ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

261 337. Antonin ARTAUD (1896-1948). L.A.S., Rodez 15 Mars 1944, [à Mme Adrienne Régis, surveillante-chef de l’Asile de Rodez] ; 10 pages in-4 à l’encre violette. 2 000 / 2 500 € Très longue et intéressante lettre de Rodez, méditation sur l’amour et le sexe, le Mal et Dieu. Il craint de l’importuner… « Je sais que vous me comprenez profondément et que vous souffrez ; et par l’esprit vous vivez dans le même monde que moi mais votre corps ne vous suit pas toujours là où vont votre cœur et votre esprit. Et parfois il les précède et les entraîne là où ils n’auraient jamais voulu aller. Et malheureusement dans ce monde-ci nous sommes beaucoup plus corps qu’esprits. Moi aussi j’ai un corps mais à force de souffrir je me suis appris à le conduire et à ne pas me laisser dominer par lui, jamais à aucun instant. Car le corps que nous habitons est mauvais »... Artaud refuse de voir dans « l’instinct sexuel l’origine de nos sentiments et de nos émotions [...] Pour moi l’amour vient du cœur et il remonte vers le cœur et il n’a rien à voir avec l’abdomen qui en est la perte et la mort. Qui aime sexuellement se condamne à ne plus aimer un jour ». Le sexe est « un mystère et un secret », « l’essence d’une abomination sacrilège qui remonte aux origines de notre humanité [...] c’est de l’amour perdu que nous souffrons ». Par la chute d’Adam, selon Artaud, tout ce qui en nous « était cœur et la force aimante du cœur a été retourné magiquement et rejeté vers l’attraction du sexe de sorte que nous ne pouvons plus avoir dans le cœur un sentiment si beau qu’il soit qu’il ne soit d’abord axé sur le sexe, et que cet instrument de laideur et d’inutilité physique ne réagisse organiquement devant .../...

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