ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

249 certains poèmes directement liés à l’histoire... « Nous n’aurons été que la circonstance, la trace d’un pas. Peut-être pourtant à qui retrouvera sous nos paroles la vie, derrière les mots le pouls de l’histoire, de notre passage, de notre futilité, sera-t-il possible de déduire et la route parcourue, et le chemin de cet Homme à qui l’on met une majuscule comme une feuille de vigne aux statues, le sens au moins de sa marche, de notre tragédie ». 319. Louis ARAGON (18971982). Manuscrit autographe, signé en tête, Aragon vous parle: De la difficulté qu’il y a décrire l’histoire, [1959] ; 6 pages in-4 avec ratures et corrections. 800 / 1 000 € À propos de son livre en collaboration avec André Maurois, Histoire parallèle des États-Unis et de l’Union Soviétique de 1917 à 1960. Article publié dans France Nouvelle, hebdomadaire du Parti communiste français, le 24 décembre 1959. Il explique pourquoi il a accepté d’écrire ce livre avec Maurois... « Je ne suis pas un historien ; ce que j’écrivais comme témoin ou comme romancier, je n’ai jamais songé à le donner comme relevant d’une science » ; ainsi s’explique la note liminaire de La Semaine sainte, « qui dénie à ce roman le caractère historique [...] Et voilà que justement, commençant à lire les matériaux qui me permettront d’écrire ce livre dont je n’entends faire ni une compilation, ni un catéchisme, ni un roman, je me sens repris de ces scrupules [...] il est presque impossible décrire l’histoire, on ne fait que la re-écrire sur l’image d’Épinal qu’on en a. Avec de petites variations qui sont le talent de l’historien ». Il faut arriver à « donner un air d’originalité et de profondeur aux idées reçues », tout en essayant de « conserver sa sérénité », car l’objectivité est impossible. Aragon montre les historiens divisés sur la Révolution, à propos de Danton et de Robespierre ; combien plus difficile encore sera la tâche de l’historien de notre siècle : Aragon cite comme exemple le jugement porté par Léon Trotsky sur l’ambassadeur de France à Moscou en 1917, Maurice Paléologue. Et il faudra garder dans l’ouvrage cet aspect d’une histoire parallèle : les difficultés seront grandes... 320. Louis ARAGON (1897-1982). Manuscrit autographe, signé en tête, Aragon vous parle: D’une plaie que la France a au côté, [1960] ; 4 pages in-4 avec ratures et corrections. 800 / 1 000 € Sur la guerre d’Algérie et la première bombe atomique française (février 1960 ; article paru dans le n° 748 de France Nouvelle, hebdomadaire du Parti communiste français). « Alors, ça y est. On l’a, la bombe. Il y a des gens, ils se redressent, ils se sentent grandis. C’est drôle. Pas moi. [...] Mais le problème est que ce n’est pas nous qui avons la bombe, mais un gouvernement défini par une constitution où les garanties démocratiques pour restreindre l’emploi des bombes atomiques sont assez minces »… Aragon redoute l’utilisation de la bombe par des gouvernants ou des militaires irréfléchis. Il s’inquiète des commentaires qui ont suivi l’explosion de la bombe à Reggane et qui voudraient renforcer la position de la France dans le camp atlantique. Mais il faut avant tout en finir avec l’Algérie : « La guerre d’Algérie est une plaie purulente au côté de la France. La grandeur d’un pays, c’est d’abord sa santé. Il faut guérir la plaie de la France. Cela, c’est le véritable patriotisme. Une plaie au bout de cinq ans, cela s’appelle un ulcère. Il faut guérir la France, arrêter cette guerre. Et pas dans cinq ans, dans trois ans. Tout de suite. [...] il faut en finir tout de suite avec la guerre d’Algérie ».

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