Ils attendent d’être bouffés vifs »… Le 23 [janvier]. « Il s’agit bien d’une condamnation sur ordre – donc rien à chiquer. […] Je vais recevoir ce Réquisitoire et y répondre […] mais ça ne changera rien. Il se raccrochent à des poils de cul imaginaires de crimes. J’ai mille fois répondu à Seltensperger et il avait conseillé un non lieu. Il a fallu qu’il se désiste… Les youtrons engagés, les industriels de l’Épuration ne me lâcheront jamais. Enfin on peut essayer de les emmerder c’est tout »… Le 30 [janvier]. « La campagne d’infamies donne à plein ! Tous les chacals sont aux abois ! » Réaction à un article de Roger Vailland, qui déplore « de ne m’avoir point abattu dans mon escalier – sans autre forme de procès – de sa justice à lui, au-dessus des Lois. Il se promet de faire mieux la prochaine fois. Il l’écrit. C’est de la Provocation au meurtre »… Il dément le témoignage de Vailland, n’ayant jamais reçu chez lui les journalistes (Laubreaux, Brasillach, Cousteau…) de Je suis partout… Le 4 [février]. « Ton plan de déposition me paraît excellent mais peut-être un peu idéologique – veux-tu ajouter que je suis un patriote français pacifiste. Que la guerre pour moi est la plus horrible des catastrophes. Que je pensais que les juifs, certains publicistes juifs, nous lançaient dans la guerre, et que j’ai réagi à ma manière, outrancière, burlesque – mais je n’ai jamais empêché personne de me répondre de la même encre que je déconnais. Je n’écris pas d’Évangile ! Je n’ai réclamé la mort d’aucun juif – j’ai demandé à ce qu’ils tempèrent leur hystérie et ne nous lancent pas dans une guerre que je jugeais perdue d’avance, et qui serait pour la France l’anéantissement final. […] Ai-je deux Patries comme les Juifs ? […] Je ne m’occupe que la France Patriote Patriote Patriote pacifiste français – C’est tout absolument tout. Je me foutais d’Hitler comme de Blum. […] Je suis du Pays de Couperin, de Vallès – pas du tout germanisant oh la la l’horreur !»… Etc. Vendredi 10 [février]. Il va rectifier sa défense selon les indications de Me Naud, et faire établir un certificat médical. Il donne des précisions sur son travail au dispensaire de Bezons, corvée éreintante et mal payée ; il n’a jamais voulu prendre la place du Dr Hogarth, c’est ce dernier qui voulait partir… Le 11 [février]. Il faut absolument que Lemaître vienne témoigner qu’il « m’a vu et écouté insulté des médecins collaborateurs »… Le 14 [février]. « La marmite est en train de bouillir où l’on va me précipiter le 21. Tous les “Ingrats d’Hitler” qui ne seraient rien, qui n’auraient jamais rien été, sans la venue de ce fou walkhérien, les bâtisseurs, fournisseurs, les 20 millions de collaborateurs réels ceux-là, peu ou prou, cul terreux à lessiveuses, préfets de la Résistance et autres Farges Vercors et consorts, il la leur faut ma carne ma dépouille pour faire passer la monstrueuse muscade : d’eux rien du tout petits merdeux devenus par la grâce d’Hitler, d’immenses héros, artistissimes patriotissimes ! »… Etc. Le 16 [février]. « De quoi s’agit-il en définitive ? de savoir si j’ai collaboré ? Il ne faut pas se laisser entraîner dans les arabesques du bafouillage toujours tendancieux ». Il faut s’en tenir aux faits. « Comment pouvais-je collaborer ? – En engageant à la LVF […] – En écrivant dans la presse occupée, dans la presse allemande, en parlant la radio – ou en conférence. – En livrant des patriotes, des réseaux, des juifs ? Ai-je fait rien de tout ceci ? NON […] Ai-je collaboré ? Non Non Non 36000 tribunaux, couchés, debout, à genoux – n’y changeront rien»…

RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==