ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

302 389. Louis-Ferdinand CÉLINE. 3 L.A.S. « LFC » (la dernière non signée), [juindécembre 1949], à son ami l’éditeur Jean-Gabriel Daragnès ; 6 ½, 1 ½ et 1 ½ pages in-fol. 1 200 / 1 500 € Le 25 [juin ou juillet]. Il veut rembourser Jacques Deval (1810 couronnes) : « Il m’a offert très gentiment et spontanément cette somme mais précisément je veux le rembourser, de telles gentillesses valent mille fois leur prix ! » Il se plaint de l’avarice de Mikkelsen, qui tourne à « l’Harpagonisme », mais reconnait qu’il lui a sauvé la vie. « Le Parquet gondole comme une vieille péniche crevée il me semble. Mais je ne vois pas d’Amnistie proche ! […] Ça fait 9 ans que je cavale devant la meute ! Vachement fatigué ! […] Ici il ne fait pas chaud. Et pas d’eau cependant. On va chercher les seaux à la mer. Tout à l’eau de mer. 40 litres d’eau douce par semaine»… Puis sur Gen Paul et ses « turlupinades […] il délire – il est plus saoul d’ingratitude que d’alcool, blanc ou rouge »… Il termine en parlant de disques de danses espagnoles, qu’il fait chercher par Bonabel et Coquillaud [Le Vigan] pour Lucette. Le 25 [juillet]. Il est « sans nouvelles de Frémanger et sans Voyage ! C’est un feu ! mais je n’ai rien de mieux ». Il prie Daragnès de remettre à un pharmacien danois, «ami très discret [...] 100.000 francs de mon compte. Il me versera ici la contrepartie en couronnes ». Jacques Deval devait venir le voir : « Oh avec Jacques Deval c’est chinois et hystérique. Il ne m’a rien écrit – et c’est tout un chichi pour toucher à Copenhague. Tu sais les gens de théâtre ! »... [Décembre], sur Raoul Nordling qui vient de recevoir la médaille militaire : « C’est beau la gloire militaire Raoul ! Je lui ai écrit pour le féliciter ! Je lui ai dit qu’après la prochaine guerre à ce train-là il aurait la médaille militaire comme moi, comme Pétain, mais j’ai la priorité quand même. J’ai droit à son salut – nov. 1914 ! Il a du retard Raoul ! J’ai même droit au salut de Pétain ! Oh l’ivrogne il se fait plaindre partout. Il a été torturé à cause de moi »… 390. Louis-Ferdinand CÉLINE. 5 L.A.S., [Klarskovgaard 1949], à Marie Bell ; 10 pages in-fol. 2 000 / 2 500 € Au sujet de son procès et de ses avocats. Le 5 [avril ou mai]. « Chère Marie Reçu ta lettre à l’instant ! admirable amie ! Rien à dire. C’est parfait. Reine de la scène et des portes capitonnées ! J’apporte les situations – à toi le texte !... les répliques ! l’apothéose !... ou la guillotine ! […] J’applaudirai de toutes façons – pendu, décollé, ou triomphal... Je t’embrasse »… Le 25 [novembre]. «Ah ma chère Marie. Tout croule! Le Commissaire du Gt Seltensperger est dessaisi de mon dossier... “Qu’est-ce qui m’a foutu un Fouquet Tinville mou pareil ! À vous Couthon ! Sautez moi sur ce dossier ! Et que ça saigne !...” à peu près le dialogue entre le Parquet et les “Hauts Lieux des Hurle-à-mort !” Ils ont passé mon affaire à un Commissaire coupeur de tête... un dur, un chrome ! un galvanique ! […] On m’a fait payer le duel Tixier, la fuite Scapini... tout ! Je suis déféré paraît-il de nouveau en Cour de Justice. Ils vont me foutre au moins 20 ans ! ou la totale ! sur un Dossier vide remarque ! sauf si on mobilise évidemment la solide phalange des faux témoins de la PP... ces vieux fonctionnaires du Crime… Je pourrais après ça bien sûr protester en “opuscule”, faire rigoler la galerie... C’est mince comme consolation. Si ton ami est bien placé comme il le dit... il verra ce qu’on peut faire... si on peut encore faire triompher une juste cause ! Rigolons ! Y a de l’épilepsie dans tout ça à tel point qu’aucun traitement je crois n’est possible. C’est affligeant »...

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