ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

309 243 309. Louis ARAGON (1897-1982). Poème autographe signé, D’une petite fille massacrée, [1944] ; demipage in-fol. 600 / 800 € Émouvant poème de La Diane française (Seghers, «Poésie 44», 1945, achevé d’imprimer 30 décembre 1944) ; un des six poèmes inédits du recueil, sans prépublication. « Le poème fut écrit à la mémoire de Jeannie Chancel, fille de Jean et Mady Chancel, résistants de Saint-Donat et amis du couple Aragon. Au lendemain d’un parachutage de matériel dans la nuit du 14 au 15 juin 1944, supervisé par Jean Chancel et auquel Aragon et Elsa avaient participé le 15 juin, les Allemands organisèrent une opération punitive à Saint-Donat. Ils pillèrent et massacrèrent. La fillette, âgée de treize ans, malade, était restée chez des amis quand la plupart des habitants avaient pu s’enfuir. Elle fut violée et mourut, le 24 août 1944 d’une méningite. En filigrane se profile le poème de Rimbaud Le Dormeur du val » (Marie-Thérèse Eychart, in Aragon, Œuvres poétiques complètes, Pléiade, t. I, p. 1569). Le poème comprend quatre quatrains ; le manuscrit présente deux ratures et corrections. « Vous pourrez revenir ce sera vainement Surenchérir l’enfer et la bête féroce Vous pourrez enfoncer la porte avec vos crosses Allemands »… 310. Louis ARAGON (1897-1982). L.A.S. « Louis », 28 janvier [1945, au peintre Frans Masereel] ; 1 page in-4. 400 / 500 € Après la mort de Romain Rolland. Aragon revient des Landes où le médecin l’a envoyé se reposer, et retombe «dans un Paris enneigé où on crève à proprement parler de froid. Et de dégoût aussi, mais ça c’est une autre histoire ». Il a inscrit d’office Masereel dans le Comité Romain Rolland : « Je ne sais si notre initiative portera R.R. au Panthéon : il y a les contre-manœuvres hypocrites (et Trucmuche, au fait ?) et il y a les gens bien intentionnés, type Arcos, qui se rappelle à point pour nous faire la leçon que R.R. a quelque part mal parlé du Panthéon ! S’il savait ce que je m’en fous ! Enfin l’essentiel était de briser l’effroyable, l’abjecte conspiration du silence des premiers jours, où les journaux s’entendaient pour se taire ou pis. Cela, je serai arrivé à déchaîner le bruit autour de cette tombe. Un bruit de tonnerre, qui fait que même les adversaires de R.R. ont dû lui rendre hommage. Panthéon ou pas »...

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