ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

304 391. Louis-Ferdinand CÉLINE. 3 L.A.S., Klarslovgaard 1950, à Marie Bell ; 5 pages in-fol. 1 200 / 1 500 € Le 4 [janvier]. « Ma chère Marie – un bon ami, très sûr et très discret, Pierre Monnier, revient à l’instant, de nous voir... Veux-tu le recevoir ?... Le mettre en contact avec ton avocat ami ? »... Le 7 [janvier]. « Eh bien ma Bell tu es joliment méchante et vilainement rancuneuse ! tu as eu sans doute raison dans tes conseils et présages ! – Certes dans quels draps pas beaux ! atroces me suis-je enseveli ! momie positivement ! Et dont tout le monde se fout ! Mais est-ce une raison ? “Je crains votre silence !...” Sociétaire ! t’es plus pote alors ? Je t’écœure ? Oh je te demande rien tu le sais tu me connais – Un petit bonjour, c’est tout et pour toi une bonne vache magnifique année! tout de même t’es méchante je m’en doutais»… Le 4 [octobre ?]. « Que de temps sans nouvelles ! Comment s’est passé l’Été ? De notre côté ce ne fut pas brillant... Lucette opérée etc. […] Enfin assez de gémir ! Voilà l’hiver à présent et il est pas drôle par ici, tu le sais ! le septième loin de chez nous ! Et sans illusions quant au reste ! Mayer est assis sur mon dossier tu penses et voudrait que je me tasse un an à Fresnes – après les 15 mois de réclusion d’ici, plus 7 ans d’exil ! Et pour des prunes ! Tu vois j’ai l’air exagéré dans ma personne et mes propos, je suis bien modeste au contraire. C’est mon vache Destin et mes dégueulasses contemporains qui sont tout dingues et dingues méchants ! Ils me feront crever tu sais Marie... le plus lâchement du monde»... Lettres à Marie Bell (Du Lérot), nos 18, 19, 20. 392. Louis-Ferdinand CÉLINE. 9 L.A.S. « LF » ou « LFC » (une « LFCéline »), [Korsør janvier-février 1950], à son ami l’éditeur Jean-Gabriel Daragnès ; 35 pages in-fol. 4 000 / 5 000 € Longues lettres avant son procès (21 février). Le 3 [janvier]. «Oh oui mon cher vieux, ça pue. Le Drappier [magistrat] est en train de me fignoler une corde à nœud express, où je serai pendu dans le plus grand silence. Ça ne m’avancera guère hélas de raller après, le mal sera fait, et à mon âge et dans mon état, définitif. […] C’est du procès Dreyfus en Samedi-Soir ? Pas un mot de vrai ! Des énormités burlesques à flatter les chacals ! C’est moi qui ai fait anéantir St Malo imagine ! »… Il parle de ses séjours à Saint-Malo et à Rennes, où sa fille est née… Il y a « surtout haine littéraire » contre lui, notamment de Mauriac, « un “mauvais prêtre” un “rongé pédé qui n’a jamais osé” », et de Mac Orlan, collaborateur de la Continentale… «Il faut quand même un empalé dans la Littérature. Ça sera moi. Après tout le monde respirera ! »… Le 16 [janvier]. «Eh bien mon vieux ton papier [témoignage à décharge de Daragnès] est joliment admirable je savais que tu étais un sacré artiste mais là tu me fous en statue de quoi faire crever toute la maison de la culture ! et d’un seul jet en bronze ! » Il faut le faire copier et diffuser… « Le malheur c’est que ça va aussi faire grésiller la haine de mes chacals de façon atomique ! Le Drappier il va flancher il va me PoncePilater et d’une façon ou l’autre. La peur des cocos pétrifie les bourgeois et leurs magistrats. Ils sont

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