ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

247 315. Louis ARAGON (1897-1982). Manuscrit autographe signé, Aragon vous parle: De Stendhal et du vingtième siècle, [1959] ; 4 pages in-4, avec ratures et corrections. 800 / 1 000 € Sur Stendhal. Article paru dans France Nouvelle, hebdomadaire du Parti communiste français, le 29 octobre 1959. Aragon célèbre le premier anniversaire de la revue Stendhal-Club, dirigée par « l’éminent Stendhalien » V. del Litto. Il rend compte d’un article de Tania Kotchekova, stendhalienne russe, à propos d’une lettre de Stendhal à Viazemski ...« Quel empire si la bourgeoisie répondait aux paysans ! est l’expression d’une réalité politique admirablement vue par Stendhal : que la révolution démocratique pouvait se faire par l’union avec les paysans dépossédés de leur terre, et aboutirait à la création d’un état, d’un empire, inébranlable. On peut diversement rêver sur cette lucidité stendhalienne, valable pour son temps en Russie, et pour le nôtre où cet empire s’est fait dans des conditions nouvelles. On peut aussi, avec les transpositions nécessaires, imaginer, d’un point de vue national, dans la France de 1959, la leçon d’unité que donnerait aujourd’hui Stendhal à ce que nous appelons les gauches, si elles savaient “répondre” au peuple »... Aragon raconte l’histoire de cette stendhalienne de Riga, Tania Kotchetkova, avant de conclure : « Les jours stendhaliens ne sont point finis. Si j’écoutais mon cœur, je dirais qu’ils commencent. Ah, qui écrira notre siècle, et dans ces temps d’art abstrait dira ce que ne dit pas la froide histoire, retrouvera la vraie grandeur de ceux qui ne se sont pas prémunis pour la vie de la gloire, les héros des basses classes (je pense à la préface de L’Abbesse de Castro) qui passent dans ce monde, fugitifs comme la lumière et le vent ? » 316. Louis ARAGON (1897-1982). Manuscrit autographe signé, J’entrouvre pour vous le Musée Fernand Léger… Biot-sur-Rêve, [1959] ; 4 pages in-4. 1 000 / 1 200 € Très beau texte sur Fernand Léger et son Musée à Biot (1959). Après avoir évoqué la Côte d’Azur rôtie de soleil et envahie de « touristes au rabais », Aragon arrive à Biot qu’il avait quitté l’an dernier en chantier... « Cette année, à l’heure la plus torride, j’ai vu le miracle : le bâtiment étincelant, comme lavé de soleil, dans un bain de verdure, [...] proportionné à un paysage en largeur qu’il s’est approprié, dont il a fait son fond de décor, mais qui a précisément les proportions surprenantes de la chose rêvée, plus grande que nature ». Comme celle de Barrès, la colline de Biot est « inspirée, elle a été repétrie par cette chose humaine que nous appelons l’âme, [...] pour qu’arrivant, le visiteur, le spectateur saisisse d’emblée et d’ensemble, le monument, le lieu, le chant paisible, l’hommage à celui dont c’est ici à jamais la demeure, [...] ce grand palais de l’esprit qui soufflera toujours, d’un esprit qui n’est pas le jouet de la mort, mais le triomphe de la vie, et qui s’offre au soleil, à l’ardeur des saisons, au grand vent de l’Histoire, comme le témoignage sublime, presque unique, de notre temps »... Aragon visite le musée, dont l’accrochage n’est pas encore achevé, la nuit, avec Elsa Triolet, Georges Bauquier, Nadia Léger, Jean Cocteau... c’est un conte de fées... « Notre camarade Fernand Léger, qui a sur ses toiles nationalisé les terres de Carabas, pour ceux dont il étudia les mains martyrisées par le travail, et qui avait comme une sculpture gigantesque imaginé un Jardin d’enfants, lequel est en pièces détachées sur l’herbe à Biot, à cette heure, et qui sera monté en Octobre, dans un coin du parc, du côté de la petite maison qu’il avait achetée avant de mourir, et qui disparaît dans les arbres ». On joint la L.A.S. d’envoi à Maurice KriegelValrimont (1 p. in-4), donnant des indications pour les photographies destinées à illustrer l’article.

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