ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

188 220. George SAND (1804-1876). L.A.S. « Aurore », Nohant 28 septembre [sic pour novembre 1823], à Émilie de Cornulier ; 2 pages et demie in-8, adresse avec cachet de cire rouge au chiffre D. 600 / 800 € Lettre de la jeune mère à une amie de pension. [Émilie de Wismes (1804-1862) avait récemment épousé, le 24 juin 1823, le vicomte de Cornulier.] « Où es-tu ? que fais-tu ? que deviens-tu ? Tu m’oublies ? Tu ne veux plus m’écrire. Tu ne songes qu’aux plaisirs, ou à ton mari ? Tout le reste n’est plus rien pour toi ? Méchante Émilie je ne te pardonnerai qu’en recevant une lettre de toi. Je t’en ai écrit une, éternelle. L’as-tu reçue ? as-tu eu la patience de la lire ? t’a-t-elle ennuyée ? Dis-moi d’être moins prolixe mais ne me tiens pas dans l’inquiétude. Tu m’avais fait tant de promesses ! Ah je t’en veux beaucoup ; mais mon ressentiment ne tiendra pas contre quelques lignes de toi. Je suis trop mécontente de toi pour bavarder aujourd’hui. D’ailleurs je n’en finis pas quand je commence et je n’ai qu’un instant avant le départ du courrier. Mon enfant [Maurice, né le 30 juin] est gros et gras, il a deux dents qui l’ont fait un peu souffrir, mais il n’y pense plus, et la rose n’est pas plus vermeille ». Elle réclame à son amie les vers italiens qu’elle lui avait promis. « Je vis toujours dans la solitude si l’on peut se croire seule quand on est tête à tête avec un mari que l’on adore. Pendant qu’il chasse, je travaille. Je joue avec mon petit Maurice ou je lis. Je relis dans ce moment-ci les Essais de Montaigne mon auteur favori. Tu es trop nouvelle femme pour connaître cet ouvrage mais si tu avais le tems de lire je te conseillerais cette lecture. Je t’ai vue aimer la simplicité naïve du vieux langage ; le style de Montaigne te plairait »... Elle avait commencé à rédiger l’adresse en se trompant : « Mademoiselle Émilie de Wismes » ; et elle ajoute : « Comment trouves-tu ma distraction ? » Correspondance, tome I, n° 51.

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