ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

212 266. Émile ZOLA. L.A.S., [1er juin ? 1891], à un « cher confrère » [le journaliste Montguyon] ; 1 page et demie in-8. 500 / 700 € Lettre ouverte au sujet d’une affaire criminelle, publiée dans Le Figaro du 3 juin 1891. [Jeanne Weiss avait empoisonné son époux, et fut condamnée, le 29 mai, par la cour d’assises d’Oran à vingt ans de travaux forcés. Elle s’empoisonna le soir même, en laissant une lettre à remettre à son fils quand il aurait quinze ans. On se demandait s’il fallait obéir à ce vœu. Montguyon posa la question à Zola, Daudet, Dumas fils et au père Didon.] « Vous me demandez, mon cher confrère, si la lettre laissée par Mme Weiss, avec cette suscription : “Pour remettre à mon fils quand il aura quinze ans”, doit être ouverte par les magistrats, ou s’ils doivent la garder et se conformer plus tard au dernier vœu de la morte. Mais cette lettre n’appartient pas aux magistrats. Mme Weiss s’est évadée, s’est libérée en se tuant. Elle a payé sa dette à la justice, et plus durement qu’elle ne le devait. À mon sens, la lettre doit être mise sous séquestre. Puis, lorsque la date indiquée arrivera, un conseil de famille sera réuni, qui décidera. La famille seule est compétente. Et encore est-il certain que la famille n’a qu’à s’incliner devant la volonté dernière d’une femme qui a pu être épouse adultère et criminelle, mais qui n’a pas été mauvaise mère. Lorsque le père est là, vivant, pour se défendre, qui oserait empêcher la mère de se lever du fond de son tombeau, pour parler à son fils, s’excuser peut-être, expliquer son crime et demander pardon?»…

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