ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

341 265 340. André BRETON (1896-1966). Manuscrit autographe, 1ère Conférence à Mexico, mai 1938 ; 5 pages in-4 à l’encre verte. 2 500 / 3 000 € Manuscrit inédit de la première conférence de Mexico. [Breton a séjourné au Mexique du 18 avril au 1er août 1938, pour prononcer une série de conférences sur la littérature et l’art du temps. La première conférence, donnée le 13 mai à l’Université de Mexico, est restée inédite ; un compte rendu parut dans le journal La Prensa du 15 mai sous le titre « Las Transformaciones modernas del Arte y el Surrealismo ». Voir Œuvres complètes (Pléiade), t. II, p. 1829.] Le manuscrit, à l’encre verte, présente de nombreuses ratures et corrections. « Tous les chemins que j’ai vu suivre à l’esprit moderne depuis vingt ans mènent au Mexique. C’est ici le point de convergence de toutes les grandes routes d’aventure dans lesquelles se trouve engagé cet esprit inlassablement à la recherche des moyens par lesquels le monde peut être transformé, par lesquels la vie peut être changée. Pour beaucoup d’entre nous, poètes et artistes européens, le mot même de Mexique s’est empreint, au cœur de l’enfance, d’une vertu magique»… Et Breton évoque notamment Arthur Rimbaud, marqué par la lecture de Costal l’Indien, en citant plusieurs de ses vers ; puis c’est le douanier Rousseau, célébré par Apollinaire… Il insiste ensuite sur la présence du « passé mythologique » dans la culture populaire mexicaine… Le Mexique est aussi « un merveilleux creuset social duquel ont jailli, durant ces vingt dernières années, les plus grande étincelles dans le sens du progrès »… Breton voit enfin le Mexique non seulement « comme la terre d’élection de l’humour noir », mais aussi «un réservoir inépuisable d’énergie romantique, de ce romantisme dont on commence seulement à comprendre qu’il a bouleversé de fond en comble toute la vie psychique en nous faisant éprouver non seulement la fécondité de l’imagination mythique […] Aujourd’hui encore, c’est autour du romantisme que nous nous battons, le mot n’est pas trop fort», et notamment le romantisme allemand, si menacé en Allemagne… Etc. Ancienne collection Jacques Millot (Bibliothèque du Professeur Millot, 15 juin 1991, n° 18). 341. André BRETON (1896-1966). L.A.S., Loupiac 1er juillet 1940, [à Maud Bonneaud] ; 2 pages et demie in-8 à l’encre verte. 1 000 / 1 200 € Après l’armistice (22 juin 1940), alors que Breton était « médecin-chef de l’École de pilotage 31 » à Loupiac de la Réole (Gironde), ainsi qu’il l’écrit au bas de la lettre. « On a été dispensés de la Kasbah et casés tant bien que mal dans les séchoirs à tabac »... Breton n’a plus de nouvelles de sa femme Jacqueline depuis quinze jours. ... « ma foi, je crois qu’une époque assez intéressante pourrait commencer, à condition toutefois de pouvoir la vivre. Il pourrait s’agir de l’enfance monstre de quelque chose, ou bien n’est-ce encore qu’un grossier déguisement. Le côté “douloureuse stupéfaction”, “stupeur attristée” bien rendu dans les derniers communiqués antagonistes anglaisfrançais reste absolument prédominant. Voilà pour l’état de conscience qui se manifeste ici sans la moindre discrétion. Tout doucement ces messieurs retournent d’ailleurs leur veste de couleur kaki. On recommande aux hommes d’être “polis” avec les troupes d’occupation. Polis “sans obséquiosité” ajoute-t-on même assez psychologiquement ». Il ne sait où aller « en cas de démobilisation [...] Le climat de Paris avec M. Chiappe me paraît pour moi des moins salubres ». Il dit à sa correspondante qu’il en garde un « grand souvenir [...] vous êtes très mêlée à ce filet de vie encore cristalline qui est tout ce qui nous reste, tant que nous ne sommes pas mieux fixés sur ce qui nous attend »...

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