ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA.

216 187 216. Jules RENARD (1864-1910). L.A.S., [Chaumot] 5 septembre 1899, [à Louis Paillard] ; 3 pages in-8. 500 / 700 € Intéressante lettre sur l’affaire Dreyfus, adressée par Renard à son « cher et loyal adversaire ». Il lui envoie le Figaro avec une déposition de M. de Cernusky [Cernuschi] « qui peut écraser Dreyfus, si elle est vraie. Vous lirez ensuite une lettre de Poincaré le mathématicien. J’ai longtemps entendu dire de cet homme des choses impressionnantes. Il paraît qu’en Europe deux ou trois mathématiciens seulement peuvent causer avec lui : c’est la formule. C’est beau ». Il juge les discussions salutaires : « Qu’importe qu’on y mette du parti pris, pourvu que tout se termine en politesse? Je vous avoue que mon état d’esprit ne change pas, ce qui n’empêche pas d’être inquiet pour Dreyfus, très inquiet, ce matin. Après le verdict, nous ferons tous notre examen de conscience. Cela du moins nous aura servi de purification. Ce qui ferait du bien, ce serait de causer encore avec vous, car j’aime votre indépendance raisonnée. Au fond, je serais bien plus vexé si nous n’étions pas du même avis littéraire. Mais comment douter de la loyauté d’un ami des Histoires naturelles ? Enfin, ne croyez pas que je passe ma vie à la chasse. J’ai massacré, non sans dégoût, quelques cailles. La chaleur ajoute à ces scrupules »... 217. Henri ROCHEFORT (1831-1913). Manuscrit autographe signé, La puissance de l’or, [1898] ; 2 pages in-4 avec ratures et corrections (découpées pour l’impression et recollées au papier gommé). 300 / 400 € Violent article polémique et antisémite sur l’affaire Dreyfus. Il est inutile de s’adresser « à la bonne foi des défenseurs de Dreyfus », car elle est inexistante ; il s’adresse donc au pays pour demander si Dreyfus, sans « la haute finance allemande ou juive », aurait pu trouver un tel nombre de défenseurs. Il ne fait aucun doute que l’innocence de Dreyfus a été achetée : « Le peuple seul, qu’on n’achète pas, échappe à l’omnipotence de ce capital que beaucoup de ceux qui tonnent journellement contre lui sont en train de reconnaître et de saluer dans les postures les plus humbles. Voir des socialistes, des allemanistes et des anarchistes se prosterner ainsi devant leurs sacoches, voilà qui doit donner aux Juifs une crâne idée de leur puissance ! » Cette puissance est « si absolue » que le gouvernement ne tente même pas de lui résister. « L’autorité des coffres forts israélites s’est fait sentir jusque dans le prétoire [...] le pactole qui roule des pépites entraîne tout sur son passage. [...] Et l’audace de la race est telle que le défenseur de Zola sachant tout un peuple d’Hébreux derrière lui se permet à l’égard des témoins des impertinences aussi intolérables qu’intolérées jusqu’ici »... Etc. 218. Leopold von SACHER-MASOCH (1836-1895). L.A.S., Gratz 23 mars 1873, [à l’éditeur Georg Westermann] ; 1 page et quart in-8 ; en allemand. 500 / 700 € Il l’informe du succès d’un roman et accuse réception des exemplaires de Hochzeit im Efspalast (Noces au Palais de Glace), en réclamant ses honoraires. Il serait très heureux que Die Aesthetik des Hasslichen (L’Esthétique du laid) ne se fasse pas trop attendre. Il s’agit là pour lui d’une première tentative dans un genre nouveau et il est très curieux de savoir ce que le public en dira... 219. Leopold von SACHER-MASOCH (1836-1895). L.S., Lindheim 11 mai 1892 ; 1 page et demie in-8 ; en français. 150 / 200 € Il remercie son correspondant, et se rallie à son jugement : « je proposerai à M. Calman Lévy de procéder comme pour L’ennemi des femmes. Il faut plutôt une adaptation qu’une traduction, et c’est seulement un auteur français qui connaissant le goût français, pourra arranger le Bühnenzauber. Je ne le saurais faire quoique je moccupe toujours et de préférence de la littérature française »…

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