ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

217 En conclusion, Zola pense qu’il faut dire à la France qui se relève la « vérité amère et forte ». Certes on ne peut souhaiter la guerre. « Avec les armes nouvelles, la guerre est devenue une effrayante chose, qu’il faudra bien subir encore, mais à laquelle on ne se résignera plus que dans l’angoisse, après avoir fait tout au monde pour l’éviter ». Mais « la guerre est inévitable » ; le rêve de la « paix universelle » est une utopie : « La guerre, mais c’est la vie même ! Rien n’existe dans la nature, ne naît, ne grandit, ne se multiplie que par un combat. […] seules les nations guerrières ont prospéré, une nation meurt dès qu’elle désarme. La guerre, c’est l’école de la discipline, du sacrifice, du courage […] Il faut l’attendre, gravement. Désormais, nous n’avons plus à la craindre. Le temps a travaillé pour nous, et on peut croire, maintenant, que le temps va travailler contre nos vainqueurs. […] Là-bas, sur le champ de bataille de Sedan, j’ai senti ces choses. Il n’y a donc plus à cacher ni à excuser nos défaites. Il faut les expliquer et en accepter la terrible leçon. Une nation qui a survécu à une pareille catastrophe est une nation immortelle, invincible dans les âges. De cette page affreuse de Sedan, je voudrais qu’il en sortît une vivace confiance, le cri même de notre relèvement. Par une nuit de lune claire, je suis monté du Fond-de-Givonne vers le plateau d’Illy, suivant les chemins creux, traversant les champs, où dorment tant de nos morts. Et il m’a semblé que tous ces braves gens se soulevaient de terre, les fantassins frappés isolément derrière une haie, les cavaliers de l’héroïque charge tombés en masse, et que tous ils avaient la joie du sacrifice utile, de la grande moisson d’espérances qui germe aujourd’hui de leur sang. » Provenance : Ancienne collection Sacha Guitry (21 novembre 1974, n° 102). .../...

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